L’École biblique et l’abbaye bénédictine de Montserrat

Une récente visite du directeur de l’École biblique de Jérusalem à l’abbaye bénédictine de Montserrat nous offre l’occasion d’évoquer ce haut lieu de culture biblique et les liens qui nous rapprochent de cette célèbre abbaye catalane

L’abbaye de Montserrat, nichée dans la montagne de Catalogne à 60 km de Barcelone, est un monastère bénédictin dont la fondation remonte à l’an 1025 : elle va donc bientôt célébrer son millénaire d’existence. Ces mille ans ne furent pas un long fleuve tranquille comme on peut l’imaginer : détruit durant les guerres napoléoniennes, persécuté durant les années noires du franquisme, le monastère est néanmoins demeuré comme un lieu de grande dévotion populaire, où accourent aujourd’hui encore des milliers de pèlerins et de visiteurs. L’attitude courageuse des moines pendant la guerre civile leur a valu, de surcroît, une haute estime dans la très dynamique Généralité de Catalogne.

Riche d’une soixante de religieux, l’abbaye est un haut lieu de culture : une bibliothèque monastique exceptionnelle ; un musée contenant des œuvres de très grands artistes (Caravage, Gréco, Tiepolo, Monet, Degas, Picasso, Dali, Miró) ; un musée biblique et une collection exceptionnelle de papyri et de manuscrits offerts au monastère par un collectionneur catalan, le père Ramon Roca-Puig (1906-2001).

Il existe un lien ancien entre l’École biblique et archéologique française et l’abbaye de Montserrat. Un de ses plus illustres moines, le père Bonaventura Ubach (1879-1960) fut en effet disciple du père Lagrange lors de son séjour à l’École biblique en 1906-1907. Professeur de syriaque et d’hébreu au séminaire syriaque de Jérusalem puis à l’Université Saint-Anselme de Rome, Ubach fut à l’origine du musée biblique du monastère qu’il enrichit de nombreux manuscrits et livres liturgiques anciens ramenés d’Orient qu’il parcourut en tous sens, ce qui lui valut le surnom de « Lawrence de Montserrat ». Plus tard, il se lança dans l’édition d’une Bible en Catalan, la Bible de Montserrat.

Plus près de nous, un autre moine de Montserrat, Pius-Ramon Tragan, lui aussi ancien élève de l’École biblique de Jérusalem où il étudia entre 1965 et 1967 sous la direction de Marie-Emile Boismard, O.P. (1916-2004), a poursuivi l’intérêt du monastère de Montserrat pour l’étude scientifique de la Bible. Professeur à l’Université de Catalogne puis à l’Université pontificale Saint-Anselme à Rome, où il fut doyen et recteur, Pius Ramon-Tragan s’est lancé dans le catalogage et l’édition des riches trésors contenus par le musée papyrologique du monastère, travaux rassemblés dans la collection Orientalia Montserratensia, éditée par le Scriptorium Biblicum et Orientale qui prolonge la riche tradition culturelle de la tradition monastique bénédictine. Ces catalogues ont été récemment offerts à la bibliothèque de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem qu’ils viennent enrichir.