DES FRÈRES POLONAIS EN RENFORT À LA BIBLIOTHÈQUE

Les frères Jan et Michał (de gauche à droite) ont passé un mois au couvent Saint-Etienne. Chaque été, quelques frères du couvent dominicain polonais de la Sainte Trinité sont envoyés dans un autre couvent pour découvrir une nouvelle région du monde. En échange, ils apportent leur aide au couvent d’accueil.

Ici, vous aidiez à la bibliothèque de l’École. À quoi ressemblaient donc vos journées ?
En réalité, ici, une journée type est rythmée par le catalogage et le rangement des nouveaux livres, la lecture d’ouvrages de la bibliothèque et la visite de lieux saints. Cela signifie qu’en plus de notre mission, nous avons eu la chance de découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, et surtout de la Terre sainte, une première pour nous !

La légende dit que vous êtes surnommés “ les hobbits”. Pourquoi ?
L’histoire a commencé lorsque Pawel Trzopek était directeur de la bibliothèque. On raconte que ce nom a été inventé pour faire la différence entre les volontaires “normaux” et les frères polonais qui aidaient temporairement. Finalement, ce surnom semble assez juste puisque nous passons une bonne partie de notre temps à la bibliothèque, dans l’obscurité des sous-sols de l’École… comme des “hobbits”.

Après plusieurs semaines passées dans cette bibliothèque incroyable, à l’instar de frère Rafał, voudriez-vous revenir comme chercheur en Bible, ou en archéologie ?
Fr. Jan : J’ai vraiment profité des ressources impressionnantes de la bibliothèque pour approfondir mes recherches. Pour mon mémoire de fin de master (écrit après 6 ans d’études), je travaille sur l’évangile de Marc et l’histoire de Bartimée. Je ne pense pas avoir la fibre d’un professeur, mais il y a ici matière à travailler. Non seulement grâce à la bibliothèque, mais aussi avec tout ce qu’il y autour. J’aimerais vraiment revenir ici.
Fr. Michal : Je suis plutôt porté sur la théologie que sur les études historiques et archéologiques. Mon mémoire de master adopte une approche théologique, sur l’influence des anges et du démon sur la vie des hommes, à la lumière du travail de saint Thomas d’Aquin. Je suis admiratif du travail mené ici et de l’expertise biblique mais ce n’est pas vraiment mon domaine. Pour moi, le plus fort ici était de découvrir une nouvelle ville, sa culture locale, et de rencontrer les personnes qui vivent ici. J’ai été particulièrement touché par la communauté de Juifs messianiques : encore aujourd’hui, ils veulent en savoir plus sur Jésus.

Quelles sont les visites qui vous ont le plus marqué ?
Fr Jan : Après le Chemin de Croix sur la Via Dolorosa, nous pouvions nous rendre sur le tombeau du Christ. C’était le moment le plus émouvant pour moi.
Fr Michał : À Nazareth, dans la basilique de l’Annonciation, lorsque j’ai vu les mots “Verbum caro factum est” (“le Verbe s’est fait chair”). Je me suis dit “Dieu est venu sur Terre ici”. Un si grand mystère dans un lieu si simple !

Jan, vous êtes compositeur et guitariste acoustique. Vous avez donné deux “concerts privés” au couvent, et ce, devant une audience internationale ! Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Aujourd’hui, j’ai enregistré sept chansons. J’en ai écrit certaines avant de rejoindre l’Ordre, d’autres pendant le noviciat, d’autres pendant mes études. Ces mots parlent de mon expérience de Dieu. Le but maintenant est de sortir toutes les chansons sur YouTube et Spotify, mais les arrangements sont toujours en cours. Mon rêve est de prêcher tout en chantant. Si cette musique peut toucher les cœurs, cela peut être un moyen de parler de Dieu. Mais Lui seul sait – et mes supérieurs savent si c’est ma voie. Peut-être ne m’a-t-il donné que ces sept chansons.

Propos recueillis par ChD
Photos : Ébaf, Charlotte D.