SANTIAGO GUIJARRO, UNE VIE DE RECHERCHE DÉDIÉE AUX ÉVANGILES

Originaire de la ville d’Illescas, commune de la province de Tolède, Santiago Guijarro est titulaire d’un doctorat en théologie et d’une licence en philologie biblique trilingue de l’UPSA, ainsi que d’une licence en Écriture sainte de l’Institut biblique pontifical de Rome. Ordonné prêtre en 1981, il est professeur à la faculté de théologie de Salamanque depuis 1996.

Cette fois-ci c’est un travail qu’il présentera au prochain Colloquium Biblicum Lovaniense qui l’amène sur les bancs de l’ÉBAF, plus précisément le processus d’urbanisation en Galilée et son impact sur le mouvement de Jésus: “C’est un sujet passionnant, d’autant plus que les fouilles archéologiques ramènent beaucoup de données intéressantes qui nous permettent de mieux comprendre la situation en Galilée au 1er siècle.”

Mais la spécialité de ce grand professeur est bel et bien les Évangiles.
Depuis qu’il commencé à lire la Bible, Santiago s’est intéressé de manière plus étroite à ces récits précis.  Il se spécialise au fur et à mesure de son parcours dans l’Écriture Sainte et nourrit ainsi un intérêt de plus en plus vif, qui aura toute la place de s’épanouir lorsqu’il rejoindra les rangs de l’Université Pontifical de Salamanque pour prendre en charge le cours sur les Évangiles, pendant plus de 25 ans.

Si on lui demande pourquoi cet intérêt, il répondra:” Ils racontent  l’histoire de Jésus, une histoire qui est très humaine et, en même temps, pleine d’une présence divine. Je pense que c’est le fait de mieux connaître Jésus qui m’a motivé dans ce parcours.”

Quant à son lien avec l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, il date des années 80. Il se souvient avec nostalgie et émotions de ces années  ” j’ai pu profiter de son hospitalité et de sa magnifique bibliothèque à de nombreuses reprises au cours de séjours courts mais très intenses. En 1995, j’ai passé presque toute l’année à Jérusalem et j’ai eu l’occasion de vivre trois mois au couvent avec les Dominicains. J’ai rencontré de grands maîtres : Boismard, Murphy O’Connor, Garuti, Gonçalves, Loza, Sigrist, Langlamet, et les Pères de Tarragon, Humbert, Nodet et Puech que j’ai été très heureux de retrouver durant ce séjour.”

Avant de partir, il nous confie un de ses projets qui lui tient à coeur; un travail méticuleux sur les matériaux préliminaires d’un commentaire sur l’Évangile selon Marc.

Et bien sur, il nous livre ce qui l’a le plus marqué lors de son séjour : “Je garderais plusieurs images: les personnes rencontrées et le privilège d’avoir pu vivre et partager des espoirs et des projets avec elles, les temps de prière dans les lieux saints… et surtout les visites des sites archéologiques. J’ai visité Ramat Rahel et j’espère visiter Khirbet Qana, El-Araj et les nouvelles découvertes de Magdala et Tibériade. Je trouve ces lieux très évocateurs car ils mettent en scène la vie de Jésus.”

 

C de G.



Souvenirs, souvenirs… Mémoires de Jérusalem (partie 1)

Vendredi 6 mars dernier, l’École biblique était à l’honneur à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres : le colloque « Le goût de l’Orient » rassemblait des membres des deux institutions à l’Institut de France pour célébrer le centenaire de la reconnaissance de l’EBAF comme École archéologique française. Parmi les orientalistes précédents, six anciens boursiers de l’AIBL venus témoigner de leur(s) année(s) académique(s) passées à l’EBAF.

Retrouvez dans ce premier article le discours de Claire Balandier, archéologue, maître de conférences en histoire ancienne du monde grec à l’Université d’Avignon, archéologue, membre de l’UMR 8210 AnHiMA (Anthropologie et histoire des mondes antiques), directrice de la Mission archéologique française à Paphos (Chypre) et Guillaume Bady, patrologue, chargé de recherche au CNRS, membre de l’UMR 5189 HiSoMA (Histoire et Sources des Mondes Antiques), directeur de l’Institut des Sources Chrétiennes.

Discours de Mme Claire Balandier

Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur, chers collègues, chers amis,

c’est un véritable honneur pour moi de représenter l’ensemble des boursiers de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem dans le domaine de l’archéologie.

Si la majorité des boursiers sont venus à Jérusalem pour réaliser leur thèse de doctorat, j’étais déjà docteur quand j’ai eu le privilège d’être choisie par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour venir effectuer une recherche post doctorale à l’EBAF en 2002/2003. J’avais déjà eu un avant- goût de l’Orient à Chypre où j’étais assistante de fouilles depuis 1990 sur le chantier de l’École Française d’Athènes sur l’enceinte de la cité-royaume d’Amathonte et où j’avais réalisé ma thèse sur les fortifications et la défense des territoires de l’île de l’époque archaïque aux invasions arabes (VIIIe siècle av. J.-C.-VIIe siècle de n. è.). Dans le prolongement de cette recherche, il était logique de s’intéresser alors au Levant voisin, la Syrie-Palestine d’Hérodote, Transeuphratène des Perses achéménides et Syrie-Phénicie des Ptolémées.

