HÉBRON : NOUVELLES DES FOUILLES FRANCO-PALESTINIENNES À RAMAT AL-KHALIL

Notre ami Vincent Michel, professeur d’archéologie à l’Université de Poitiers nous envoie un résumé de la campagne de fouilles à Ramat al-Khalil (Chêne de Mambré) Hébron.


La 6e campagne de fouilles de la mission franco-palestinienne de Ramat el-Khalil (Chêne de Mambré) à Hébron s’est déroulée du 18 juin au 21 juillet 2023 sous la direction de Vincent Michel, dans le cadre d’une convention avec le Ministère des Antiquités et du Tourisme, sous l’égide du laboratoire HeRMA de l’Université de Poitiers, financée par la commission des fouilles du ministère des Affaires étrangères français et avec le soutien du Consulat Général de France à Jérusalem.

 

La mission a réuni une dizaine de français tant archéologues que topographes, numismate, céramologues, historiens de l’art et une équipe palestinienne. Après avoir réétudié “l’enceinte sacrée” (2016-2018), témoin de la vénération ininterrompue du chêne biblique de Mambré, la mission a poursuivi ensuite ses travaux dans la fouille d’un terrain libre de toutes constructions modernes situé à l’est de l’enceinte.

Cette année fut marquée par de belles découvertes pour l’époque byzantine (Ve-VIIe): l’existence d’un grand bâtiment à plan centré pourvu de quatre exèdres ayant eu une fonction vraisemblablement baptismale ; s’il ne demeure plus rien ni de la cuve, ni de son emplacement au centre de l’édifice, elle devait être alimentée par une profonde citerne creusée à proximité.
Du sol, ne sont conservées que des tesselles de mosaïques éparses.

Ce secteur a été profondément et densément réoccupé aux périodes médiévales par un ensemble de pièces d’habitation dont une conservait un rare décor mural peint et une autre un bassin au sol délicatement enduit.

Entre l’enceinte et ces bâtiments, une citerne creusée à l’époque antique a été transformée en un rare columbarium, le premier découvert à Hébron !

 Outre la fouille, la mission a été heureuse d’organiser une sensibilisation à la protection du patrimoine à destination des enfants de la Vieille ville d’Hébron et pendant 4 jours, un atelier sur la lutte contre le trafic illicite des biens archéologiques à Bethléem dans le but de renforcer la coordination bilatérale franco-palestinienne avec une approche interdisciplinaire et transversale. La délégation française composée du policier Stéphane Blumel (OCBC), du douanier Frédéric Pons (DGDDI) et du magistrat Sébastien de la Touanne (PNF) a achevé le workshop par la visite de la Vieille ville de Jérusalem et celle de l’École biblique avec Jean-Jacques Pérennès.



Nouvelles photos de la basilique

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NOUVELLES DES FRERES EN EXIL

Il y a trois mois, nous vous donnions des nouvelles des frères qui n’avaient pas pu rentrer à Jérusalem suite au colloque du 6 mars à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ou à des déplacements d’ordre personnel. Le temps ayant laissé place à de nouvelles perspectives, la situation a évolué.

Fr. Jean-Michel de Tarragon o.p. et Émile Puech se sont envolés de Roissy pour Tel Aviv le jeudi 16 juillet, en passant par Frankfort-Hahn. L’École a aussi retrouvé son vice-directeur : Fr. Anthony o.p. a pu rentrer des Etats-Unis.

Fr. Jean Jacques Pérennès o.p. et Fr. Jean-Baptiste o.p. devront — aux dernières nouvelles — attendre le mois d’aout pour pouvoir repartir et Fr. Antoine Lévy o.p. demeure toujours en Finlande, patientant jusqu’à la possibilité d’un retour.

Fr. Olivier-Thomas Venard o.p., Fr. Dominique-Marie Cabaret o.p. et Fr. Christian Eeckhout o.p. ont fait le choix de rester en France pour le moment.

Pendant ce temps, à Jérusalem, l’École est passée au rythme de l’été. La grande majorité des étudiants et des chercheurs en séjour s’en sont retournés dans leurs pays respectifs entre le début de la crise sanitaire et le mois de juin. Les activités de l’École, auparavant ralenties par la crise, se poursuivent néanmoins, plus tranquillement cependant et encore à distance pour certains.

Les programmes de l’année académique prochaine ont été publiés au printemps. Il nous reste à espérer que les visas des étudiants et chercheurs seront délivrés à temps pour permettre une rentrée normale au 1er octobre.

