La Bible de Jérusalem

La Bible de Jérusalem

Dès la fin de la seconde Guerre mondiale, l’École biblique et archéologique française se lança dans un vaste chantier, celui de la Bible de Jérusalem. Conçu pour mettre à la disposition du public cultivé les résultats les plus sûrs de la recherche biblique moderne, le projet consistait en une nouvelle traduction en langue française de chaque livre biblique, équipée de notes explicatives en bas de pages et de références scripturaires utiles dans les marges.

Chaque livre, ou groupe de livres, était précédé d’une solide introduction, dans laquelle on le présentait en abordant les questions relatives à l’établissement du texte, son histoire littéraire, son contexte historique, sa canonicité et sa théologie. La direction scientifique du projet revenait à l’ÉBAF, mais celle-ci s’assura le concours d’autres exégètes francophones. Cette belle entreprise de collaboration scientifique fut menée à bien de concert avec les Éditions du Cerf (Paris), maison d’édition fondée par les religieux dominicains.

Les éditions imprimées de la Bible de Jérusalem

Entre 1945 et 1955 les divers livres de la Bible furent publiés sous forme de fascicules séparés. Finalement, en 1956, on édita l’ensemble de la Bible en un seul volume. Son titre originel était simplement La Sainte Bible. Mais, en raison du lien étroit avec Jérusalem, l’ouvrage devint rapidement célèbre sous le titre La Bible de Jérusalem, et cette appellation est désormais officielle.

Au moment de sa publication, on souligna le caractère novateur de sa présentation du texte biblique, et depuis lors d’autres éditions de la Bible chrétienne ont adopté son système d’introductions et de disposition de la traduction, avec des notes et des références scripturaires. À l’origine conçue principalement comme une bible de travail, la Bible de Jérusalem a aussi été largement utilisée comme texte liturgique.

La Bible de Jérusalem a vu le jour dans le sillage de l’encyclique Divino afflante Spiritu de Pie XII (1943), qui reconnaissait la légitimité des études historiques et critiques et recommandait en particulier l’étude des genres littéraires pour reconnaître la vérité des textes inspirés. Récoltant les fruits de plusieurs décennies de critique historique des textes sacrés, elle entendait les rendre accessibles à un très large public.

Des versions en d’autres langues vinrent par la suite. The Jerusalem Bible fut publiée en anglais en 1966, par Darton, Longman and Todd, and Doubleday.

Quelques années plus tard, en 1973, l’édition française originale fut entièrement révisée; cette nouvelle édition connut plusieurs réimpressions, dans des formats très variés.

Au tournant des années 2000, l’École a entrepris d’utiliser des ressources offertes par Internet pour préparer la mise en ligne d’une Bible numérique. Un important chantier de recherche a alors été lancé, la La Bible en ses Traditions , qui rassemble des dizaines de chercheurs à travers le monde, sous la direction de l’ÉBAF.
La puissance des moyens numériques permet, non seulement de faire apparaître pour chaque péricope les diverses version du texte biblique (hébraïque, grecque, latine, syriaque), mais aussi de mettre en valeur l’incroyable richesse de la réception du texte dans la patristique, la liturgie, les arts, etc.
Cette édition numérique sera ainsi un complément accessible à tous du texte imprimé qui est aussi en cours de mise à jour par les Éditions du Cerf.

 

Retrouvez la Bible de Jérusalem aux Éditions du Cerf




Bible in Jerusalem, un colloque annuel de jeunes biblistes dominicains

Pour la troisième année consécutive, un groupe d’une dizaine de jeunes frères dominicains, pour la plupart en cours de doctorat, se réunissaient à l’École biblique début janvier afin de partager leurs recherches en exégèse théologique. Trois frères reviennent avec nous sur cette semaine de travail.

La première semaine de janvier, Bible in Jerusalem réunissait une quinzaine de frères de six nationalités dans les locaux de l’École biblique. Cette année, ils avaient choisi d’étudier ensemble le passage de l’Ascension d’Elie dans le Second livre des Rois, chapitre deux. L’année dernière certains frères présentaient plutôt leurs travaux personnels du moment, par exemple leurs sujets de thèse. L’idée étant d’alterner une année de présentations de recherches personnelles avec une année de recherche en commun sur un thème choisi.