Lorsque je suis arrivée à Jérusalem en octobre 2002, je me souviens encore de la lumière, des sons et des parfums qui m’ont enivrée au premier matin lorsque j’ai passé le portail de l’École pour me rendre porte de Damas, découvrir la vieille ville de Jérusalem. L’impression qui m’a saisie fut indescriptible: bien que j’ai vécu plus de deux ans dans la vieille ville de Nicosie, qui m’avait habituée aux cris et à l’agitation d’un marché oriental, aux appels à la prière des muezzins avec lesquels rivalisaient les cloches des églises de toutes obédiences, aux graffiti politiques sur les murs anciens que dissimulaient jasmins et bougainvillées, au passage de soldats en armes et de groupes de touristes peu concernés par le fait de traverser une ville coupée en deux… tout, à Jérusalem, était plus accentué… et il en était de même pour les émotions ressenties, que ce soit l’enthousiasme dans la découverte de lieux mythiques et historiques comme le découragement moral face aux difficultés quotidiennes que subissaient chaque jour les Palestiniens du quartier et le personnel de l’École, bloqués aux “check-points” (il n’y avait pas encore de mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie): en effet, très vite, la réalité a pris le dessus sur l’émerveillement; nous étions en pleine deuxième Intifada, la tension était palpable. En dehors de la possibilité de soutenir les “femmes en noir”, et aussi quelques hommes, laïcs et religieux de toutes religions, qui manifestaient chaque vendredi midi, place de France, leur désir de paix et leur opposition à la colonisation et à l’occupation des Territoires palestiniens, le sentiment pénible d’impuissance, le risque potentiel d’attentats et l’impossibilité de circuler librement nous a contraints à demeurer plus que nous ne l’aurions souhaité entre les murs, sécurisants, de l’EBAF. Egoïstement, il faut reconnaître qu’il y avait pire comme lieu de confinement et que cela fut loin d’être désagréable…

Comme tous les boursiers, j’ai ainsi suivi une série d’enseignements, tous plus passionnants les uns que les autres. Arrivée avec une formation d’historienne et d’archéologue, j’ai été particulièrement sensible à l’enseignement pluridisciplinaire, inestimable, dispensé à l’EBAF par des enseignants-chercheurs dominicains biblistes, historiens, philologues, archéologues, qui m’ont permis d’affiner la méthode historique que j’avais apprise à l’Université, grâce aux cours d’exégèse biblique de Francolino Gonçalvès sur les livres des Rois ou à ceux d’Étienne Nodet sur les livres des Maccabées, aux cours de rhétorique de Paolo Garuti, mais aussi à m’initier à l’assyriologie grâce à Marcel Sigrist, aux études qumraniques d’Emile Puech, à l’arabe littéraire enseigné par Krzysztof Modras, etc…. Surtout cette étude des textes, qui aurait pu être effectuée n’importe où, prenait une autre dimension en étant complétée par une étude des sources archéologiques, sur le matériel même issu des fouilles conduites par l’École ou dans les musées de Jérusalem au Musée de la Palestine (Rockfeller) ou au Musée d’Israël, enfin par l’approche topographique des lieux historiques. Je garde ainsi un souvenir exceptionnel des cours de topographie urbaine de Jerry Murphy O’Connor dans la vieille ville de Jérusalem et de ceux de Jean-Baptiste Humbert et des discussions passionnantes conduites au “Musée”, le bâtiment, qui, au fond du jardin de l’École, lui sert de laboratoire de recherches. La plupart des boursiers en archéologie ont eu la chance de participer aux recherches archéologiques conduites par l’École, longtemps à Tell Keisan, à la citadelle d’Amman ou Khirbet es-Samra en Jordanie, à Gaza. Lorsque je suis arrivée, à l’automne 2002, Jean-Baptiste Humbert travaillait dans la bande de Gaza, sur le site de Chati, au sauvetage d’une maison hellénistique dont le bas des murs épargnés par les bulldozers étaient décorés d’enduits peints aux couleurs contrastées, jaune, noire, rouge. La fermeture du check point de Gaza a brusquement interrompu ce chantier et a fait avorter le projet de repérage du tracé de l’enceinte classique de la ville antique que Jean-Baptiste Humbert souhaitait que nous réalisions : je garde un souvenir particulier de la matinée que nous avons passée à marcher, le long des dunes qui recouvraient les vestiges, pris en étau entre l’accroissement des camps de réfugiés et l’érosion marine. Je regrette de n’avoir pu être présente lorsque, en 2005, la reprise des travaux a permis de mettre au jour une porte de l’enceinte de la ville romaine et, sous ce niveau, celle d’époque hellénistique.

