3 questions au Père Éric Morin, directeur des études du Collège des Bernardins


Qu’est-ce que le Collège des Bernardins ?

Le monastère est fondé au XIIIe siècle par le cistercien Étienne de Lexington. Lorsque Monseigneur Lustiger était aumônier de la Sorbonne, il passait régulièrement devant ces bâtiments, autrefois caserne de pompiers. Il avait en tête l’intuition fondatrice de l’établissement : formation, recherche et culture se nourrissent mutuellement. Chacune a besoin des autres. Monseigneur Vingt-Trois a donné vie à ce projet. Depuis 15 ans, le Collège des Bernardins rassemble dans un même lieu, formation, recherche et culture, qui fonctionnent comme un trépied. Il permet aux théologiens et aux universitaires de prendre la parole sur des sujets d’actualité. Aujourd’hui, le collège des Bernardins est aussi un lieu de débats, d’expositions et de concerts.

Pourquoi une rencontre de l’Ébaf aux Bernardins ?

Accueillir l’Ébaf, c’est aussi accueillir des amis. J’ai une dette envers l’École, où j’ai passé une année merveilleuse en 2001-2002. J’y ai rencontré des hommes attachants et singuliers qui m’ont marqué durablement. Fraîchement nommé directeur des études de l’École Cathédrale du Collège des Bernardins en septembre, j’ai sans aucun doute signé pour que l’Ébaf vienne au Collège ! 

L’Ébaf est un point de repère important pour l’exégèse francophone. Tous les exégètes de bon niveau ont passé six mois ou un an à l’École. En donnant la parole à l’Ébaf, nous rassemblons les exégètes parisiens et nous participons à la diffusion d’une recherche qui produit des outils de travail pour tous les futurs prédicateurs francophones.

Dans une société placée sous le sceau de la laïcité, comment valorisez-vous les Écritures comme ressource culturelle, intellectuelle et spirituelle ?

Dans les cours les plus fondamentaux que je donne au Collège des Bernardins, je rappelle toujours en premier lieu que nous devons avoir une lecture intelligente et croyante des Écritures. Pour notre société, pour notre pays, promouvoir une connaissance éclairée de l’Écriture au centre des communautés croyantes rend service à tout le monde. Prenons le cas du dialogue inter-religieux : nous ne pouvons nous passer de partager nos règles herméneutiques aux autres confessions. 

Le Collège des Bernardins, selon les nombreux théologiens que nous accueillons, est l’un des rares lieux où ces derniers peuvent avoir une réflexion transversale avec des sociologues, des philosophes et des historiens.

Dans ce domaine-là, l’École biblique et archéologique française et particulièrement précieuse. Elle permet un discours intelligent sur les Écritures, fondé sur la connaissance des conditions historiques de leur production et des règles herméneutiques de leur intelligence.

Propos recueillis par Charlotte Desachy