Frère Renaud Silly, o.p. – Province de Toulouse

« Bible in Jerusalem est né d’une décision prise avec le Maître de l’Ordre et plusieurs exégètes de la même génération. On vient ici à la fois pour profiter la force de l’École biblique et parce que nous sommes religieux d’un même ordre, ayant la même formation académique » explique le frère Silly, enseignant à l’Institut Catholique de Toulouse, au Studium dominicain, ainsi qu’à l’École biblique au cours du second semestre. « On vient ici pour partager, en tant qu’exégètes en train d’affiner nos perceptions ; l’idée est de travailler entre pairs, même s’il y a trois organisateurs il n’y a d’ailleurs pas de réelle hiérarchie ».

Pour ce frère français, ce colloque annuel met aussi en valeur une particularité très dominicaine, le désir de vouloir « mettre en commun ». Grâce à des ateliers en lien avec le programme Bible en Ses Traditions, incluant la rédaction de commentaires des écritures saintes, les frères s’inscrivent dans les pas du Père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École. Les jeunes frères qui viennent ici veulent en effet se sentir libres de « poursuivre une ligne qui ne suive pas forcément celle des autres, même si le monde n’attend pas cela aujourd’hui » explique frère Renaud Silly, lui-même spécialisé sur les Proverbes et l’influence du monde grec sur la Septante.

Frère Bruno Clifton, o.p. – Province d’Angleterre

L’un des trois organisateurs de la session 2017, Fr. Bruno Clifton, est doctorant à Cambridge, il se spécialise sur une approche sociologique du Livre des Juges, en lien avec L’Essai sur le Don de Marcel Mauss. Pour lui, participer à Bible in Jerusalem permet avant tout de « vivre un moment fraternel pour partager nos connaissances de la Bible » tout en venant en soutien à « l’École et à son travail ». Le frère Clifton explique que ce colloque est un moyen « d’apprendre de la Bible de façon différente, ensemble, mais aussi de se connaître en tant que Dominicains, comprendre aussi ce qu’on peut recevoir des autres institutions ».

Au cours de leur semaine d’étude à Jérusalem, trois jours sont consacrés à la présentation de travaux et aux ateliers d’écriture et un jour est dédié à une excursion, les frères profitent en effet de leur présence en Terre sainte pour visiter un lieu important. Cette année c’était la forteresse hérodienne de Massada, perchée sur une colline de granit surplombant la mer morte, et le site de Tel Arad, qui regroupe une cité cananéenne et une forteresse du royaume de Juda, dans le Néguev. «On se rappelle ainsi l’idée du Père Lagrange, le désir d’étudier la Bible sur place. Un frère étudie le lieu en amont pour nous le présenter ensuite au cours de la semaine, cette année c’était le Fr. Jordan Schmidt, originaire de la province de Washington » détaille Bruno Clifton.

« Je suis très heureux de venir à ces sessions, j’en vois les bénéfices à la fois intellectuellement et pour l’ordre. En septembre dernier deux jeunes frères de Bible in Jerusalem participaient à un de nos colloques à Cambridge, au moins je les connaissais ! »

José Rafael Reyes Gonzalez – Province d’Hispania

« On vient évidemment profiter d’une longue tradition d’étude de la Bible mais aussi du fait de pouvoir l’étudier au pays de son origine…» explique le frère Rafael Reyes Gonzalez, originaire de Séville, actuellement en doctorat à l’Universidad de Salamanca, et lui aussi diplômé du Biblicum Pontificum de Rome. «Bible in Jerusalem est aussi un moyen de ne pas se sentir seul dans la recherche, on est plusieurs à avoir étudié à Rome ensemble et on se retrouve ici » explique le père José, de retour de deux ans d’enseignement sur les évangiles synoptiques et le Livre des prophètes à Cuba.

« Ici je profite aussi de la bibliothèque, je trouve du temps pour bénéficier de la richesse du lieu en parallèle de ce que nous propose le colloque. Si un chercheur de l’École est spécialiste d’un sujet qui m’intéresse, j’ai besoin de le voir pour profiter de son opinion. C’est essentiel pour ma recherche » commente le père, travaillant sur les origines de la Christologie en plus de sa mission auprès de la paroisse de Séville.

La prochaine édition de Bible in Jerusalem aura lieu en janvier 2018, d’ici vous pouvez profiter de leurs premiers travaux, publiés en ligne sur le site de la Bible en Ses Traditions. La session s’adresse à tous les jeunes dominicains spécialisés en exégèse et désireux de partager leurs recherches, toujours dans une perspective de quête spirituelle, celle de l’Ordre des Prêcheurs.



CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : LE FRÈRE DE LA CÔTE EST

Qui es-tu, frère Leo ?

Je suis le frère Leo CHECKAI, dominicain de la province de Saint Joseph (États-Unis). Actuellement doctorant à l’École biblique et archéologique française, j’ai enseigné pendant trois ans au niveau universitaire aux États-Unis, avant d’être envoyé par mes supérieurs pour suivre le parcours pontifical en Sciences bibliques. C’est un programme exigeant et de longue durée, conçu pour former en profondeur.

Avant cela, mes supérieurs ont voulu s’assurer que l’enseignement me convenait réellement. Ils m’ont donc envoyé à Providence College, où j’ai enseigné dans le département de théologie. J’y ai donné des cours d’introduction au Nouveau Testament, aux fondements de la théologie, à la pensée de saint Thomas d’Aquin, ainsi qu’un programme interdisciplinaire intitulé Development of Western Civilisation, qui combine théologie, philosophie, histoire et littérature.

Pourquoi avoir choisi l’ÉBAF ?

J’ai été attiré par l’ÉBAF pour la combinaison rare d’une recherche scientifique de haut niveau et d’un véritable esprit de piété. J’y prépare une thèse sur la Vetus Latina, la version latine ancienne (pré-vulgate) de l’Épître aux Hébreux. Là où l’Ordre m’enverra ensuite — aux États-Unis ou ailleurs — je transmettrai ce que j’y ai appris.

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

Ce qui est nouveau pour moi ici, ce sont les visites sur les sites bibliques de Terre sainte. Désormais, lorsque je lis la Bible, je me dis : « Ce lieu, je l’ai vu ! » — et cela transforme ma manière de lire les Écritures. Les remarques d’autres étudiants m’ont aussi permis de prendre conscience de ce qui me semble parfois naturel dans les écoles dominicaines. Ils sont impressionnés de voir les frères s’adonner à une critique scientifique rigoureuse des Écritures, puis se retrouver aussitôt à la chapelle pour prier la liturgie de ces mêmes textes. C’est une expérience qu’ils n’ont pas connue ailleurs. Pour moi, cela va de soi : c’est l’esprit des écoles dominicaines — tel que je l’ai connu aux États-Unis, à la Faculté pontificale de l’Immaculée Conception à Washington, et tel que je l’ai découvert ici, dans l’héritage du Père Lagrange.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Messe présidée par Fr. Leo dans le désert du Néguev.

 

Quels sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

Ce qui me frappe à l’ÉBAF, c’est l’engagement des frères dans la vie intellectuelle et leur volonté de cultiver une recherche de très haut niveau. L’école offre une certaine souplesse que l’on ne retrouve pas toujours dans les grandes institutions. À mon arrivée, j’avais un sujet de doctorat en tête, mais au fil du programme, j’ai découvert un thème bien plus adapté à mes intérêts. Dans une structure plus rigide, avec un parcours strictement balisé, je n’aurais peut-être pas eu cette liberté. Ici, grâce au dialogue avec les professeurs, j’ai pu réorienter mon travail vers une dissertation qui me convient parfaitement. J’ai une passion particulière pour les traditions latine et grecque des Écritures, ainsi que pour l’hébreu. Mon travail sur la Vetus Latina — l’ancienne traduction latine — consiste à comprendre comment ces textes latins interagissent avec les Écritures grecques. Il est impossible d’étudier sérieusement le vieux latin sans le confronter au grec. Tout ce que je fais consiste à explorer cette relation entre les deux traditions.

Comment articules-tu foi et raison ?

Comme beaucoup de dominicains, j’ai une grande confiance dans le fait que Dieu est l’auteur de toute vérité — qu’elle soit surnaturelle ou naturelle. Même si, à première vue, certaines vérités surnaturelles semblent difficilement conciliables avec les découvertes naturelles, je crois profondément qu’elles s’accordent au final. C’est cette certitude qui me donne une grande liberté : je n’ai aucune crainte à suivre les méthodes rigoureuses des sciences naturelles. Je suis convaincu qu’à terme, toutes les vérités, spirituelles et scientifiques, s’intègrent dans un même dessein harmonieux.