Les voyages à travers la région sont un autre élément fondamental de la formation offerte par l’École aux boursiers. D’une durée d’un à plusieurs jours, ils ont pour objectif de découvrir les paysages et les sites, évoqués par les textes bibliques et historiques. Se retrouver ainsi sur les pas des voyageurs qui nous ont fait rêver à l’Orient, tels que Chateaubriand, Renan, Lamartine et autres Pierre Loti, mais surtout dans les pas des pères Jaussen et Savignac, Abel, mais aussi de Marcel Baudry (que nous n’eûmes pas l’honneur de connaître, en raison de sa disparition prématurée et douloureuse, mais dont les pères et les anciens élèves ne cessaient d’évoquer le souvenir), il s’agit là d’expériences uniques : malgré la situation politique difficile, il avait ainsi été possible de se rendre sur les sites d’Arad, de Beersheba, et voir les villes byzantines du désert du Négueb et le cratère de Ramon, au bord de la mer morte, à Qumran, Aïn Feshkha et Massada, sur la côte, à Dor, Césarée, Saint-Jean-d’Acre, dans la vallée du Jourdain à Scythopolis et en Idumée à Lakish (Tell ed-Duweir). Je garde une émotion particulière de la randonnée dans le Wadi Qelt, du monastère Saint-Georges à Jéricho et dans le désert de Judée : marcher et dormir à la belle étoile, comme nos illustres prédécesseurs, au cœur d’une nature extraordinaire, face aux éléments, nous laissaient imaginer les expéditions qu’ils avaient conduites dans ces endroits longtemps reculés, qui nous permettaient d’oublier à la fois la civilisation contemporaine qui transforme, inexorablement, la vie traditionnelle des bédouins, mais aussi d’oublier les tensions politiques et militaires.

En revanche, il ne nous fut pas possible de nous rendre en Cisjordanie, en raison du bouclage des Territoires sous autorité palestinienne par l’armée israélienne. Ceci semblait compromettre la recherche que je devais conduire sur les fortifications de cette région, car les études de terrain étaient devenues impossibles. C’est donc surtout en bibliothèque que j’ai passé ma première année de recherches, soulagée de trouver là toutes les revues archéologiques et grandes collections que je ne pouvais consulter en France, notamment tous les rapports de fouilles jordaniens, palestiniens, israéliens, etc. La deuxième année, j’ai pu plus aisément travailler sur le terrain pour ma recherche conduite plus à l’Est, de l’autre côté du Jourdain, qui, pour les époques qui m’intéressaient, n’était pas une frontière mais une artère de circulation et de communication.

J’ai ainsi eu la chance que le conseil scientifique de l’École comme l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres veuillent bien accepter mon projet de réaliser un mémoire de deuxième année sur les fortifications de Transjordanie, ce qui me valut donc de passer une deuxième année à l’EBAF en 2003/2004. Celle-ci conforta aussi mon désir d’enseigner, de transmettre le goût de l’Orient et de la recherche. En effet, comme j’avais guidé des voyages en Grèce les années précédentes, le directeur de l’École d’alors, Jean-Michel Poffet, m’a proposé de prendre en charge les voyages de l’École et a accepté bien volontiers que je fasse précéder ceux-ci de cours de présentation historique et archéologique des sites que nous allions visiter, afin que ceux qui les découvraient pour la première fois puissent en tirer le meilleur bénéfice. J’ai beaucoup apprécié ces riches moments de rencontres, d’échanges culturels et humains.

Il nous est demandé si le passage par l’EBAF a eu un rôle dans notre carrière professionnelle. C’est indéniable. Mon entrée dans la carrière universitaire en a été facilitée (il m’a été clairement exprimée que plusieurs membres de la commission de recrutement de l’Université d’Avignon, où j’ai été recrutée comme Maître de Conférences en Histoire ancienne du monde grec, avaient été sensibles au fait que j’étais diplômée de l’EBAF, grâce aux deux mémoires que j’avais pu y réaliser et qui avaient été présentés au conseil scientifique de l’École comme à l’Académie). De même, la réalisation de mon Habilitation à diriger des Recherches a été facilitée par l’approfondissement de ces mémoires; un passage d’un mois à l’École, en janvier 2011, m’a permis de me rendre sur les sites de Cisjordanie dont l’accès était désormais possible, en dépit du mur érigé depuis que j’avais quitté l’École en juillet 2004.

