ACTUALITÉ ARCHÉOLOGIQUE À GAZA

Une fois encore, la Bande de Gaza fait parler d’elle à propos d’archéologie.

À la faveur de la construction d’un large programme immobilier de logements, une nécropole contemporaine de la période romaine a été découverte à moins d’un kilomètre du site maritime d’Anthédon Blakhiyeh fouillé par l’École biblique entre 1995 et 2012.
Au moins cent trente tombes, datées entre la fin du IIe siècle av. J-C. et le IIe siècle ap. J.-C., ont déjà été mises au jour par l’équipe d’archéologues de Première Urgence Internationale sous la direction René Elter, chercheur-associé de l’École biblique et coordinateur scientifique du programme Intiqal.
Cette opération financée par le British Council fait partie d’un plus vaste programme de formation, d’une trentaine de jeunes filles et garçons diplômés de l’Université de Gaza, à l’anthropologie funéraire, à l’archéologie de sauvetage, à la photogrammétrie. Le chantier archéologique se poursuivra jusqu’en novembre prochain puis laissera place à l’étude du mobilier et des données de fouilles qui s’avère déjà prometteuse.

L’un des deux sarcophages en plomb mis au jour à pris, dimanche 25 juin, le chemin du musée de Gaza qui se développe dans le splendide bâtiment du Qasr al-Basha localisé dans la ville vieille de Gaza.

Le sarcophage est richement rehaussé d’un décor de rinceaux de vignes, de feuilles et de grappes de raisins. Il sera l’une des pièces maitresses de la collection du Musée.

 

Pour plus d’information, voir le site ici.



Sites de Gaza

Sites de Gaza

Les sites archéologiques de Gaza

 

Trois sites fouillés par l’École biblique et archéologique française de Jérusalem :
Um el-‘Amr (Monastère de Saint-Hilarion)
Jabaliyah / Mukheitim
Blakhiyah


Les activités de fouilles présentées sont financées dans le cadre de projets développés en
partenariat avec l’ONG Première Urgence Internationale (PUI) et soutenus par le BRITISH COUNCIL’S CULTURAL PROTECTION FUND, en partenariat avec le DEPARTMENT FOR DIGITAL, CULTURE, MEDIA AND SPORT et L’Agence Française de Développement (AFD).

Dans le territoire Palestinien occupé, Première Urgence Internationale et l’EBAF
développent des relations étroites avec les universités et institutions culturelles locales,
soutenant leur engagement et leurs actions de protection du patrimoine culturel et des sites archéologiques.

Les activités mises en œuvre renforcent les opportunités socio-économiques et le pouvoir d’agir des jeunes palestinien.nes, génèrent des espaces de savoir et de bien-être, contribuent à préserver leur identité et a protéger leurs droits fondamentaux.

Soutenir la protection et valorisation de leur patrimoine par les jeunes palestinien.nes
renforce la cohésion sociale et reflète leur résilience au sein du territoire Palestinien occupé.

Plus d’informations sur le programme INTIQAL :
Protection and preservation of tangible and intangible Palestinian cultural heritage
Protection, preservation and promotion of Gaza strip historical archaeological sites : The Saint Hilarion monastery and the Byzantine Church
– INTIQAL: La culture : un moteur du développement durable dans la Bande de Gaza
INTIQAL: SDG report


UMM EL-AMR (MONASTÈRE DE SAINT HILARION)

Vue de al-Zawayda depuis l’Est, au centre les vestiges du monastère de Saint Hilarion © PUI/2020

 

Vue de al-Zawayda depuis l’Est, au centre les vestiges du monastère de Saint Hilarion © PUI/2020

 

FOUILLES
Historique des fouilles

1997-2001 Dégagement extensif des vestiges par le Service des Antiquités de Gaza identification du site comme étant celui d’un monastère paléochrétien
2001 A la demande du Mota et avec le soutien du Consulat général de France à Jérusalem, expertise d’évaluation des vestiges par l’Ecole biblique et archéologique française (Ebaf). La finalité de la demande palestinienne est la préservation et la mise en valeur des vestiges pour une ouverture à la visite.
2002 Printemps : mise en place de 3 toitures de protection pour 4 pavements de mosaïque du site par le Mota avec le soutien de l’UNDP
2002-2006 Afin de comprendre le site avant sa mise en valeur, développement d’un programme de sondages scientifiques d’évaluation des vestiges mené par l’Ebaf. Etablissement du premier relevé général des vestiges l’ensemble du programme est soutenu par le Consulat général de France
2003 Octobre : découverte de la tombe et de l’inscription attestant qu’il s’agit du monastère fondé au IVe siècle par saint Hilarion. Hilarion reconnu comme étant le père du monachisme en Terre Sainte le monastère peut être considéré comme étant le plus ancien de Palestine.

