LE ROULEAU DE CUIVRE DE QUMRÂN DE RETOUR À L’ÉBAF

La copie du rouleau de cuivre de Qumrân a retrouvé ses quartiers dans la grande galerie du couvent Saint-Étienne, en présence de Michal Broshi, commissaire de l’exposition à laquelle l’œuvre avait été intégrée. La réplique du fascinant rouleau de cuivre avait été prêtée au musée d’Israël pour l’exposition Secrets qui s’est tenue de juillet 2022 à mars 2023.

Le rouleau a été découvert en 1952, par Henri de Contenson, lors de fouilles menées par le père Roland de Vaux, directeur de l’École, dans la grotte 3 du site situé sur les rives de la mer morte.

Dans les années 90, un travail de restauration du rouleau original, appartenant au musée d’Amman, s’imposa. La fondation ÉDF-Mécénat et les laboratoires ÉDF-Valectra sont alors sollicités pour leur expertise dans le traitement du cuivre.

La restauration du rouleau sera l’occasion d’un nouveau travail de valorisation du manuscrit, à la suite de celui effectué par Joseph Milik. Au moment de la découverte, le rouleau, qui recèle un seul et même texte, était disposé en deux morceaux distincts. La troisième et dernière feuille rivetée s’était détachée lors de l’enroulement du rouleau pour sa dépose dans la grotte. Afin de l’ouvrir et de lever le voile sur ses secrets, il avait été découpé en 23 segments distincts, de quelques centimètres de large par un laboratoire de Manchester. Même après la restauration et les photographies aux rayons X réalisées par ÉDF-Valectra, il était impossible de réaliser un relevé précis de l’ensemble des caractères gravés dans le cuivre dont il ne subsistait que l’oxyde de cuivre, seul résidu bien fragile du rouleau original. Le problème majeur souligné par l’épigraphe Émile Puech, à l’époque professeur à l’École biblique et archéologique française et directeur du recherches au CNRS, procédait de la courbure du rouleau déformant les caractères, que même les photographies les plus sophistiquées ne permettaient pas de neutraliser.

Dès lors, les scientifiques d’ÉDF-Valectra se sont mis en quête du procédé qui permettrait de réaliser un estampage respectueux du matériau et satisfaisant pour la reproduction des tracés des lettres. Finalement, un estampage en silicone de chacun des segments courbes a donné naissance à un à-plat en silicone de chacune des trois feuilles. À partir de celui-ci, a été créée une reproduction en plâtre du rouleau. Ainsi, par galvanoplastie, a été reproduit un nouvel artefact en cuivre, dont ont été tirées quatre précieuses copies offertes au musée d’Amman, au musée du Louvre, à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et à la fondation ÉDF.

Le long labeur d’Émile Puech* mené avec ÉDF-Valectra, déployé en trois sessions en 1994, 1995 et 1996, a permis la restauration des parties endommagées grâce au relevé fidèle du texte, et son déchiffrement complet. Le déchiffrement complet de l’inscription a été possible grâce aux photographies de la réplique du rouleau délivrée à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, et aux précieuses radiographies des segments. Telle fut la genèse de la nouvelle édition du Rouleau de cuivre de Qumrân, qui a débouché sur une interprétation renouvelée de son contenu.

En somme, le mystérieux rouleau renferme une liste d’indications topographiques indiquant les cachettes d’un trésor… jamais identifié.

Les secrets du rouleau n’ont pas dit leur dernier mot !

Propos recueillis par Charlotte Desachy, auprès d’Émile Puech
Photos : Ébaf, Ordo Praedicatorum

*Le rouleau de cuivre de la Grotte 3 de Qumrân (3Q15). Expertise – Restauration – Épigraphie, par Daniel Brizemeure et Noël Lacoudre EDF, et Émile Puech, CNRS et 34 EBAF. Volume I – Texte, xxii + 227 p., Volume II – Planches, xxvi + 424 p. : CCCLXXXIII. STDJ 55 I-II, Brill Leiden, in folio 28,5 x 37,5.