Sortie d’étude : Afek (Antipatris) et Césarée Maritime

Chaque mardi, tous les étudiants de l’École biblique participent au cours de topographie dirigé par le fr. Dominique-Marie Cabaret, op. Instauré dès la fondation de l’École, ce cours propose la visite régulière des principaux sites archéologiques du pays et permet d’introduire chacun à l’histoire du Proche Orient ancien. Un mardi par mois, la visite s’étend sur toute la journée, la “caravane” décolle à 7h30 et n’est de retour que vers 18h au Couvent, c’était le cas ce mardi 23 mai, jour de la visite d’Antipatris et de Césarée Maritime. Récit de la dernière sortie de l’année.

Voyage à travers Judée et Samarie, certes, mais aussi voyage dans le temps. En visitant la cité fortifiée de Tel Afek, à mi-chemin entre Jérusalem et Césarée, les chercheurs et étudiants de l’École font déjà le grand écart sur la crise chronologique de la région : les premières pierres datent de -2000, période du bronze ancien et les dernières fortifications en date sont ottomanes (XVIème siècle). Cité cananéenne nommée dans le premier livre de Samuel (4, 2) (“Ils campèrent près d’Eben-Ezer, et les Philistins étaient campés à Aphek“), Afek devient ensuite Pégaï pendant la période hellénistique puis, sous Hérode, au IXè av J-C. elle prend le nom d’Antipatris (en honneur d’Antipater, le père de ce dernier), nom qu’elle conservera pendant la période byzantine.

Forteresse à l’emplacement stratégique, Afek-Antipatris se situe sur une colline qui domine les sources du Yarkon, la rivière qui sépare Judée et Samarie. Elle devient donc rapidement un lieu de carrefour essentiel entre les routes qui mènent de l’Égypte aux pays du nord de la Palestine dans un sens et de Jérusalem à la mer de l’autre. De siècles en siècles, les palais se multiplient et se chevauchent, les fortifications aussi. L’histoire veut que Saint Paul ait passé une nuit à Antipatris sur la route de Jérusalem à Césarée, alors sous la surveillance des soldats romains.

Devenue davantage une base de loisir au coin de l’eau qu’un musée d’archéologie, les fouilles d’Antipatris ne sont pas bien mises en valeur mais le frère Dominique-Marie aide les orientalistes, chercheurs, volontaires et exégètes à voyager dans le temps. Ici, des restes des premières fortifications, là la muraille ottomane percée de meurtrières, plus loin des restes d’une belle mansarde romaine devant le pavage hérodien d’un cardo encore bien net où les pierres sont encastrées de travers pour éviter que les chars et chevaux ne les abîment, et au bout du chemin encore un petit théâtre de plein air étonnamment nommé “odéon”.

Piscines et terrasses construites dans un somptueux palais sur le front de mer 

L’équipage remonte ensuite en voiture pour rejoindre la célèbre citée portuaire d’Hérode le Grand : la belle Césarée Maritime. Ici encore, les siècles défilent vite, d’Hérode aux Byzantins en passant par les débuts du christianisme et les bâtisseurs croisés, en à peine 2h d’explications. Si les restes des bâtiments d’Hérode sont parfois très endommagés, on devine aisément l’ampleur de cette ville après les douze années de travaux titanesques du “Constructeur” (-22 à -10 av. J. -C.) qui veut alors en faire une place forte militaire mais aussi commerciale et culturelle. Théâtre reconstruit, place de cirque pour les courses de chars, surface d’une synagogue, restes de piscines et terrasses construites dans un somptueux palais sur le front de mer, mosaïques éblouissantes ici et là, restes de colonnes de marbres et granit, chapiteaux majestueux, aqueduc trônant dans le sable…, les merveilles fanées se succèdent et donnent parfois le vertige quant aux ambitions de celui qui, parallèlement, construisait aussi Massada, Machéronte, l’Hérodium, etc.

Après un déjeuner et une baignade au soleil ou sous les arches de l’aqueduc d’Hérode qui reliait Césarée au Mont Hermon, nous reprenons la route pour slalomer entre une maison romaine à la mosaïque encore intacte, un palais où deux statues d’empereurs romains aux têtes manquantes sont restées imposantes et enfin les restes d’un hippodrome dont il ne reste plus que l’obélisque aujourd’hui planté, solitaire, au milieu d’un champ de blé.

Siècles, merveilles et minutes ont vite défilés, il est 17h00 et Jérusalem n’attend pas, nous rentrons mettre nos notes au propre.