Novembre : mise au jour du lieu d’inhumation initial d’Hilarion

Mise en place d’une première clôture de protection des vestiges

Programme soutenu par le Consulat général de France

2003-2004 Mise en place d’une réglementation interdisant la construction de bâtiments de plus de deux étages à la périphérie immédiate du site.
2006-2010 Les tensions politiques internes palestiniennes, le blocus de Gaza (2007) et le conflit israélo-palestinien (2009) imposent une mise « en sommeil » de la mission de coopération. Le manque de moyens de l’autorité locale implique un abandon de l’entretien du site et un gardiennage limité. Le site devient pour un temps le lieu de visites fortuites, une aire de jeux pour les enfants et de pâture pour les troupeaux de chèvres et de moutons des bédouins voisins.
2010 Demande palestinienne via l’Unesco de la mise en place par l’Ebaf d’une mission d’expertise d’urgence sur le site. Cette demande fait suite à l’effondrement d’une partie du mur ouest de la crypte et du glissement des absides du sanctuaire dans la crypte.
2010-2011 Expertise d’urgence dirigée par l’Ebaf avec le soutien de Consulat général de France, du MAE et de l’Unesco.

L’expertise révèle un envahissement général du site par de la végétation, de nombreux effondrements dans la partie Ouest de la crypte, le bain et le glissement des absides des différentes églises et surtout la détérioration à 50% du pavement du chœur de l’église primitive. Le site n’a cependant subi aucune déprédation humaine volontaire. L’ensemble des détériorations sont principalement d’origines naturelles et plus particulièrement liées aux violentes pluies hivernales, aux vents de sable, aux racines des végétaux (arbres à croissance rapide pour certains) et au mouvement de la dune.

2011-2014 Suite à l’expertise, une campagne de travaux est mise en place par l’Ebaf avec le soutien du Consulat général de la France, du MAE et de l’Unesco. Elle consiste au défrichement du site et en la mise en place de protections et de consolidations d’urgences (toitures, étaiements, renforcements de certaines maçonnerie). L’intervention se complète de formations pour une trentaine d’étudiants en architecture et en archéologie de l’Université islamique de Gaza.
2011 Inscription du site sur la liste du World Monument Fund des 100 sites les plus menacés dans le monde (pour la liste de l’année 2012)
2012 Inscription du site sur la liste indicative de la Palestine pour l’Unesco.
2015 Travaux d’entretien des vestiges et des infrastructures de protection du site réalisés par l’Ebaf avec le soutien de l’Unesco.
2018-2020 Projet British Council 1 : Programme de préservation et de médiation de vestiges, formations d’étudiants aux métiers de la restauration et du patrimoine. Protection des vestiges du bain par la mise en place d’une toiture. Mise en place d’une déambulation pérenne le long des vestiges. Restitution des parties effondrées de la crypte.

Programme dirigé par Première Urgence internationale (PUI)-Ebaf et Mota.

2020-2022 Projet British council 2 et 3 et Fondation Aliph : Programme de préservation et de médiation de vestiges, formations d’étudiants aux métiers de la restauration et du patrimoine. Programme dirigé par PUI-Ebaf et Mota.
2022-2027 Projet soutenu par Agence française de développement

Programmes de préservation et de médiation de vestiges, de formations d’étudiants aux métiers de la restauration et du patrimoine et de développement social et économique.

Programme dirigé par PUI-Ebaf et Mota.

 

Financements et tutelle

– Consulat Général de France à Jérusalem (2001-2020)

– Unesco 2011 et 2015

British Council’s Cultural Fund en partenariat avec le Ministère du Numérique, de la Culture, des Médias et des Sports du Royaume-Uni (2018-2025)

– La fondation Aliph (2020-21)

– Agence française de développement (2022-2027)

Chercheurs

Suivi scientifique du dossier : Jean-Baptiste Humbert

Direction scientifique et chantier : René Elter

DESCRIPTION DU SITE

René Elter (École biblique)

Découvert à partir de 1997 par le Service palestinien des Antiquités de Gaza, les vestiges du monastère de Tell Umm el’- Amr se développent sur plus de 14 500 m2. Intra-muros, le monastère couvre une surface d’environ 8 300 m2. Sa chronologie s’échelonne du début du IVe siècle à la fin du VIIIe siècle. Sa fondation est la plus ancienne de Terre Sainte car initiée par Hilarion, « père » du monachisme palestinien. Le complexe mis au jour à partir de 1997 correspond à sa version architecturale la plus tardive. Il se partage en deux pôles architecturaux juxtaposés, l’un ecclésiastique au Sud autour du sanctuaire, l’autre au Nord autour des bains et de l’hôtellerie. L’emplacement du puits et de ses adductions d’eau, topographiquement positionné sur la partie la plus haute du site, marque la séparation entre les deux ensembles. Le complexe ecclésiastique forme un quadrilatère tourné vers l’Est, d’environ 4 650 m2. Il comprend l’église, la crypte, l’atrium, les baptistères, une chapelle, les cellules, le réfectoire et des annexes de service. L’ensemble du bain et de l’hôtellerie couvre une surface d’environ 3 600 m2. L’hôtellerie en occupe le Nord et le bain, le Sud.

Le caveau d’Hilarion. Cliché R. Elter.

Vue générale de l’ensemble des bains. Février 2010. Cliché R. Elter.