Que représente la Terre Sainte pour toi ?

Dans la tradition et la pensée de l’Église, il existe une notion de sacramentel qui dépasse les sept sacrements eux-mêmes. Il s’agit de réalités qui, par leur lien avec Dieu ou les choses saintes, deviennent des canaux de grâce. Par le simple fait que le Seigneur s’est incarné ici, qu’Il a vécu dans cette terre et qu’Il y a agi dans l’histoire de son peuple — dans l’arche vivante de son alliance — cette terre a été sanctifiée. C’est pourquoi nous l’appelons la Terre Sainte. Certes, dès les Pères de l’Église, certains ont raillé cette appellation en disant : « Elle sera sainte quand les gens arrêteront de s’y entretuer. » Pourtant, aucun péché, aucune violence ne peut empêcher la grâce de Dieu d’agir — en nous, sur nous, à travers nous. Même si les événements bibliques sont éloignés dans le temps, il demeure quelque chose de profondément sacré dans le fait de se trouver en ces lieux où ils se sont déroulés.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Cours de topographie au musée d’Israël, à Jérusalem.

 

Comment ton séjour à Jérusalem influence-t-il ta vie chrétienne ?

Dès mon arrivée, j’ai compris que Jérusalem est un lieu où les gens ont des conceptions très diverses de la manière dont Dieu doit être adoré. Même si les tensions peuvent parfois monter, ce que je remarque le plus souvent, c’est un profond respect entre ceux qui, même avec des pratiques différentes, cherchent sincèrement à honorer Dieu. Cela m’inspire énormément. Être témoin de cette ferveur me pousse à approfondir ma propre foi et à adorer Dieu avec encore plus de ferveur.

Que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite étudier à l’ÉBAF ?

C’est une opportunité exceptionnelle. Mais il faut bien se préparer ! Assurez-vous de maîtriser vos langues bibliques avant d’arriver, et commencez à apprendre le français dès que possible. Attendez-vous à apprendre énormément — non seulement en cours, mais aussi en dehors des salles de classe.

Que dirais-tu aux donateurs de l’ÉBAF ?

Un immense merci. Sans vous, nous ne pourrions pas accomplir notre mission. C’est cela, être un ordre mendiant : notre travail, c’est l’étude, et l’étude ne génère pas de revenus. Si vous croyez en l’importance de notre recherche et de notre prédication, continuez à nous soutenir. Nous prions pour vous.

 

Lire l’original en anglais en cliquant en haut à droite de votre écran sur English dans le menu des langues.

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CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : UN MISSIONNAIRE DES SAINTS APÔTRES

Peux-tu te présenter ?

« Je suis le Père Joseph Théophile NGOUO, m.s.a, c’est-à-dire Missionnaire des Saints Apôtres. Je suis originaire de la région montagneuse de l’Ouest du Cameroun. Après mon mandat au conseil général de notre congrégation, dont j’étais responsable général de la formation, j’ai effectué un bref séjour dans mon pays, avant de prendre une année sabbatique à l’ÉBAF en pensant me reposer, mais surtout pour entreprendre de nouveaux projets. »

 

Pourquoi as-tu choisi l’ÉBAF ? 

Je trouve que c’est un lieu approprié pour vivre cette période sabbatique dans tout ce que cela comporte. A la fin de mon mandat au conseil général, Mgr. FRANCO MARTÍNEZ, évêque du diocèse de Ségovie (Espagne), avec qui j’avais beaucoup d’amitié, de confiance et d’estime, me l’avait vivement conseillé. L’ÉBAF, est un lieu pleinement spirituel (qui favorise la rencontre avec le Christ dans la prière, l’oraison, le silence ; de plus, c’est un lieu académique et donc intellectuel qui me permet de se mettre à jour et de bien se préparer avant de se lancer dans un nouveau projet de formation. C’est aussi un lieu de vie fraternelle et communautaire, ce qui est important pour un membre comme moi d’une société de vie apostolique que je sois dans un cadre comme celui-ci. C’est une dimension essentielle de notre société.

 

Quel est ton projet académique ?

Je me prépare à être formateur dans une de nos maisons d’étude au Cameroun et aussi dans la mesure du possible à intégrer le corps professoral de l’École Théologique Saint Cyprien de Ngoya (Yaoundé), affiliée au Teresianum de Rome.

