Le fr. Olivier-Thomas Venard nommé consulteur à la Congrégation pour le Culte divin

Vice-directeur de l’École biblique et directeur du programme La Bible en Ses Traditions, le fr. Olivier-Thomas Venard cumule les responsabilités : le Pape François l’a nommé ce dimanche 15 janvier consulteur pour la Congrégation pour le Culte divin, dirigée par le Cardinal Sarah. Trois questions à un amoureux de la sainte Liturgie.

Vous venez d’être nommé consulteur à la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, quel lien vous unit avec la liturgie ?

D’abord, comme chrétien, c’est à la grande liturgie latine traditionnelle, découverte chez les Bénédictins quand j’avais 23 ans que je dois une première « conversion ». Ensuite, en tant que frère dominicain et prêtre, je suis avant tout un praticien de la liturgie. Dans la Province de Toulouse, dont je suis fils, nous aimons déployer généreusement le rituel, et je me rappelle avec émotion les longues conversations avec notre fr. André Gouzes à l’abbaye de Sylvanès. Aujourd’hui, je suis chantre au couvent Saint-Étienne de Jérusalem, où nous essayons de déployer particulièrement la sainte Liturgie pour les pèlerins du monde entier qui remplissent la basilique à Noël et à Pâques.

Avez-vous nourri une réflexion particulière sur ce thème jusqu’ici ?

Oui, ma recherche personnelle, que ce soit en littérature, en théologie ou en exégèse biblique, est polarisée par l’acte liturgique. En particulier Pagina sacra, le troisième volume de ma trilogie de poétique théologique, est centré sur trois expériences liturgiques : le Livre, la Croix et l’Eucharistie. J’ai également signé avec Sr Marie de Langeac o.p. (Geneviève Trainar), Adoro, c’est mon livre le plus court et celui que je préfère : un « petit traité de la présence de Dieu à trois voix dominicaines » directement inspiré par le célèbre poème de notre frère Thomas d’Aquin. J’ai aussi composé, avec une collaboratrice et une inspiratrice qui m’a beaucoup appris, Sr Marie-Madeleine Saint Aubin o.s.b. (du monastère Sainte-Marie-des-Deux-Montagnes, au Québec), une annotation liturgique complète sur la Passion, dans le cadre de notre programme de recherches La Bible en Ses Traditions.

Plus que les questions historiques ou canoniques, ce sont la poétique et l’esthétique de la liturgie qui me passionnent : dans une liturgie digne de ce nom, elles doivent continuer celles du Christ dans l’Évangile, puisque c’est Lui qui agit dans la liturgie. C’est ce lien entre christophanie et liturgie que nous devons vraiment approfondir : pour cela il faut sans doute renouveler aussi notre regard sur les Écritures. Cela explique ce que disait le fondateur de l’École biblique, le vénérable fr. Marie-Joseph Lagrange : « J’aime entendre l’Évangile chanté par le diacre à l’ambon, au milieu des nuages de l’encens : les paroles pénètrent alors mon âme plus profondément que lorsque je les retrouve dans une discussion de revue ». Lorsque l’on déroule le rouleau de la Tora à la synagogue, ou qu’on ouvre l’Évangéliaire à l’église, on ne s’apprête pas à lire pour « s’informer » ni pour « comprendre » : on va continuer à « vivre » l’histoire sainte. Quand on déploie le Livre, en liturgie, la Parole divine s’adresse à nous ici et maintenant : il doit se passer quelque chose  ! Si cela peut être utile, je serai heureux de proposer ce genre d’apports, inspirés de la poétique et du judaïsme, aux prochaines recherches de la Congrégation.

En tant que religieux et bibliste, en tant que vice-directeur de l’École biblique, comment avez-vous reçu cette nomination ?

Parmi les premières personnes à me faire signe au moment de cette nomination il y a eu les Petites Sœurs de Jésus, qui sont des monstres de charité : comme religieux, quelle grâce de se sentir ainsi associé au cœur de la vie de l’Église… C’est aussi un honneur d’être invité à apporter son aide, aussi modeste qu’elle soit, à l’exercice du ministère de Pierre, et une invitation à prier pour notre Pape ! C’est une joie enfin d’avoir à collaborer avec le cardinal Sarah, pour qui j’ai la plus grande admiration.

La Bible n’est jamais mieux elle-même que dans la liturgie, qui est le cadre herméneutique propre de l’Écriture : donc, comme membre de l’École biblique, je ne pouvais qu’accepter cette nomination. Elle m’encourage même à réaliser un rêve que je nourris depuis quelques années : lancer un séminaire « Bible et Liturgie » ici l’année prochaine.