L’École biblique, une histoire centenaire

L’École est le plus ancien centre de recherche biblique et archéologique de Terre sainte. Elle fut fondée en 1890 par le Père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), au sein du couvent dominicain de Saint-Étienne à Jérusalem, couvent créé en 1882.

S’inspirant du nom de la récente École pratique des hautes-études (Paris, 1868), le Père Lagrange l’appela École pratique d’études bibliques, afin d’en souligner la spécificité méthodologique.

La Bible y serait étudiée dans le contexte physique et culturel où elle a été écrite (l’union du monument et du document, disait le P. Lagrange: l’archéologie et l’exégèse des textes).

On modifia son nom le 20 octobre 1920, lorsque l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Paris) reconnut l’École biblique comme l’École archéologique française de Jérusalem, en raison de la qualité de ses réalisations dans ce domaine. Elle est la seule école archéologique nationale à Jérusalem qui propose un programme de cours, et décerne un doctorat en sciences bibliques.

La première génération: 1890-1940

Durant les dix premières années de l’École, Lagrange a choisi et formé des collaborateurs, et il réussit à constituer un corps professoral envié par tous.

Marie-Antonin Jaussen (1871-1962) devint un pionnier en ethnographie arabe.

Louis-Hugues Vincent (1872-1960) se révéla comme le meilleur spécialiste de sa génération pour l’archéologie de la Palestine. Antoine-Raphaël Savignac (1874-1951) s’imposa en épigraphie sémitique.

Félix-Marie Abel (1878-1953) se consacra à l’histoire et à la géographie de la Palestine, domaines où il manifesta une telle érudition et un jugement si sûr qu’ils lui valurent une grande réputation dans le monde savant.

Édouard-Paul Dhorme (1881-1966) devint un célèbre assyriologue, et fut le premier à déchiffrer l’ougaritique. Lagrange lui-même a beaucoup écrit, tant sur le Nouveau Testament que sur des sujets annexes.

Pendant les cinquante années de leur intense collaboration interdisciplinaire (1890-1940), les membres de cette petite équipe publièrent 42 ouvrages importants, 682 articles scientifiques, et plus de 6200 recensions. Articles et recensions parurent dans la Revue biblique, fondée en 1892, tandis que les livres s’insérèrent dans la collection des Études bibliques, lancée en 1900.

La deuxième génération : 1940-1990

À partir des années 1930, la première équipe commença à former une nouvelle génération de chercheurs.

Bernard Couroyer (1900-1992) publia énormément dans le domaine de l’égyptologie, tout en enseignant le copte et l’arabe. Roland de Vaux (1903-1971) se rendit célèbre tant par ses compétences bibliques que par ses travaux archéologiques.

Raymond-Jacques Tournay (1912-1999) est bien connu pour avoir produit la meilleure traduction des Psaumes en langue moderne.

Pierre Benoit (1906-1987) et Marie-Émile Boismard (1916-2004) ont apporté une contribution extrêmement importante à la recherche néotestamentaire.

C’est aux chercheurs de la deuxième génération que l’on doit la fameuse Bible de Jérusalem (1956), dont la publication constitue en quelque sorte l’achèvement de l’idéal du P. Lagrange. La qualité des introductions, des traductions et des notes reflète le meilleur de la recherche exégétique contemporaine, et la mise en pages réjouit l’œil tout en facilitant l’intelligence du texte – l’usage de strophes signalant par exemple les passages poétiques. Cette disposition rompait radicalement avec la présentation traditionnelle, et devint le modèle pour toutes les bibles modernes ultérieures. La Bible de Jérusalem fut traduite dans les grandes langues modernes.