Je suis très reconnaissante à Francolino Goncalvès, alors responsable des publications, d’avoir accueilli cette étude dans la nouvelle série de la collection des Etudes Bibliques. Ce dernier, dont la disparition récente nous a beaucoup peinés, avait répondu positivement à mon invitation à venir parler de ses travaux d’exégèse au séminaire de recherche de l’Université d’Avignon. Je me souviens encore de son enthousiasme à expliquer sa méthode à propos de la conquête néobabylonienne de Judah et des yeux brillants de l’auditoire. A priori, la mission archéologique française que j’ai pu fonder à Paphos, en 2008, grâce au soutien du Département des Antiquités de Chypre et de la Commission consultative pour la recherche archéologique à l’étranger du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères n’avait pas de rapport avec l’EBAF. Et pourtant, d’anciens boursiers y ont participé comme fouilleurs ou sont aujourd’hui nos partenaires, polonais, dans le cadre d’un projet quadriennal financé par un programme européen (Horizon 2020) et des professeurs de l’École sont venus nous y visiter et participer aux deux premiers colloques internationaux consacrés à ce site en Avignon en 2012, puis à Paphos même en 2017. Nous nous sommes aussi retrouvés, lors de récentes rencontres scientifiques organisées par le Cyprus Research Institute à Nicosie, rassemblant les représentants des Écoles et Instituts archéologiques français œuvrant en Méditerranée orientale. En effet, être boursier à l’École ce fut aussi cela, nouer des liens intellectuels et amicaux inégalables, avoir la chance de côtoyer des chercheurs de tous horizons et notamment les plus âgés des dominicains, tels que le père Emile Boismard ou François Langlamet, mémoire de l’École, qui avaient plaisir à partager avec nous, à table, leur passion pour leurs recherches, leurs doutes aussi parfois, les souvenirs de “leur” Palestine et de “leur” Orient, leurs enthousiasmes et aussi leurs désillusions, leurs espoirs.

Pour conclure, en bref, je dirai qu’être un(e) ancien(ne) boursier(ère) de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem c’est appartenir, en définitive, à une véritable confrérie scientifique et humaine.

Claire Balandier

Discours de M. Guillaume Bady

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

Monsieur le Président,

Monsieur le Directeur,

Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur pour moi d’être appelé à représenter en quelque sorte, parmi les boursiers de l’École biblique, la patristique, à savoir l’étude des Pères de l’Église ou des auteurs chrétiens des premiers siècles, en ce lieu où j’ai gardé un vif souvenir de la manière dont M. Jean Leclant m’a reçu à l’époque. Je tiens également à évoquer également ici M. Antoine Guillaumont, qui avait écrit un rapport, très important pour moi, sur le mémoire que j’avais rédigé.

J’ai été boursier de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1997-1998 et élève de l’École biblique, à l’époque où le P. Claude Geffré en était le directeur. Étudiant en lettres classiques, je travaillais sur certains Pères grecs. N’étant point du tout archéologue, recoller des tessons n’était donc a priori pas mon fort, mais le décalque, à l’encre, de mosaïques pour Jean-Baptiste Humbert m’a notamment permis de constater qu’un mosaïste antique pouvait réaliser un chef d’œuvre sans rien comprendre des lettres grecques qu’il recopiait – ou plutôt qu’il imitait comme si c’étaient des animaux exotiques. Mais c’est là le moindre des acquis de cette année. « Qu’aura de plus celui qui s’est rendu » à Jérusalem ? demandait en effet Grégoire de Nysse déjà au IVe siècle[1]. Le Cappadocien, même s’il était choqué par les mœurs de Jérusalem et désabusé après ses déboires sur place, n’en pose pas moins une bonne question.

Pour moi cette année a été très positive, et même décisive, je m’y suis fait beaucoup d’amis – et pourtant j’y ne suis jamais retourné. D’une part, les moments passés en compagnie de personnes en uniforme à l’aéroport ou ailleurs, tout comme les attentats répétés contre les civils, m’ont donné envie de ne plus jamais revivre ça ; d’autre part, j’ai découvert en rentrant en France à quel point la paix, le fait de respirer dans un pays qui n’est pas continuellement en guerre, pouvait être une sensation physique absolument inestimable. La première chose que cette année à l’École biblique m’a apprise, c’est donc le sens, contrasté et concret, de la paix, ainsi que l’exemple d’une Jérusalem cristallisant bien des conflits, mais abritant aussi la plus grande diversité, la plus étonnante cohabitation religieuse que j’aie jamais vue.

Avec la géopolitique, qui n’était pas au programme en tant que telle, c’est évidemment la géographie dite biblique que, de manière à la fois critique et vivante, l’École biblique m’a fait découvrir, avec Marcel Beaudry pour guide. Impossible de lire la Bible comme avant, sans que des images, des odeurs, mille impressions ne surgissent au détour des pages.