Plan général des vestiges du site de Tell Umm el-‘Amr © R. Elter 2005

RÉSULTATS DES FOUILLES
René Elter, (École biblique)

L’archéologie du site débute au courant de l’année 1997, le Service des Antiquités de Gaza met en place un programme de dégagement systématique des vestiges du site de Tell Umm el-‘Amr. Précédemment interprété comme un village et une église de la période byzantine, les fouilles palestiniennes vont très vite montrer que la réalité est autre : il s’agit là d’un très grand monastère de la période paléochrétienne.

A partir de 2001 et jusqu’en 2012, dans le cadre de la coopération archéologique mise en place sur le site par le Consulat général de France et le Ministère des Antiquités et du Tourisme de Palestine, l’Ecole biblique et archéologique française engage des travaux exploratoires et scientifiques sur le site. La chronologie des vestiges est alors établie scientifiquement à partir de la stratigraphie. Il en ressort plusieurs phases de développement du monument dont 5 pour le sanctuaire, 2 pour la crypte et 3 pour le complexe du bain et l’hôtellerie. En 2003, une inscription mise au jour, dans le pavement de la nef, au pied du chœur de l’église primitive, atteste qu’il s’agit bien du monastère de Saint Hilarion.

Entre 2018 et 2022, le suivi archéologique de travaux, obligatoire, en accompagnement des interventions de préservation et de mise en valeur des vestiges a permis de revisiter et d’affiner la chronologie établie 10 ans plus tôt. Le Sud de l’ensemble ecclésiastique, la chapelle baptismale, les différentes salles du circuit du baptème, le secteur du puits, le Nord et l’Est du bain ont été compris. Ces nouvelles données ont montré que le monastère s’est développé du Sud vers le Nord au gré des mouvements de la dune de sable sur laquelle il avait été installé. Le sanctuaire a cependant en permanence grandi autour de la mémoire d’Hilarion. Le secteur situé au Nord du bain a rélévé une utilisation plus ancienne, témoin de campements de voyageurs ou pèlerins antérieurs à l’hôtellerie et au complexe balnéaire. A l’Est du bain, des fours à chaux et de potiers attestent d’activités artisanales, tardives, en lien avec les besoins domestiques et d’entretiens du monastère.

Vue orthographique des baptistères 3 et 4, à droite, la cuve du baptistère 3, à gauche la cuve du baptistère 4, Saint Hilarion, décembre 2020 © R. Elter, E. Alby/Ebaf/PUI/Insa/2020

 

Vue sur les vérification archéologiques menée avant travaux dans le secteur Sud de l’ensemble ecclésiastique Janvier 2020 © PUI/2020

PUBLICATIONS

R.Elter, « Etat des lieux à Tell Umm el-‘Amr (Bande de Gaza) : La question des baptistères », Syria 98, 2022 (Sous presse).

R.Elter, F. Al-Utol, « Le « Projet Hilarion » : Un programme de coopération patrimonial pour sauver le monastère de saint Hilarion à Tell Umm el-‘Amr (Bande de Gaza) », In Actes colloque : La mise en valeur du patrimoine en Palestine, ENS, Paris, 15-16 mars 2012, dir. R. Elter, Riveneuve éditions, 2014, p.45-75.

R.Elter, « Du caveau-reliquaire à la grande crypte de pèlerinage : un mausolée pour Hilarion, les vestiges de Umm el-‘Amr à Nuseirat (Bande de Gaza) », In : Mausolées et église, IVe-VIIIe siècle. Actes du colloque international, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrants 2, novembre 2011, organisé par Ch. Sapin et P. Chevalier, Hortus Artium Medievalium, Zagreb-Motovun, vol. 18/2, Croatie, 2012, p. 367-378.

R.Elter, « Gaza, le plus ancien monastère de Terre Sainte », Archéologia n°505, décembre 2012, p. 34-51.

R.Elter, « Un exemple de continuité entre les ive et viiie siècles : le cas du monastère de Saint-Hilarion à Tell Umm el-‘Amr », In : Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides, actes du colloque international : Continuités de l’occupation au Proche-Orient de l’antiquité tardive à l’Islam. Actes du colloque : Paris : INHA, octobre 2007, édité par A. Borrut, M. Debié, A. Papaconstantinou, D. Piéri & J.-P. Sodini, Bibliothèque d’Antiquité tardive, vol. 19, Paris, 2011, p. 187-204.

R. Elter, A. Hassoune, « Le complexe du bain du monastère de Saint-Hilarion à Umm el-‘Amr, première synthèse architecturale », Ecole doctorale, IFPO, Amman-Damas, 28 octobre-3 novembre 2006, Syria 85, 2008, p. 129-144.

R. Elter, A. Abd el Rhadan, « Le monastère de saint Hilarion : évolution et développement architectural d’un sanctuaire de pèlerinage dans le sud de Gaza (Palestine) ». Actes des journées médiévales de Cuxa 2006 : monde romain et chrétientés d’Orient. Cahiers Saint-Michel de Cuxa 38, 2007, p. 121–136.

Elter, A. Hassoune, « Le monastère de saint Hilarion à Umm el-‘Amr (Bande de Gaza)», In : Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Institut de France, mars 2004, Paris, 2006, p. 359-382.