 

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

Cela fait moins de deux mois que je suis ici, mais j’ai beaucoup appris. J’ai découvert l’un des sites les plus merveilleux que nous ayons dans l’Église et qui est dédié à St Étienne, c’est la première fois que je vois un lieu associé à la mémoire du protomartyr de notre Église. Il me semble que dans cette maison, nous avons aussi ses reliques et c’est une grâce pour moi d’y passer un séjour. C’est donc d’abord un lieu saint qui est en même temps un lieu de culte, de prière et un lieu de vie. Tout est réuni pour que je passe un séjour formidable. J’ai découvert aussi des personnes très accueillantes, ouvertes et de plusieurs nationalités ; ce qui me donne envie d’en apprendre plus sur eux.

 

Quelles sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

En premier lieu je dirais un projet très solide du fondateur de l’EBAF. Le père LAGRANGE était un homme de Dieu, qui avait une vision très profonde et moderne à la fois. Je crois que cette base est très importante et constitue, à mon avis, le roc ou le socle sur lequel l’École biblique est construite. Après cela, je peux dire que l’École a été prise en main par des personnes qui ont fait fructifier le projet initial à tous les niveaux : spirituellement, intellectuellement et humainement. Je crois que c’est cela qui fait la beauté de cette institution et sa renommée dans le monde après des décennies. Si l’EBAF continue à rayonner, particulièrement sur le plan de la formation intellectuelle, c’est parce qu’elle a des équipes de personnes très bien préparées pour assumer cette lourde responsabilité ; et des gens qui voient loin, qui continuent à incarner cette vision du père Lagrange. À l’EBAF, je passe beaucoup de temps dans un lieu assez unique au monde : la magnifique bibliothèque qui est pour moi la véritable carte postale de l’EBAF. Lorsqu’on entre dans cette bibliothèque, on comprend très vite pourquoi l’EBAF a un tel rayonnement. Je compte bien en profiter, tout comme la très belle basilique où je me rends chaque jour pour prier, adorer et demander l’intercession de saint Étienne, qui est vraiment présent dans cette institution.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. L’abbé Joseph-Théophile et ses camarades à Jérusalem.

 

Tu étudies sur un site archéologique et un lieu saint, que cela te fait-il ?

C’est très beau. J’ai appris grâce au projet du P. LAGRANGE, qu’il ne faut pas simplement avoir la tête dans les documents, et particulièrement la Bible qui est notre document de base dans les études théologiques et bibliques, mais qu’il faut aussi chercher à mieux la comprendre à partir d’une autre réalité qui est tout aussi importante : le monument. Il s’agit donc d’apprendre à s’ouvrir aux données du terrain que nous offrent les recherches archéologiques. Je constate aujourd’hui les lacunes de notre formation théologique effectuée sans ce support archéologique. Alors, je crois que je profite beaucoup sur ce site archéologique. Je solidifie mon socle avec les cours dont je bénéficie à l’École.

 

Comment concilies-tu foi et raison  ?

A la suite de saint Anselme de Canterbury, je professe Fides quaerens intellectum ; la foi en quête d’intelligence. Je suis dans ce cheminement car une foi qui n’est pas éclairée par l’intelligence peut devenir une foi aveugle et peut facilement tomber dans le fanatisme religieux qui a aujourd’hui de graves conséquences. C’est pourquoi, dans ma démarche de foi, j’essaie de mettre un peu de raison dans ce que je crois, sans pour autant tout mettre du côté de l’intelligence puisqu’elle est limitée. Mon intelligence est limitée, comme toute intelligence. Je suis donc conscient que je ne peux pas tout comprendre par l’intelligence. Et quand je ne comprends pas, je commence par un acte de foi. Mon intelligence éclaire ma foi et ma foi élève mon intelligence. Et comme disait aussi saint Augustin, je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire. C’est dans cette dynamique que je m’inscris.

 

Que signifie Terre sainte pour toi ?