La Bible étant au cœur des textes patristiques, Monique Alexandre, à la Sorbonne, m’a vivement conseillé, comme elle le faisait régulièrement à ses étudiants, d’aller à l’École biblique. Et cela m’a tellement plu qu’à la fin de l’année, encouragé par Émile Puech, j’ai même pensé m’orienter plutôt du côté des recherches sur Qumran – avant que les Pères me rattrapent et que je sois recruté comme chercheur au CNRS, affecté à l’UMR HiSoMA, Histoire et Sources des Mondes Antiques, plus précisément aux Sources Chrétiennes, à Lyon, où je travaille toujours. Je n’en ai pas moins gardé une sorte de tropisme. Récemment un collègue me faisait remarquer – je ne m’en étais pas paerçu moi-même – que toutes mes recherches tournaient autour de la Bible. Le Commentaire sur les Proverbes attribué à Jean Chrysostome, le texte lucianique de la Septante, l’enseignement, depuis plus de 15 ans, à l’Institut Catholique de Paris sur la Bible grecque – malheureusement le seul cours d’intiation qui existe nommément là-dessus en France –, l’introduction et la traduction annotée du 3e Esdras dans la nouvelle Traduction Œcuménique de la Bible, quelques recherches sur les divisions anciennes du texte de l’Ancien Testament… Et je ne peux pas ne pas citer le projet Biblindex, dirigé par ma collègue Laurence Mellerin : cet index en ligne des références bibliques chez les auteurs chrétiens des premiers siècles, hérité des données du Centre d’Analyse et de Documentation Patristique de Strasbourg. La base de données comporte – le fait est significatif venant de patrologues – une concordance fine de 12 bibles. Biblindex motive aussi la tenue mensuelle d’un séminaire depuis bientôt 10 ans, dont les communications sont publiées dans les Cahiers de Biblindex au sein des Cahiers de Biblia Patristica ; Olivier-Thomas Venard est venu y parler et, depuis l’an dernier, il se réunit régulièrement dans le but, précisément, de fournir l’annotation patristique de l’Ecclésiaste pour le rouleau de la Bible En Ses Traditions.

Pour moi, il y a là un juste retour des choses, mais aussi la conviction que cette façon d’étudier la Bible, non pas en la lisant simplement telle qu’elle apparaît aujourd’hui, ni en cherchant un original hypothétique, mais en s’intéressant à son sens dans l’histoire, dès l’antiquité, est plus que jamais légitime. Le succès des Lectures de la Bible du ier au xve siècle, ouvrage collectif paru en 2017 sous la direction de Laurence Mellerin, le manifeste bien. Et cet ancrage dans l’histoire – sans parler des témoignages inestimables pour l’histoire du texte – n’est pas le seul intérêt des écrits patristiques et médiévaux pour la Bible. À mon avis, les traditions patristiques permettent aussi d’opérer un rééquilibrage et une réorientation : un rééquilibrage du côté du judaïsme et de l’Ancien Testament, qui par rapport à notre époque était beaucoup plus cité par les Pères que le Nouveau (encore aujourd’hui, si d’ambitieux projets visent à un recensement exhaustif des leçons patristiques du texte néotestamentaire, seule une poignée de courageux s’attelle à l’édition de la Septante), et une réorientation plus décomplexée vers un sens actualisé des Écritures, c’est-à-dire non plus seulement à partir d’un Urtext plus ou moins fantasmatique, mais parce que l’actualisation a toujours fait partie du texte lui-même.

Ce centenaire de l’École biblique n’est-il pas une occasion rêvée de rendre plus que jamais actuelle l’étude de la Bible qui est l’origine et la visée même de sa création ? Car je le dis aujourd’hui avec une immense reconnaissance : l’École biblique a contribué à me rendre la Bible actuelle, et même, en quelque sorte, sans fin.

Guillaume Bady

[1] Lettre 2, 8, trad. P. Maraval, SC 363, p. 115.



RETOUR A LA SOURCE : L’ÉCOLE BIBLIQUE

Du 9 au 19 septembre 2019, l’École accueillait en son sein la toute première Résidence Qumrân [Lire l’article “Nouvelles de la Résidence Qumrân à l’École biblique”]. Jean-Sébastien Rey, professeur d’Ancien et Nouveau Testament à l’Université de Lorraine, Metz (France), était invité à y prendre part. L’occasion pour le chercheur et ancien étudiant de l’École biblique de se remémorer son parcours universitaire, à la lumière de la riche année qu’il y a passée il y a 16 ans, en 2003-2004.

« La première fois que je suis venu à l’École biblique, c’était dans le cadre d’une demi-bourse de l’École. Je me rappelle très bien : c’était fin mai, je terminais ma maîtrise de théologie et j’avais appris la nouvelle de cette bourse, soudaine et inattendue en raison d’un désistement de dernière minute. Je n’avais pas vraiment les moyens financiers pour compléter la bourse, mais en faisant mes calculs, en supprimant quelques voyages, et avec un cours du dollar très bas cette année-là, ça pouvait marcher… J’avais trois jours pour répondre et préparer le dossier de candidature. C’était une occasion unique pour mon avenir professionnel.