Elter, A. Hassoune, « Le monastère de saint Hilarion reconsidération des vestiges du site de Umm el’Amr », In : Gaza dans l’Antiquité tardive, Actes du colloque de Poitiers, In Cardo/2, Helios éditeur, Salerne, 2005, p. 13-40.

 

POUR EN SAVOIR PLUS

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JABALIYAH / MUKHEITIM

FOUILLES
Historique des fouilles

1997-2000-2001 : Collaboration avec les antiquités de Gaza sur les sites byzantins de Mukheitim (Jabalia), Abassan el-Kebir, et Abu Barake.
2002-2007 : Second plan quinquennal du MEAE avec le Ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités permettant la première restauration de Mukheitim.
2005 : La dernière campagne du second plan quinquennal est interrompue par les événements politiques.
2017-2021 : Programme de conservation et de mise en valeur du site géré par l’ONG Première Urgence Internationale et sous l’autorité scientifique de l’École biblique.

Financements et tutelle
– MEAE (Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères)
– Mécénat palestinien
British Council’s Cultural Fund en partenariat avec le ministère du Numérique, de la Culture, des Médias et des Sports du Royaume-Uni (depuis 2017)
– La fondation Aliph (depuis 2022)

DESCRIPTION DU SITE

Jean-Baptiste Humbert, o.p., (École biblique)

“La construction a été pillée jusqu’aux assises et dès l’Antiquité parce que Gaza est un pays de sable où la pierre manque. Son plan a cependant été aisément restitué par la disposition des pavements conservés. Trois édifices aux fonctions liturgiques distinctes sont juxtaposés et orientés vers l’est. Ils ont été ajoutés les uns aux autres : une église à plan basilical a d’abord vu le jour. Une longue chapelle est venue s’y accoler au nord, puis un vaste baptistère encore plus tard et plus au nord. L’ensemble couvre 650 m2 dans les murs, dont 500 sont pavées de mosaïques.

Plan du complexe de Mukheitim. Relevé de J.-B. Humbert, 1997.

Le baptistère

Dix-sept inscriptions grecques ont été relevées qui permettent de mieux comprendre la destination du complexe et d’en préciser la chronologie. […]

Un sondage a montré qu’une église beaucoup moins soignée a précédé le beau sanctuaire que la fouille a montré, probablement limitée à la seule nef centrale avec un sol de mortier blanc. En tout cas, l’agrandissement éventuel de l’église et la pose des mosaïques du bas-côté sud remontent à l’extrême fin du ve s. La fondation du sanctuaire remonte alors au moins jusqu’au milieu du ve s. […]

Le pavement de la nef centrale est presque entièrement arraché et ce qui en reste a été la proie des iconoclastes. On le regrettera puisqu’il témoigne d’une exceptionnelle habileté dans sa réalisation. On aura compté 144 tesselles au dm2. Les animaux d’une grande délicatesse y habitent des médaillons tracés par de fins rinceaux de vigne. On devine ici où là des scènes de la vie agricole. Une inscription, composée en pâte de verre d’un bleu foncé, a été insérée beaucoup plus tard dans ce pavement dont la haute qualité aurait tenté la récupération d’un donateur : la date est aussi basse que 732. L’inscription serait la plus tardive en grec, jamais retrouvée à Gaza.”

Pavement « gastronomique », église, bas-côté nord

Pavement de la salle d’entrée de la chapelle des offrandes

Détail : le palmier comme l’arbre du paradis

 

RÉSULTATS DES FOUILLES
Jean-Baptiste Humbert, o.p., (École biblique)

« Le peu de place disponible ici permet de ne rendre compte que du chantier de Mukheitim conduit par les Antiquités de Gaza mais dont les travaux de finition, le traitement des pavements et l’interprétation du monument sont menés en collaboration avec l’École biblique de Jérusalem. A 3 km au nord-est de l’antique Gaza, au lieu-dit el-Mukheitim, notre monument se dressait sur la route d’Eleuthéropolis, dans un secteur de cimetières anciens. Les Antiquités de Gaza ont fouillé tout à proximité un cimetière romain, étendu, dont les plus récentes tombes sont byzantines et viennent jouxter notre sanctuaire. »

« Les travaux de restauration des sites, menés sous l’égide du Bureau des Antiquités de Gaza puis depuis 2018 par René Elter sous l’autorité de l’EBAF et en partenariat avec Première Urgence Internationale (PUI), a porté de beaux fruits.