Dans l’attente de la rentrée académique 2020-2021, les membres de l’École biblique vous souhaitent un bel été.



MISE AU VERT FORCÉE : QUELQUES NOUVELLES DES EXILÉS

Dans un de nos derniers articles (« Maintien des cours… à distance : l’École s’adapte »), nous vous informions que certains frères et professeurs s’étaient rendus à Paris pour un colloque à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et n’avaient pu revenir à Jérusalem. Une mise au vert forcée, qui n’empêche pas les exilés de continuer à travailler, entre les prises de nouvelles de ceux qui sont confinés au couvent Saint-Etienne.

Le monastère de Beaufort

Frère Jean Jacques Pérennès o.p., directeur de l’École, a trouvé refuge en Bretagne chez les moniales dominicaines de Beaufort, tout près de Saint Malo où se trouve sa mère en fin de vie. Il ne manque pas d’ouvrage car il suit la vie de l’École, via Skype et Zoom, relayé sur place par le Fr. Martin Staszak o.p., nomme vice-directeur par intérim pour cette période. Moins occupé, il envisage un autre rapport au temps — il en prend un peu plus pour lui.
Frère Olivier-Thomas Venard o.p. est confiné en famille dans le Périgord. Plus de vingt pas le séparent maintenant des assistants de recherche de la Bible en ses traditions. Cela ne l’empêche pas de continuer à piloter à distance les projets du programme.Frère Jean-Baptiste Humbert o.p. est lui aussi en compagnie de quelques membres de sa famille, en un lieu franc-comtois tenu secret… Voilà l’archéologue privé du ‘’terrain’’, ce qui finalement lui laisse le temps d’avancer sur des publications et autres productions.

Fr. Jean-Baptiste Humbert o.p. confiné dans l’atelier de peinture de sa soeur.

Le monastère Sainte-Marie Madeleine, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.

Frère Dominique-Marie o.p., est chez les moniales de Saint-Maximin, où, en plus d’être aumônier, il leur fabrique le pain. Il est néanmoins désolé de voir annulés les prochains voyages d’étude et les traditionnelles ‘’Visites du samedi’’. Plus question non plus d’arpenter Jérusalem le mardi après-midi avec les étudiants, confinés eux aussi. Ses cours — comme ceux des autres professeurs — se poursuivent néanmoins via la plateforme ZOOM.

La maison où le fr. Jean-Michel de Tarragon est confiné, chez son frère aîné.

Deux des membres de l’École sont toutefois dans l’incapacité de poursuivre leurs activités.
Il est impossible pour le frère Jean-Michel o.p., en visite prolongée chez son frère et sa belle-sœur dans un petit village du Sud-Ouest, de travailler en dehors de la photothèque. Une de ses occupations quotidiennes : sortir le chien sur les sentiers champêtres.
Émile Puech est en revanche resté à Paris, près d’amis. L’enseignant-chercheur infatigable est ennuyé de n’avoir pas pris ce qu’il lui aurait fallu pour avancer sur l’exploration de manuscrits, la production et le recensement d’articles ou de livres. Au moment du départ, qui pouvait sérieusement se douter qu’ils allaient rester bloqués ?

Église du couvent de Lille.

Deux frères voyageaient eux aussi — mais pour d’autres raisons que le colloque — lorsque la crise du Covid-19 a éclatée.
Frère Antoine Lévy o.p. s’envolait pour Helsinki le mois dernier. Sur une des pages de son agenda : une opération médicale dans une clinique finlandaise. L’occasion pour lui de retrouver la petite communauté dominicaine de la capitale où il avait vécu une quinzaine d’années avant de rejoindre Jérusalem.
Frère Anthony Giambrone o.p. est à Washington dans la maison d’études des dominicains. Venu aux États-Unis pour un colloque et un traitement médical, il a dû, lui aussi, y rester, mais s’en trouve bien. So far, so good.
Parti en année sabbatique, Frère Christian Eeckhout o.p. a comme prévu passé plusieurs semaines en Inde avant de se rendre en Bretagne. Après quoi il a du modifier ses plans. Il réside depuis le début du mois de mars au couvent dominicain de Lille. Le confinement ne l’a pas empêché de contribuer à d’autres projets (notamment ThéoDom), avec l’énergie qu’on lui connaît.