Ce temps à l’École a radicalement changé ma vie. Avec le recul, je réalise que pendant cette année, j’étais passé, sans m’en rendre compte, du statut d’étudiant un peu craintif au statut de chercheur débutant. J’ai fait mon DEA à l’École biblique (Master 2). J’ai travaillé comme un fou, jour et nuit, dans la bibliothèque. Si l’on vient ici, c’est pour bosser, il ne faut pas louper le coche. Je me souviens qu’avec mon ami Jan Dusek (maintenant à l’Université Charles, à Prague), on restait souvent travailler jusqu’à trois, quatre, cinq heures du matin. On faisait des pauses régulières pour aller fumer une cigarette à l’arrière de la bibliothèque.

Mon objectif était de pouvoir décrocher à la fin de l’année un contrat doctoral qui me permettrait de faire une thèse. Lors des auditions des candidats pour le contrat doctoral, je venais de passer une année complètement immergé dans les manuscrits de la mer Morte. Je connaissais donc mon sujet mieux que personne parmi les membres du jury et ça a clairement fait la différence. Passer une année en compagnie des meilleurs spécialistes du domaine (Émile Puech, Jean-Baptiste Humbert, Étienne Nodet), était clairement une chance et une richesse inouïe. Les divergences d’opinions parmi les chercheurs apportent une ouverture d’esprit et montrent que la recherche se fait au travers de la discussion et des contradictions.

J’ai obtenu le contrat doctoral, je me suis inscrit en thèse en cotutelle entre Strasbourg, avec Eberhard Bons, et Leuven, avec Florentino Garcia Martinez. En même temps, Émile Puech m’a toujours accompagné, soutenu, encouragé, tout au long du parcours. Il a relu et corrigé la thèse avec tant d’attention. Finalement, une fois la thèse soutenue, j’ai candidaté et obtenu un poste de Maître de Conférences, puis de Professeur, au département de théologie de l’Université de Lorraine. Il est pour moi tout à fait clair que je n’aurais jamais eu le même parcours académique sans l’expérience de cette année passée à l’École.

Revenir à l’École biblique est toujours pour moi un moment très émouvant. J’y ai étudié d’arrache-pied, j’y ai des souvenirs indélébiles. J’y ai des amis. Certains sont malheureusement partis : Marie-Émile Boismard, François Langlamet, Jerome Murphy O’Connor, et Francolino Goncalvez dont je n’oublierai jamais le rire. J’aime revenir travailler dans la bibliothèque. Rien n’y a changé. C’est comme un lieu intemporel : le bruit de la porte d’entrée, l’odeur des livres, les tables. J’aime y travailler la nuit. J’aime éteindre toutes les lumières le soir et sortir quand il n’y a plus personne, dans le noir, dans le silence au milieu de tous ces livres. Quand je reviens à l’École, j’ai l’impression de revenir dans une maison d’enfance, cette vieille maison de famille où rien n’a changé. L’École, c’est un peu ma madeleine de Proust. »



Exploration du futur des Études bibliques 1-3 avril 2019, Notre Dame Conference Center, University of Notre Dame

Le colloque célèbre la publication, en 2019, du livre d’Olivier-Thomas Venard : A Poetic Christ: Thomist Reflections on Scripture, Language and Reality, adapté de sa trilogie publiée en français entre 2003 et 2009  (Littérature et théologie : une saison en enfer ; La langue de l’ineffable : essai sur le fondement théologique de la métaphysique ; Pagina sacra : de l’Écriture sainte à l’écriture théologique, traduit par les profs.  Francesca Murphy et Kenneth Oakes, de Notre Dame University. La publication du livre conduit à réfléchir sur le futur des études bibliques. L’oeuvre de Venard est prise comme exemple de ce que peut signifier étudier la Bible en tant que Parole de Dieu, et comme une invitation à redécouvrir le fait que l’étude des Écritures en tant que Parole consists à faire oeuvre de sagesse.

Repensée comme discipline sapientielle, l’exégèse biblique demeure intimement connectée à l’histoire et à la philologie, mais ne saurait se réduire à ces disciplines. elle doit établir de nouvelles relations : avec la littérature, la théorie littéraire et la linguistique, et surtout avec la philosophie et la théologie.

Quelles sont les pré-conditions ou présuppositions qui permettent de réaliser un tel projet ? La constitution dogmatique de Vatican II Dei Verbum présente l’Écriture en affirmant que Dieu est son auteur, pas moins que les auteurs humains qui l’ont élaborée livre par livre. Les “méthodes” historiques ou littéraires ne sauraient suffire si l’étude biblique veut prendre en compte l’affirmation d’un auteur divin. Ne pas le prendre en compte, ou bien en laisser le soin à une acrobatie herméneutique extrinsèque,  reviendrait à cesser de les étudier en tant que Parole.