Restauration des mosaïques

Le complexe de Mukheitim à Jalabiyah est maintenant préservé par un élégant abri, durablement protégé et accessible à tous. On contemple, depuis des passerelles suspendues, l’église, le diaconicon, le grand baptistère et les 400 m2 de mosaïques restaurées. »

L’abri du complexe de Mukheitim

L’installation de passerelles au-dessus du site

 

PUBLICATIONS
J.-B. Humbert (ed.), Gaza méditerranéenne, Éditions Errance, Paris 2000
J.-B. Humbert, Y. Matar, « Redécouverte de la Gaza byzantine : Jabaliyah », Dossiers d’Archéologie, no. 240, jan. fév. 1999, p.66-67
J.-B. Humbert, « The Rivers of Paradise in the Byzantine Church near Jabaliyah – Gaza », in The Madaba Map Centenary, M. Piccirillo & E. Alliata ed., Jérusalem 1999, p.216-218


PUBLICATIONS SUR LES SITES DE GAZA
J.-B. Humbert, M.-M. Sadeq, « Gaza : Le point sur les récentes découvertes archéologiques », Le Monde de la Bible, mai-juin 2000
J.-B. Humbert (sous la direction de ), Gaza Méditerranéenne, histoire et archéologie en Palestine, Paris 2000, Éditions Errance, 137 pages, nombreuses illustrations. Catalogue de l’exposition « Gaza méditerranéenne »
J.-B. Humbert, A. Hassoune, « Brefs regards sur les fouilles byzantines à Gaza », in Catherine SALIOU, ed., Gaza dans l’Antiquité tardive, archéologie, rhétorique et histoire, Salerne 2005, p. 2-11
M.-A. Haldimann, J.-B. Humbert, M. Martiniani-Reber, Gaza à la croisée des civilisations. I, Contexte archéologique et historique, Neuchâtel : Chaman Ed., 2007, 256 p.
Y. Al-Khoudary, J.-B. Humbert, M.-A. Haldimann et M. Martiniani-Reber, « Une exposition pour un musée archéologique à Gaza : L’initiative culturelle de Genève », Archäologie Schweiz 33, 2012.3, p. 16- 23
J.-B. Humbert, « Gaza deserta (ou délaissée),concurrence d’Anthédon » in Reconstruire les villes, modes, motifs, récits, Semitica et classica, Suplementum 1, Brepols 2019, p. 157-176
J.-B. Humbert, « À Gaza, une archéologie abandonnée (1994-2012) », in The Mediterrannean Sea and the Southern Levant, 2021


NOS ARTICLES SUR GAZA
Inauguration du complexe de Mukheitim à Gaza – 5 mars 2022
À Gaza, la mise en valeur du site archéologique de Saint-Hilarion continue – 16 février 2021
Gaza : un état des lieux archéologique – 8 mai 2020
Portrait : Fadel Al-Utol
– 2 mars 2020
Un bilan des travaux archéologiques menés à Gaza – 29 janvier 2020
Timbres amphoriques de Gaza (Blakhiyeh) – 4 juillet 2019
Monastère St Hilarion de Gaza : où en est la restauration ? – 26 avril 2019



INAUGURATION DU COMPLEXE DE MUKHEITIM À GAZA

Jean-Baptiste Humbert o.p. s’est rendu à Gaza la semaine du 14 février pour visiter le complexe de Mukheitim et le chantier du monastère d’Hilarion, deux sites de Gaza fouillés et restaurés sous l’autorité scientifique de l’École biblique et archéologique française de Jerusalem (EBAF).

“Je viens de passer une petite semaine à Gaza. Sur place, on est toujours surpris par la vie qui y est dynamique et effervescente. L’archéologie n’y est pas oubliée, elle va son chemin. Les travaux de restauration des sites, menés depuis dix ans par René Elter sous l’autorité de l’EBAF et en partenariat avec Première Urgence Internationale (PUI), a porté de beaux fruits.

L’entrée du complexe de Mukheitim.

Le complexe de Mukheitim à Jalabiya est maintenant préservé par un élégant abri, durablement protégé et accessible à tous. On contemple, depuis des passerelles aériennes, l’église, le diaconicon, le grand baptistère et les 400 m2 de mosaïques restaurées. L’inauguration a attiré avec succès de nombreux curieux, mais le succès était aussi celui de tous les Gaziotes qui ont œuvré dans tous les corps de métier. Le succès encore pour notre entreprise dont le but ultime veut redonner le patrimoine palestinien aux Palestiniens. On voyait que le but était atteint.

Lors de la visite au grand chantier du monastère d’Hilarion, nous avons constaté les grands progrès réalisés depuis un an, malgré les entraves de la pandémie. Le monastère se voit maintenant dans sa belle cohérence, avec des lits de gravier qui reconstituent les différents espaces. La voûte qui est reconstituée de la grande crypte est une prouesse tout à la gloire des femmes et hommes, jeunes artisans Gaziotes qui ont acquis des compétences dans les techniques de l’Antiquité.

Mais Gaza ne cesse de construire et manifeste par là ce qui lui reste de liberté. Un énorme chantier a été ouvert pour bâtir des tours d’habitation. Les engins de chantier ont découvert sous une orangeraie hélas ! rasée, un cimetière de l’époque romaine avec de belles tombes construites en pierre. Les équipes formées par l’EBAF et PUI dans le cadre du projet, et qui restaurent le site d’Hilarion, ont de suite été impliquées pour en mener le sauvetage. La fouille minutieuse au pinceau et à la petite cuillère contraste singulièrement au milieu du ballet des pelleteuses, bulldozers et une noria de gros camions qui évacuent le sable. Une trentaine de sépultures ont été mises au jour.”