Une question trotte dans un coin de la tête des exilés : à quand un possible retour à Jérusalem ? Pour l’heure, nul ne le sait. Il faut patienter jusqu’au reflux du Covid-19 et la prise de mesures des gouvernements français et israéliens. En attendant, bien que le temps semble parfois long, chacun est en bonne santé, l’École poursuit ses missions et c’est bien là l’essentiel. Les exilés se réjouissent beaucoup en tout cas des bonnes nouvelles qui leur viennent de Jérusalem.



Nouvelles de la Résidence Qumrân 2019 à l’École biblique

L’École biblique reçoit cette semaine en Résidence de chercheurs 10 spécialistes de l’édition des textes de Qumrân, venant de diverses universités et centres de recherches (Birmingham, Penn State, Denver, Uppsala, Metz, Strasbourg, Helsinki, McMaster University, St Edward’s, Groningen, Oslo).

Cette Résidence de chercheurs leur permet de travailler intensivement avec les riches ressources de la bibliothèque de l’École biblique, d’échanger une heure par jour en séminaire sur leurs travaux respectifs, de retrouver quelques collègues israéliens spécialistes et de profiter de la ville de Jérusalem en ce doux mois de septembre.

Cette formule de Résidence de chercheurs, plus légère qu’un colloque, revivifie un engagement fort de l’École biblique en études qumrâniennes, depuis les fouilles de Roland de Vaux et la première équipe d’éditeurs des textes, avec Dominique Barthélemy, Joseph Milik, John Strugnell, etc.

Vous trouverez ci-dessous quelques réactions des participants.

 

« La Résidence Qumrân a été conçue sur le modèle des résidences d’artistes. Cela est inhabituel dans l’univers de la recherche mais il est très satisfaisant d’avoir pu créer un environnement original, agréable et efficace pour la recherche. L’idée était que chacun puisse se sentir libre de s’ouvrir et, pourquoi pas, de dire : ‘’J’ai cette idée un peu folle : qu’en pensez-vous ?’’, dans une atmosphère bienveillante. C’est très épanouissant professionnellement et personnellement. » Michael Langlois, Maître de conférences à l’Université de Strasbourg (France) en délégation CNRS au Centre Français de Recherche de Jérusalem, initiateur avec l’École biblique de la première Résidence Qumrân.

« Grâce à toutes les nouvelles méthodes informatiques de pointe, en particulier l’intelligence artificielle avec laquelle nous travaillons, la recherche progresse vers de nouvelles façons de comprendre les scribes et les personnes qui se trouvent derrière les manuscrits de la mer Morte. De plus, nous formons une équipe interdisciplinaire qui regroupe diverses disciplines scientifiques (intelligence artificielle, physique, chimie) et humaines en interaction. C’est une expérience d’apprentissage passionnante. La science est une véritable entreprise sociale. C’est aussi pour cela que le fait d’être ensemble, de travailler ensemble, de discuter ensemble ici à l’École pendant la Résidence Qumrân est vraiment une expérience fantastique ; c’est le paradis des chercheurs des manuscrits de la mer Morte ! » Mladen Popović, Professeur d’Ancien Testament et de Judaïsme ancien, directeur du Qumran Institute de l’Université de Groningen (Pays-Bas).

« C’est un réel plaisir et un honneur de faire partie de cette première Résidence Qumrân ! Le mode de fonctionnement de cette Résidence permet l’émergence de discussions que l’on n’aurait pas pu anticiper. Ces conversations nous font évoluer non pas seulement individuellement mais aussi comme une communauté de recherche. Il est très bénéfique de pouvoir collaborer, partager nos expertises et avoir un retour d’autres spécialistes sur nos travaux. Qui plus est, nous sommes accueillis dans un cadre d’études exceptionnel et nous avons accès à la riche bibliothèque de l’École biblique. » Kelley Coblentz Bautch, Professeur d’Études Religieuses et Théologiques à St Edward’s University, Austin (Etats-Unis).

« C’est une excellente idée de rassembler des gens qui travaillent sur un même sujet et qui se connaissent, simplement pour être ensemble et travailler ensemble sans la pression d’un congrès où l’on est très occupé et où l’on a finalement peu de temps pour discuter. Or, discuter et débattre de manière libre, comme si l’on était entre amis autour d’une bière, c’est ce qui permet l’émergence d’idées nouvelles, sur le long terme. Je crois beaucoup au fait que la recherche se fait aussi à travers la dimension humaine. » Jean-Sébastien Rey, Professeur d’Ancien et Nouveau Testament à l’Université de Lorraine, Metz (France).