IN MEMORIAM ÉTIENNE NODET, OP, (1944-2024)

Les frères dominicains et les membres de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem saluent la mémoire du frère Étienne Nodet, o.p, décédé le 4 février 2024 à Jérusalem.

Né en 1944 à Bourg-en-Bresse, ville natale du père Lagrange, son entrée chez les dominicains en 1967, puis son arrivée à l’École en 1977, semblaient s’imposer. Polytechnicien, doté d’une maîtrise en philosophie et en théologie ainsi que d’un BA en Talmud, le frère Étienne était un esprit brillant et polymathe.

Au noviciat à Lyon, il découvre l’exégèse biblique qu’il part approfondir à l’université hébraïque de Jérusalem en 1974. Il rejoint la maison d’Isaïe de la province dominicaine de France, à l’ouest de la ville. C’est là qu’il étudie la société israélienne, et se passionne pour l’histoire du judaïsme antique. Étienne s’attaque à son œuvre majeure : traduire, contextualiser, expliquer et annoter les Antiquités juives de Flavius Josèphe. Inspiré par la littérature rabbinique, il a été un des premiers à vouloir réinventer la manière d’éditer la bible, convaincu de la richesse d’une lecture comparative des différentes sources bibliques et de leur réception. Cette intuition inspire aujourd’hui le programme de recherche de La Bible en Ses Traditions. Esprit déconcertant et provocateur, il ne s’interdit jamais d’explorer de nouvelles voies, des Samaritains aux Esséniens, en passant par une nouvelle traduction de la Bible. Bourreau de travail et extrêmement rigoureux, tous se souviennent d’Étienne comme d’un homme original et passionné.

Arrivant à l’Ébaf, il reçoit la charge des visites topographiques et sillonne le pays à bord de sa Jeep à travers désert et pistes abandonnées pour faire découvrir les sites archéologiques et bibliques. Visionnaire à bien des égards, il fut le premier à l’Ébaf à utiliser un ordinateur portable pour prototyper un nouveau clavier contenant toutes les variétés de symboles possibles et imaginables, permettant ainsi aux étudiants et chercheurs de rédiger en grec ancien !

Je lis l’Écriture dans la foi.” disait Étienne à sa communauté. Exégète historico-critique, il vécut jusqu’au bout la tension entre l’aridité de la raison et son témoignage d’un “Dieu vivant”. À travers son engagement de frère prêcheur auprès du chemin néocatéchuménal et son travail au sein de l’institut Ratisbonne, il témoigna de sa profonde humanité.

Le couvent Saint-Étienne et l’École biblique et archéologique française rendent hommage à Étienne Nodet, un esprit libre, exigeant, et plein d’humour. Il mit toute son énergie et son temps pour vivre la parole de Dieu et la transmettre à des générations d’étudiants. Sa mort soudaine laisse un vide immense au sein du monde de la recherche.

Propos recueillis par Emeline d’Hautefeuille, chargée de communication
Photos article : Ébaf, Ordo Praedicatorum
Photo en-tête : Photothèque Ébaf