Cela signifie beaucoup. La première chose, pour moi, c’est le lieu où tout a commencé, le berceau de la foi chrétienne. Tout ce qui est arrivé à Jésus à quelques pas d’ici est profond, émouvant. Toute sa vie publique s’est déroulée sur cette terre. Il est né à quelques kilomètres d’ici. Le mystère central de notre foi chrétienne, la passion, la mort et la résurrection du Christ, c’est dans cette ville que cela a eu lieu.
C’est émouvant de vivre tout cela. Mais, en même temps que je vis tout cela dans la joie et l’action de grâce, je le vis aussi dans une dramatique d’espérance : nous foulons la même terre que Jésus, nous pouvons marcher là où Il a marché, gravir les sentiers qu’il a lui-même parcourus. Pourtant, cette terre est malheureusement envahie et dévastée par une guerre absurde ; des gens qui souffrent au quotidien, des enfants qui n’ont plus de parents, des jeunes dont l’avenir est hypothéqué et des familles qui ne vivent que dans l’angoisse de la mort… alors quelle espérance pour la Terre sainte aujourd’hui ? Telle est ma prière parce que je suis tout de même conscient que c’est dans les moments les plus obscurs de la vie que Dieu est capable de faire jaillir un rayon de sa lumière. La guerre n’aura pas le dernier mot sur cette terre. Il y a des raisons d’espérer.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. L’abbé Joseph-Théophile et ses camarades à Jéricho.

 

Ton séjour à Jérusalem influence-t-il ta vision de la Terre sainte ?

J’inviterais les gens à venir à Jérusalem pour vivre la réalité. En effet, malgré les conflits, il y a une chose qu’on ne peut découvrir qu’ici, quelque chose qui demeure en ces murs. Et c’est très beau de découvrir cela ; c’est une sensation qui dépasse l’humain et c’est inexplicable. Au-delà de toutes nos sensibilités, au-delà de toutes nos différences et de tous ces bouleversements, la terre sainte a quelque chose de particulier. Les gens peuvent venir à Jérusalem et se laisser toucher par cela.

 

Que dirais-tu à quelqu’un intéressé à venir étudier à l’ÉBAF ?

Je dirais bienvenu ! En vérité j’encourage déjà des amis à faire un tour à l’ÉBAF dans le cadre de leur formation ou d’un séjour sabbatique. C’est un peu comme la rencontre de Jésus avec la samaritaine : quand vous avez vécu une expérience qui vous a marqué, vous allez la raconter autour de vous. À mon tour, je souhaite partager ce que je vis ici et encourager le plus de monde possible à étudier à l’école. 

 

Quel message adresserais-tu aux donateurs de l’ÉBAF ?

Je ne dirai qu’une chose : ils ne sont pas en train d’investir dans le vide. Ils investissent dans une mission concrète qui porte déjà du fruit aux bénéfices du monde entier. Ces gens des quatre coins du monde qui viennent à l’ÉBAF, c’est grâce à ces dons qu’ils peuvent se former pour le bénéfice de tous. Que Dieu multiplie au centuple leurs efforts et produise du fruit en abondance.

 

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CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : LE FRÈRE DE PRAGUE

Premier volet d’une longue série cet été, (re)découvrez les profils des chercheurs venus étudier à l’ÉBAF en 2024-2025 : apprenez-en plus sur leurs parcours, leurs motivations et leurs recherches.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Hyacint ULLMAN, je viens de la République tchèque, je suis rentré chez les dominicains en 2008 avant d’être ordonné prêtre en 2016. J’ai fait mon noviciat à Olmutz, la suite de ma formation à Bordeaux et de 2009 à 2015 j’étais à la province de Toulouse. Je suis revenu au pays où j’ai fait aumônier au lycée archiépiscopal pendant huit ans, au bout desquels j’ai effectué un premier séjour à l’ÉBAF.

Pourquoi l’ÉBAF ?

Grâce à mes études en France j’ai eu une expérience de la culture et de la langue française. C’est exceptionnel d’être ici, de pouvoir visiter tous les lieux, les cours d’archéologie et de topographie, également la bibliothèque et le savoir partagé par les professeurs, c’est super. Mon provincial était d’accord pour que je puisse venir à à l’ÉBAF.

Quel est ton projet académique ?

Je vise un approfondissement de la parole de Dieu, des études plus poussées, je suis là pendant deux ans pour obtenir le diplôme de l’école, préparer le baccalauréat puis la licence en science biblique à Rome à la commission biblique pontificale. C’est une institution qui publie des textes sur la bible dont les auteurs sont nommés par le Pape. Nous sommes plusieurs à l’ÉBAF à préparer cet examen. 