Quel est donc le potentiel encore inexploité de Dei Verbum pour l’étude des Écritures ? Comment re-connecter Écritures, Parole et Sagesse ? Si les études bibliques peinent à se renouveler dans leur forme actuelle, une synthèse fine de l’histoire, de philosophie contemporaine du langage, de théologie de la culture, et des ressources exégétiques traditionnelles pourraient-elles mener les études bibliques vers des lendemains meilleurs ?



Interview – Père Maurice Gilbert, professeur de théologie biblique du mariage

Jésuite belge, le père Maurice Gilbert, s.j. fit ses études à Louvain : après son Troisième-An de spiritualité, il découvre Jérusalem au cours de l’été 1967. Son doctorat achevé, il devient pour quatre ans professeur à l’Université de Louvain, avant d’être nommé à l’Institut Biblique de Rome, poste qu’il occupera jusqu’en 2011. Après six ans de rectorat au Biblique, il passe à Jérusalem en 1984 et commence à enseigner à l’École biblique. Interview :

Professeur à l’École biblique depuis 34 ans, quel chemin vous a mené ici ?

Mes premiers contacts avec l’École biblique datent d’août 1967. Ce réfectoire où nous sommes était la bibliothèque. Il y avait ici la table où travaillait le père Langlamet, qui fumait comme un Turc. Les fichiers étaient là, à l’entrée du réfectoire. Je me rappelle avoir vu le père de Vaux qui arrosait le jardin. Le père Benoit nous a fait visiter l’esplanade des mosquées. Après la guerre des Six-Jours, on entrait partout : dans le dôme du roc, dans ce qu’on appelait à l’époque « les stalles de Salomon », l’actuelle mosquée pour les femmes ; la Porte Dorée était ouverte. La paix était impressionnante.

Puis en 1982, durant mon rectorat au Biblique, de passage à Jérusalem, les Pères de l’École m’ont invités à déjeuner ; à table, se trouvaient les maîtres de l’époque, Benoit, Tournay, Boismard, Murphy O’Connor. Ils étaient très préoccupés, car ils n’avaient plus que sept étudiants. À Rome, nous en avions 350. Je ne sais pas ce qui m’a pris mais je leur ai dit “C’est de votre faute. Vous n’offrez à vos étudiants aucun diplôme reconnu internationalement”. Une proposition fut lancée : obtenir du Saint-Siège que l’École puisse donner le doctorat en sciences bibliques, titre réservé à l’Institut biblique et à la Commission biblique pontificale. L’année suivante, c’était chose faite.

En 84, après mon rectorat à Rome, je suis venu à Jérusalem pour six mois et j’y suis resté huit ans ! L’École m’a de suite invité à donner cours : cela fait 34 ans ! Je n’ai jamais arrêté, sauf entre 93 et 99, mais j’y étais encore membre du Conseil scientifique.

Quelle est votre spécialité d’étude et d’enseignement ?

Quand je suis arrivé à Rome, on m’a demandé de prendre en charge les livres de Sagesse de l’Ancien Testament, c’est-à-dire Job, Proverbes, etc. J’avais déjà publié sur ces textes ; cela m’intéressait, d’autant plus que ces livres de Sagesse étaient peu étudiés jusqu’à la découverte en 1964 à Masada d’un manuscrit de Ben Sira du Ier siècle avant notre ère.

J’ai toujours donné des cours sur les livres de Sagesse. Je changeais chaque année, car on ne reprend jamais un même cours ni à l’École ni à l’Institut. On choisit toujours selon ce que l’on est en train de travailler. Je me souviens d’avoir donné ici un cours d’introduction scientifique au Siracide. Émile Puech y était !

Et pourquoi ce cours de théologie du mariage cette année ?

C’est la première fois que je donne ce cours. À Luxembourg depuis 2011, j’ai préparé des fiancés au mariage. Me rendant compte que ce pouvait être utile, j’ai proposé ce sujet à l’École, et c’est utile manifestement.

Et le corpus sur lequel vous vous fondez, est-ce aussi celui des Livres de la Sagesse ?

Non, c’est l’ensemble de la Bible, parce qu’il est très important de ne pas se cantonner à un seul domaine. Il arrive que des spécialistes du Nouveau Testament ne connaissent pas assez l’Ancien, tandis que les exégètes chrétiens de l’Ancien connaissent aussi le Nouveau.

Quels textes avez-vous choisi pour votre cours ?

Je pars du texte de Matthieu où Jésus se positionne contre le divorce : “ce que Dieu à unit l’homme ne le sépare pas”, et Jésus renvoie à Genèse 1 et 2. Allons donc voir ! Puis le chapitre 3, avec le serpent et la chute : ce chapitre marque des tensions à l’intérieur du couple. Nous avons vu ensuite ce qu’en dit le prophète Osée : il montre que le couple en difficulté reproduit celle qu’Israël vit dans sa relation d’alliance avec le Seigneur. Le Cantique, lui aussi, voit dans l’amour d’un garçon et d’une fille le symbole de l’amour du Seigneur pour son peuple. De même saint Paul dans son épître aux Éphésiens.