Le cimetière de Saint Hilarion entouré de bulldozers

Le cimetière de l’époque romaine entouré des chantiers de construction et des bulldozers.

Jean-Baptiste Humbert et l’équipe des fouilles sur le site du cimetière romain.

Jérusalem, fr. Jean-Baptiste Humbert, o.p., le 28 février 2022


Les activités sont financées par le British Council’s Cultural Protection Fund, en partenariat avec le Department for Digital, Culture, Media and Sport et L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH).

Dans le territoire palestinien occupé, Première Urgence Internationale (PUI) et l’EBAF développent des relations étroites avec les institutions culturelles locales, soutenant leur engagement et leurs actions dans la protection du patrimoine et de leurs sites archéologiques, afin de renforcer leur pouvoir d’agir, préserver leur identité et protéger les droits fondamentaux des Palestiniens.

En soutenant les relations des jeunes palestiniens avec leur patrimoine, la cohésion sociale est renforcée, reflétant la résilience dont font preuve les jeunes du territoire Palestinien occupé.



À GAZA, LA MISE EN VALEUR DU SITE ARCHÉOLOGIQUE DE ST HILARION CONTINUE

Dans la continuité du programme de préservation, de médiation et de formation engagé en 2018, par Première Urgence Internationale sur les sites archéologiques de Tell Umm el-‘Amr (le monastère de Saint-Hilarion) et de Mukheitim (l’église byzantine) à Jabalyah une nouvelle campagne a été menée entre mars 2020 et février 2021.

Soutenus par le British Council (DMCS) et la Fondation Aliph les travaux ont été suivis scientifiquement par l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et contrôlés par les services du Ministère des Antiquités et du Tourisme de Palestine. Initialement prévue pour une durée de 12 mois, l’intervention a été réduite car interrompue entre août et novembre 2020 suite à la pandémie du Covid-19. 

Le programme prévoyait des activités de natures diverses sur les vestiges. Il a permis d’aborder, la restauration, l’anastylose de maçonneries anciennes, la taille de la pierre, la dépose avant restauration d’un pavement de mosaïque, la fouille archéologique et le traitement des données qui en sont issues… L’équipe est constituée d’une trentaine de personnes (femmes et hommes). Elle a comme les années précédentes intégré de nouveaux étudiants diplômés des universités de Gaza (architecture et archéologie). Afin de renforcer les capacités des étudiants chaque activité mise en place a intégré un volet formation. Par exemple dans le cadre de l’activité archéologie, une formation à la lecture de la stratigraphie, du tri, de l’identification et du dessin d’objets céramiques a été mis en place. 

Les interventions de préservation de restauration ont poursuivi celles engagées sur la crypte entre 2019 et 2020. Elles ont également concerné à des degrés différents d’intervention : la chapelle, le baptistère Nord, les églises, l’hôtellerie et les installations Sud du monastère.  

Des interventions plus sensibles ont été menées sur les pavements de mosaïque du site. L’une d’entre elles a concerné la dépose avant restauration du pavement du chœur de l’église primitive. Ce pavement s’était effondré en partie dans le cénotaphe de Saint Hilarion entre 2009 et 2010. 

Cette intervention complexe a nécessité un traitement particulier et une mise en œuvre spécifique comme l’installation d’une passerelle mobile afin de permettre à l’équipe de prélever les différents fragments sans avoir de contact direct avec le pavement. Les fragments collectés après avoir été numérotés et répertoriés ont été placés dans un bac de 25 m2 rempli de sable, installé pour l’occasion dans le bâtiment d’accueil du site. Là, le pavement sera restauré après que les différentes pièces de ce « puzzle » géant aient été assemblées. A l’automne après avoir retrouvé son intégrité, le pavement sera repositionné à sa place initiale, dans le chœur de la première église.

A Jabalyah, le dégagement, des vestiges annexes à ceux de l’ensemble ecclésiastique, complète le « panorama archéologique » du site. Mis en valeur et consolidés, ils seront présentés au public. 

L’accueil des visiteurs a été renforcé sur les deux sites par la formation de deux guides accompagnateurs de groupes et l’aménagement de deux salles d’interprétations. Enfin, les actions menées sont diffusées régulièrement sur le net via « Intiqal 2030 » créer pour échanger autour du Patrimoine en Palestine et dans la région.

Gaza, René Elter, le 12 février 2021

 

Fig. 2 : Vérifications archéologique avec consolidation du pavement de la chapelle. Dans le dégagement, se dessine le sol sur lequel était posé le premier pavement de la chapelle : un tapis de mosaïque

Fig. 9 : L'équipe de tri du mobilier sortie des sondages

Fig. 9 : L’équipe de tri du mobilier sortie des sondages

Fig. 11 : Réalisation de joints de mortier

Fig. 11 : Réalisation de joints de mortier

Fig. 12 : Taille de blocs avec pose

Fig. 12 : Taille de blocs avec pose

Fig. 15 : Vue depuis le Sud des dégagements de Jabalyah

Fig. 15 : Vue depuis le Sud des dégagements de Jabalyah



GAZA : UN ÉTAT DES LIEUX ARCHÉOLOGIQUE

Depuis 2018, le British Council a confié à Première Urgence Internationale (Antenne de Gaza) la restauration du monastère de Saint-Hilarion et de Mukheitim. L’École biblique a accepté la tutelle scientifique et la direction des travaux. En janvier dernier, le fr. J.-B. Humbert o.p. a accompagné les consultants espagnols de l’International Cooperatión Gestión chargés d’établir un bilan des travaux archéologiques menés à Gaza. L’ONG en a ensuite dressé un rapport officiel.