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

La première fois était il y a cinq ans, j’étais alors venu avec un petit groupe d’amis qui fréquentait la messe de la basilique Saint Étienne. Ce qui m’a surpris est que tout est neuf ! Il y a eu de grands travaux de rénovation. Je suis très content d’être dans cette communauté fraternelle, qui se réunit plusieurs fois par jours pour prier ensemble. Ce qui est très bien est de pouvoir travailler avec ceux qui vivent à l’ÉBAF, non seulement les frères mais aussi les étudiants avec qui il y a une super ambiance.
Avant d’arriver je ne connaissais personne et je ne savais pas comment les choses iraient, alors je me réjouis de cette découverte. J’aime beaucoup les sorties topographiques, c’est inédit pour moi.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Fr. Hyacint explique le site de Mamshit, dans le Néguev.

 

Quelles sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

Assurément sa bibliothèque et son emplacement. Je passe beaucoup de temps à ma table d’étude, bien que chaque jour je veille à marcher une heure, je vais en ville visiter les lieux saints par exemple. C’est important de sortir suffisamment. Je prépare un travail pour la fin d’année académique à la bibliothèque. Je me suis lancé sur l’étude du Psaume 91, qui commence par « Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter ton nom, Dieu Très-haut » qui exprime la confiance en Dieu. À la bibliothèque j’étudie des amulettes qui auraient été utilisées pour combattre des démons par des juifs et ensuite des chrétiens. Je cherche à savoir si elles ont vraiment existé et quel était leur but.

Tu étudies sur un site archéologique et un lieu saint, que cela te fait-il ?

D’une certaine manière je suis habitué à vivre près de lieux saints. En effet nous sommes tout proches des débuts du christianisme, mais aussi du père LAGRANGE en cause de béatification. Nous cherchons la vérité par la bible et l’amour de Dieu. Cette communion vivante avec ceux qui habitent et ont habité le couvent dépasse tout ce qu’on peut voir avec les yeux : il y a aussi les yeux de la foi. Ici, à l’endroit du martyr de St Étienne,  nous avons célébré trois fois la Toussaint dans la même semaine.

Comment concilies-tu la raison et la foi ?

On fait confiance en Dieu et tout ce qu’il nous a révélé en Jésus. La prière, l’oraison et le chapelet chaque jour nourrissent l’esprit, encore plus à Jérusalem en visitant les lieux saints. Cela m’amène à vouloir en savoir plus sur Dieu et mieux le connaître. Les études et la connaissance intellectuelle alimentent l’amour que je porte à Dieu ; c’est tout l’objet de la Bible. On apprend aussi les langues anciennes. On est toujours contents avec une parole vivante de Dieu, qui nous transforme.
Je ne distingue pas raison et foi, au contraire, je les associe. Ce sont les deux jambes d’un seul corps, il n’y a pas l’un sans l’autre.


Que signifie Terre sainte pour toi ?

J’ai l’impression qu’il y a plusieurs niveaux de Terre sainte. Pour commencer j’ai envie de dire que la Terre entière est sainte par la venue de Jésus : tout homme, tout pays est touché par la grâce de Dieu qui est source d’existence. Je l’ai expérimenté dans ma vie dominicaine en ayant changé de couvent, en revenant dans ma petite ville en Tchéquie… Dieu est omniprésent. C’est une région marquée par la politique, les trois religions abrahamiques, chacune avec ses sous-divisions. Passer la ligne de tramway revient à changer de monde, les quartiers n’ont rien à voir les uns avec les autres. Jérusalem est une multiplicité de mondes. On pourrait aussi parler de Tel Aviv ou encore Jéricho qui sont complètement différents : de la Méditerranée au Jourdain ce n’est pas la même chose. Plus simplement, j’ai envie de découvrir la Terre sainte parce qu’il y a cinq ans je n’ai pas eu le temps de tout faire. Chaque visite est l’occasion de porter un regard nouveau.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Le frère Hyacint prêche à la chapelle du Mont Nébo, en Jordanie.


Ton séjour à Jérusalem change-t-il ta vision de la Terre sainte ? 

Il y a cinq ans, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais une image des montagnes de Judée, de la dépression jordanienne, cependant en lisant la bible on se fait déjà une petite idée des lieux.


Que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait étudier à l’ÉBAF ?

C’est une très bonne idée, il ne faut pas avoir peur de l’inconnu, de la distance, de la situation – cela vaut la peine de venir. Il faut en faire l’expérience.