Je montre aussi qu’il y a différentes façons de considérer la vie en couple ; la grande bénédiction du mariage, comme, par exemple, dans le Psaume 128, compte trois dimensions : vie heureuse, nombreuse descendance et longue vie. Mais le livre de la Sagesse et l’expérience humaine montrent que la béatitude est promise aux “persécutés pour la justice”, que le Seigneur peut bénir un couple sans enfant ou qu’il accueille le juste dont la vie fut courte : dans l’Église, le nombre de jeunes saints ne cesse de croître. La chasteté est aussi abordée dans ces textes, ainsi qu’en Matthieu 19, ce sur quoi je reviens aussi à la lumière du chapitre 7 de la première épître de saint Paul aux Corinthiens. Voici brossée en grands traits la trame du cours.

Pouvez-vous enfin nous dire quelques mots de votre collaboration au projet de béatification du père Lagrange ?

En 1989, l’évêque de Toulon m’a demandé un dossier théologique sur les écrits du père Lagrange en vue d’une éventuelle béatification : je pense être le seul avec lui à avoir lu tout ce qu’il a écrit, 16000 pages ! J’ai même retrouvé environ 70 articles perdus ici dans la bibliothèque ; personne ne savait que c’était Lagrange qui les avait écrits. Le dossier, remis à Toulon en 91, arriva à Rome vers 98, voici 20 ans. Quand donc l’Église reconnaîtra-t-elle la sainteté du fondateur de l’École ? Espérons !

Propos recueillis par Aziliz Le Roux



L’École biblique et archéologique aujourd’hui

L’École est située près de la vieille ville de Jérusalem, à la Porte de Damas, sur les lieux d’une basilique byzantine du Ve siècle, édifiée là où la tradition chrétienne vénère le martyre de saint Étienne, le premier martyr. D’où le nom de Couvent Saint-Étienne donné à la communauté des religieux dominicains qui anime l’École biblique. Depuis sa création, l’École mène de front, et de manière complémentaire, l’exégèse des textes bibliques et des recherches archéologiques en Israël et dans les territoires et pays adjacents. Elle a acquis une grande notoriété scientifique dans les disciplines de l’épigraphie, de la linguistique sémitique, de l’assyriologie, de l’égyptologie, mais aussi en histoire ancienne, en géographie et ethnographie.

L’École biblique de Jérusalem accueille des étudiants titulaires de la licence en études bibliques et désireux de préparer un doctorat en sciences bibliques. Elle reçoit aussi des étudiants de niveau master, désireux de se spécialiser en archéologie, en histoire et géographie du Proche-Orient. Outre l’enseignement, les étudiants ont la possibilité de visiter chaque semaine avec l’aide d’un professeur les principaux sites bibliques de Palestine et d’Israël. L’École biblique a signé des conventions avec diverses universités étrangères et collabore à Jérusalem avec le Studium biblicum franciscanum.

Elle publie la Revue Biblique et divers travaux spécialisés dans ses domaines d’excellence, ainsi que des ouvrages adressés à un public plus large, dont une traduction française de la Bible, connue sous le nom de Bible de Jérusalem (1956, 1973, 1998), qui allie qualité littéraire des traductions et rigueur critique.

Parmi ses membres les plus illustres décédés, outre le Père Lagrange, on peut citer les pères Abel et Vincent, véritables découvreurs des sites archéologiques de la Terre sainte, le père Roland de Vaux, qui dirigea les fouilles de Qumrân où furent découverts les manuscrits de la Mer morte en 1947, le père Pierre Benoit, dont les travaux d’exégèse restent une référence, le père Raymond Tournay, auteur d’une nouvelle édition et traduction des psaumes, le père Jerry Murphy O’Connor, auteur d’un célèbre Guide archéologique de la Terre sainte, Marie-Emile Boismard, auteur de travaux très novateurs sur le Nouveau testament. Parmi les professeurs émérites toujours présents, on citera Jean-Baptiste Humbert, archéologue en charge de plusieurs fouilles en Palestine et Jordanie, Étienne Nodet, éditeur des œuvres de Flavius Josèphe, Émile Puech, éditeur des Manuscrits de la Mer morte, Marcel Sigrist, assyriologue, etc.

Une nouvelle génération d’enseignants-chercheurs est en train de prendre la relève. Parmi ses activités, on signalera le programme de recherche très innovant, appelé La Bible en ses Traditions, dont le but est d’utiliser les ressources exceptionnelles de l’informatique pour mettre en ligne une version comparative du texte biblique avec ses différentes versions (massorétique, Septante, Vulgate, etc). et de développer une annotation qui mette en évidence la richesse de la réception du texte sacré dans la théologie et la liturgie chrétienne, mais aussi la patristique, l’histoire de l’art, etc. Pour découvrir cette Bible en ligne, cliquez ici.