Première Urgence Internationale a également réalisé une vidéo des chantiers archéologiques gaziotes. En six minutes, on découvre l’histoire des sites et le but du projet, les techniques de restauration mises en place, mais aussi le visage et la voix de ceux qui oeuvrent à la préservation des vestiges. René Elter, architecte-archéologue attaché à l’École biblique, responsable des travaux et Maxime Santiago ont réalisé une reconstitution 3D du monastère de Saint-Hilarion tel qu’il se présentait au VIe siècle.

Il faut souligner les difficultés que rencontre l’entreprise. L’accès à Gaza est contingenté, sur place le confinement de tout le territoire dure depuis treize ans, la situation politique et sociale est tendue. Le bilan des restaurations dressé par les Espagnols est très positif. Les bailleurs de fonds n’ont donc pas hésité à renouveler le contrat pour l’année qui vient. La formation des jeunes aux métiers de la restauration sera poursuivie avec la satisfaction de tous. Bravo à tous les acteurs de ce beau projet.

Pour écouter le podcast de France Culture « L’École Biblique et archéologique française de Jérusalem, avec Jean-Baptiste Humbert », cliquez ici. Les restaurations sont évoquées à partir de 14:22.

Pour lire notre article et visionner le portrait de Fadel Al-Utol, archéologue palestinien, chef d’équipe du chantier de restauration, cliquez ici.



UN BILAN DES TRAVAUX ARCHÉOLOGIQUES MENÉS À GAZA

Jean-Baptiste Humbert o.p. s’est rendu à Gaza ces lundi et mardi 20 et 21 janvier pour accueillir la mission de contrôle de la restauration de sites archéologiques de Gaza, sous l’autorité scientifique de l’École biblique.

Au terme des deux années écoulées (2018-2019) du projet de restauration à Gaza des deux sites byzantins du complexe ecclésiastique de Mukheitim et de Umm el-Amer (monastère de Saint-Hilarion), un bilan était nécessaire. Une délégation espagnole s’est rendue sur place les 20 et 21 janvier 2020, pour examiner les travaux. Le projet qui est du British Council avec un gros budget, a été confié à l’ONG Première Urgence (Gaza) et à l’École biblique, laquelle a nommé René Elter, architecte-archéologue, pour diriger les restaurations et la mise en valeur des sites. Une nouvelle tranche budgétaire est envisagée qui requiert une expertise de ce qui a été déjà réalisé.

La délégation espagnole chargée du bilan a exprimé sa satisfaction devant l’importance et la qualité des restaurations. Quelques conseils ont été donnés pour améliorer les visites de groupes nombreux du tourisme culturel réservé aux Gaziotes interdits de sortir de la Bande. Il faut souligner combien le gouvernement du Hamas est bienveillant quant à cet effort culturel qui compense l’impossibilité de mener des fouilles. Gaza étant sous blocus, le gouvernement est sans ressources financières et n’a aucun budget pour un service des Antiquités. Toute fouille est impossible au grand dommage du patrimoine dans un pays à la démographie galopante. Le projet de mise en valeur des deux sites byzantins est maintenant la seule activité dans le domaine de l’archéologie. Il attire alors, par contraste, une vive curiosité de la part de la population.

Sur le site s’est aussi tenue une réunion avec les ouvriers spécialisés et les étudiants en archéologie de l’université pour apprécier la qualité du stage dont ils bénéficient sur le long terme. En effet, le projet ne concerne pas seulement la restauration des ruines mais a exigé de former des jeunes gens et jeunes filles aux métiers modernes du bâtiment avec la construction du centre d’accueil, des passerelles en bois et de grands abris ajourés pour abriter les vestiges sensibles ; de leur enseigner les métiers de la restauration, consolidation et reconstructions de murs, taille de la pierre, levé, traitement et repose de mosaïques. Le chef d’œuvre dont toute l’équipe est très fière est la restitution avec les méthodes et les moyens de l’Antiquité d’une voûte en pierre, dirigée par Florent Périer.

Abris du site archéologique de Mukheitim

Abris du site archéologique de Mukheitim

Jean-Baptiste Humbert o.p. et deux étudiantes de l’Université de Gaza

La délégation espagnole et Jean-Baptiste Humbert o.p. visitent le site de Umm el-Amer (monastère de Saint-Hilarion)

Une des mosaïques de Mukheitim

Mosaïques de Mukheitim



Timbres amphoriques de Gaza

La dernière semaine de juin 2019, Kevin Trehuedic a passé quelques jours à l’École biblique pour travailler sur les timbres amphoriques de Gaza.

