PORTRAIT D’ENSEIGNANT : ÉMILE PUECH

Né le 9 mai 1941 aux Cazelles de Sébrazac (Aveyron), l’abbé Émile PUECH incarne l’union entre la foi et la  quête de savoir. Prêtre catholique et épigraphiste français de renom, il consacre sa vie à la recherche et à l’enseignement et laisse son empreinte indélébile dans le domaine des études bibliques et  archéologiques.

Après une formation au séminaire à Rodez, P. Émile intègre l’Institut Catholique de Paris où il  étudie sous la direction de professeurs de renom tels que André FEUILLET, Henri CAZELLES, Jean DANIÉLOU et Pierre GRELOT. Durant ces deux années, il obtient une maîtrise de théologie et une  maîtrise des langues orientales anciennes à l’École des Langues Orientales Anciennes en grec biblique, hébreu biblique, spécialisation poursuivie les deux années suivantes en araméen  biblique, syriaque, ugaritique, phénicien, akkadien et ge‛ez.

Ordonné prêtre en juin 1969, il poursuit ses études à l’École Pratique des Hautes Études, sections IV et V (André DUPONT-SOMMER, André CAQUOT, Pierre HADOT) et à l’École du Louvre, les cours  de Pierre AMIET en sigillographie mésopotamienne, se spécialisant en épigraphie sémitique. En 1971, il  rejoint l’École biblique et archéologique française de Jérusalem en tant que boursier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, à un moment où l’institution entreprend des fouilles importantes à  Tel Keysân auxquelles il participe.

Lors de son arrivée à Jérusalem, le contexte politique avait perturbé les plans initiaux de l’équipe  internationale et interconfessionnelle de l’édition des manuscrits de la mer Morte mise au point par le frère Roland DE VAUX, o.p. décédé un moins après son arrivée. L’abbé Jean STARCKY, chargé de la publication  d’un lot de manuscrits hébreux et araméens des manuscrits de la mer Morte, trop engagé des côtés  jordanien, syrien et libanais, ne pouvait continuer son travail. Suite à des cours sur les manuscrits par Jean CARMIGNAC à l’ICP, le père Émile est sollicité pour prendre en charge le lot Starcky. C’est ainsi que, conformément à l’adage c’est en forgeant que l’on devient forgeron, que lui rappela Jean STARCKY, il se plonge dans l’étude et la publication des manuscrits de Qumrân, devenant rapidement un expert reconnu dans ce domaine.

En 1974, il commence à enseigner à l’ÉBAF, prenant la suite du frère Jerome MURPHY-O’CONNOR, o.p.,  sur les manuscrits de la Mer morte. Répondant à une demande du nouveau recteur de l’Institut biblique de Rome, l’abbé Maurice GILBERT, il assure dès 1975 le cours de l’araméen biblique. Cette tâche, il l’accepte avec enthousiasme, partageant encore aujourd’hui son savoir et sa passion pour les langues  sémitiques avec les étudiants de l’École.

En 1975, l’abbé Jean CARMIGNAC voulait arrêter la Revue de Qumrân qu’il avait fondée pour se consacrer à  d’autres études, et il demanda à son ancien élève s’il acceptait de prendre la succession. Conseillé et encouragé par ses anciens maîtres, il accepta la relève d’abord comme directeur adjoint, ne résidant  pas en France. Mais il en prendra la direction en 1986 jusqu’en 2013.

Élu éditeur en chef des manuscrits de la grotte 4 de Qumrân par ses pairs en 1990, le P. Émile jouit d’une autorité incontestée dans le domaine de la recherche sur les manuscrits de la Mer morte. Membre du comité scientifique de plusieurs revues, dont la Revue Biblique, il contribue à  l’avancement des connaissances dans le champ des études sémitiques anciennes.

Docteur en Théologie à l’Institut Catholique de Paris, docteur en Histoire des Religions, Paris  Sorbonne 4, habilité à diriger les recherches, Université M. Bloch Strasbourg, P. Émile a reçu  de nombreuses distinctions, dont le titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 2001, le prix Charles Clermont-Ganneau d’épigraphie sémitique en 2008. En 2006 et 2021, il est honoré par des volumes de mélanges, témoignant de l’impact de ses travaux sur la communauté scientifique. En 2007, il est  fait membre correspondant de l’Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, Philologisch Historischen Klasse.

Aujourd’hui, il travaille notamment à l’édition des papyri nabatéens initialement confiés à Jean STARCKY en 1952, comme des ostracas de Petra, ainsi que sur des manuscrits araméens et hébreux de Qumrân.  Mais également il a un projet de recherche ambitieux : l’origine de l’alphabet ! Cette innovation fondamentale qui a permis la rédaction de la Bible et qui nous permet de recevoir la Parole de Dieu,  parole chargée d’histoire.

Sa vie et son œuvre illustrent la mission de l’ÉBAF initiée par son fondateur le frère Marie-Joseph LAGRANGE, o.p. : approfondir la connaissance des textes anciens et éclairer l’histoire biblique par la rigueur scientifique et la passion pour l’archéologie.

 

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