Quel message donnerais-tu à nos bienfaiteurs ?

Merci beaucoup ! C’est unique ce que l’École fait. L’école maintient son programme avec ses chercheurs, boursiers, prêtres… peu importe les raisons de leur venue. C’est une communauté unique où l’on confronte le texte biblique et son contexte, cela vaut le coup de soutenir les efforts de l’ÉBAF qui est comme une bulle en ces temps de guerre.

 

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ARCHÉOLOGIE : VOYAGE D’ÉTUDE EN GALILÉE

L’École biblique et archéologique française de Jérusalem a, cette année encore, organisé un voyage d’étude topographique en Galilée et au Golan.

Pour ce troisième et dernier voyage d’étude de l’année académique, accompagnés par le frère Yunus DEMIRCI, o.f.m. Cap, une quinzaine d’étudiants est partie explorer les sites majeurs du ministère de Jésus, quelques temps seulement après avoir célébré Pâques, où selon les Évangiles où le Christ nous précède. « Est-ce pour répondre à l’invitation évangélique que notre groupe s’aventure maintenant en Galilée ? » s’interroge un étudiant. Voyage sur les traces des différentes civilisations qui ont laissé leurs empruntes dans la pierre, particulièrement sur la Via Maris. Autant d’endroits fascinants que les chercheurs ont eu la joie de reconnaître après les avoir étudiés.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Synagogue de Capharnaüm. Aussi appelée, par certains, Synagogue de Jésus.

 

En effet, visiter la Galilée c’est parcourir l’histoire, de l’Ancien au Nouveau Testament. Confronter l’histoire de ces sites juifs, chrétiens et parfois judéo-chrétiens avec leurs traces archéologique a été le propre de cette semaine de topographie. Des villes côtières parcourues par les Douze jusqu’au Tel dan lié par la Bible « de Dan à Beer Sheva » les étudiants ont pu compléter leur formation par une approche de terrain. Alors que les catholiques du monde entier avaient les yeux rivés sur Rome dans l’attente d’un nouveau pape, visiter le sanctuaire de Tabgha où est célébré la Primauté de Pierre avait une saveur toute particulière.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Ruines byzantines de Susita.

 

Si chacun peut étudier l’histoire de la région dans les livres, seules des visites de terrain permettent de se l’approprier avec une telle profondeur. Spécificité de l’ÉBAF depuis sa fondation. Nous sommes heureux d’avoir pu, une fois de plus, accomplir cette mission.

Cliquez ici pour regarder une courte vidéo de notre périple.

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Ce voyage d’étude, comme celui en Jordanie et au Néguev, est rendu possible par la générosité de nos donateurs.

 

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Décès de Fr. Wilfred HARRINGTON, o.p., ancien étudiant de l’ÉBAF

L’ÉBAF apprend avec tristesse le décès du frère Wilfred HARRINGTON, o.p., dominicain de la province d’Irlande et ancien étudiant de l’ÉBAF (1955-1956).

Dans les années 50, après des premières études à l’Angelicum, il vint à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem pour approfondir ses connaissances des textes sacrés, ce qui lui valut sa licence de la Commission biblique en Saintes Écritures.

Il rapporta le fruit de ses recherches pour enseigner non seulement dans son Irlande natale, notamment à la Dominican house of studies de Tallaght, mais aussi outre-Atlantique au St Mary’s College dans l’état du Vermont.

Auteur de plus de 40 livres, beaucoup traduits en français, espagnol et polonais, son ouvrage en trois volumes Key to the Bible est devenu un incontournable de nombreuses universités et séminaires.

Nos pensées et nos prières vont à sa famille et ses frères et sœurs de l’Ordre des Prêcheurs.



LES JEUDIS DE L’ÉBAF : TRADUCTION ET RÉVISION D’EZÉCHIEL 1

Jeudi 24 avril 2025, frère Baptiste SAUVAGE, o.c.d., collaborateur scientifique de l’Université de Fribourg et actuellement assistant à la Bible En Ses Traditions, a donné une conférence intitulée :
« Maʿasse merkava : interdit d’en parler ! Traduction et révision d’Ezéchiel 1 ».

Détenteur d’une thèse sur le livre du prophète Ezéchiel, fr. Baptiste se spécialise en exégèse et a montré le fruit de ses années de recherche à la communauté académique de l’ÉBAF.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. 
Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.

 

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