Les « timbres » sont les marques que certains États de l’Antiquité, pour des raisons fiscales selon toute vraisemblance, impriment (avant cuisson) sur des amphores – ces grands vases de céramique destinés à transporter les denrées. La cité de Rhodes, qui a inondé de son vin les marchés du Proche-Orient aux IIIème et IIème siècles avant notre ère, apposa ainsi systématiquement des timbres donnant le nom du fabricant et du magistrat de l’année sur les anses de ses amphores, ce qui permet de les dater très précisément.

À Gaza, les campagnes de fouille à Blakhiyeh menées sous la direction du père Jean-Baptiste Humbert par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem en coopération avec les Palestiniens ont mis au jour plus d’une centaine de ces anses rhodiennes, auxquelles s’ajoutent une centaine d’autres rassemblées par un collectionneur gazawi féru d’archéologie. Longtemps demeuré en souffrance à cause de la situation politique, le matériel est désormais accessible et fait l’objet d’une étude qui permet parfois d’affiner la date des strates fouillées et renseigne surtout sur l’évolution chronologique des importations de vin à Gaza à la période hellénistique.

Le travail mené en juin, puis de nouveau en août/septembre, consiste en la vérification des lectures de ces timbres grecs souvent mal imprimés et effacés et du classement typologique des anses ainsi que la préparation, avec l’aide de l’infographiste Kyoshi Inoué, habitué des publications de l’EBAF, de la mise en page du volume à paraître dans la série archaeologica des Cahiers de la Revue Biblique.



Monastère St Hilarion de Gaza : où en est la restauration ?

René Elter a été archéologue à l’Institut National de Recherche pour l’Archéologie Préventive pendant 20 ans, puis fut pendant 6 ans à la tête d’une forteresse médiévale en Lorraine (Monument Historique). Il co-dirige en Jordanie une fouille dans le cadre de l’Institut français du Proche-Orient. Depuis 2002, il est chercheur associé à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem pour diriger la restauration et la publication des fouilles du monastère de Saint-Hilarion (Umm el-‘Amr) à Gaza.

Qu’est-ce que Umm el-‘Amr ?

Umm el-‘Amr s’étend sur plusieurs hectares sur la dune côtière à 10 km au sud de Gaza-ville. Un monastère y a été découvert, un des plus grand de Terre Sainte, et le tout premier fondé dans la région en 329 par Hilarion, le Père du monachisme palestinien. Il se compose d’un ensemble ecclésiastique (églises, crypte, chapelle, baptistère, logement des moines) et d’un hospice réservé à l’accueil des voyageurs et pèlerins, avec bains et logement

Histoire de la fouille :

1997-2001 – Fouilles du monastère de Saint-Hilarion par le Service palestinien des Antiquités.2001- Expertise par l’École biblique des vestiges à la demande du Ministère des Antiquités et du Tourisme de Palestine. L’Ébaf confie l’évaluation et les vérifications archéologiques à R. Elter

2002-2006 – Vérification de la stratigraphie et la chronologie du site. Le projet est soutenu par le Consulat Général de France à Jérusalem.

2010-2015  – Sondages de vérification, mise en place de consolidations d’urgence, formation d‘ouvriers et d’étudiants de l’Université de Gaza. L’ensemble des interventions est soutenu par le Consulat général de France et l’Unesco.

2011 – Umm el-‘Amr apparaît sur la liste du World Monuments Fund des 100 sites les plus menacés dans le monde.

2012 – Inscription sur la liste indicative du patrimoine de la Palestine par l’Unesco

2017-2020 : Programme de conservation et de mise en valeur (British Council/Ébaf) géré par l’ONG « Première Urgence ».

Comment travaille-t-on sur place ?

Travailler à Gaza peut être une folie. Surtout avec la situation géopolitique actuelle et tout ce qu’en disent les médias. Dès le début du projet, l’organisation de nos travaux a nécessité souplesse et adaptation. Sur place, la situation n’a pas émoussé l’envie de nos collègues de Gaza de comprendre et de préserver le monastère. Tout était à faire, à inventer. Pour relever murs et voûte, il a fallu ouvrir une carrière de pierre, fabriquer des outils, monter toute la chaîne opératoire, du débit à la pose. Lorsque l’accès à Gaza nous est interdit, Fadel Al-Otol, le correspondant local de l’Ecole depuis 20 ans, nous permet de suivre les travaux archéologiques et de restauration par la vidéo-conférence. La documentation technique (plans, coupes, débit de pierres) est alors réalisée par Florent Périer (restaurateur, tailleur de pierre) dans les locaux de l’École, et envoyée sur le chantier via Internet. L’entreprise nécessite un lien constant et une maîtrise sans faille de l’équipe d’une trentaine d’ouvriers (dont 7 femmes).

Et après ?

Il faut passer à l’aménagement de passerelles sur le site qui accueille aujourd’hui plusieurs centaines de scolaires par mois. Comprendre pour mieux protéger, tel est le centre de nos préoccupations. Les enfants d’aujourd’hui décideront demain. Ils devront gérer le site sans nous. Une telle responsabilité était l’une des conditions à l’inscription de Umm el-‘Amr sur la liste des candidats au Patrimoine Mondial de l’Unesco.