CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : LE FRÈRE DE LA CÔTE EST

Qui es-tu, frère Leo ?

Je suis le frère Leo CHECKAI, dominicain de la province de Saint Joseph (États-Unis). Actuellement doctorant à l’École biblique et archéologique française, j’ai enseigné pendant trois ans au niveau universitaire aux États-Unis, avant d’être envoyé par mes supérieurs pour suivre le parcours pontifical en Sciences bibliques. C’est un programme exigeant et de longue durée, conçu pour former en profondeur.

Avant cela, mes supérieurs ont voulu s’assurer que l’enseignement me convenait réellement. Ils m’ont donc envoyé à Providence College, où j’ai enseigné dans le département de théologie. J’y ai donné des cours d’introduction au Nouveau Testament, aux fondements de la théologie, à la pensée de saint Thomas d’Aquin, ainsi qu’un programme interdisciplinaire intitulé Development of Western Civilisation, qui combine théologie, philosophie, histoire et littérature.

Pourquoi avoir choisi l’ÉBAF ?

J’ai été attiré par l’ÉBAF pour la combinaison rare d’une recherche scientifique de haut niveau et d’un véritable esprit de piété. J’y prépare une thèse sur la Vetus Latina, la version latine ancienne (pré-vulgate) de l’Épître aux Hébreux. Là où l’Ordre m’enverra ensuite — aux États-Unis ou ailleurs — je transmettrai ce que j’y ai appris.

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

Ce qui est nouveau pour moi ici, ce sont les visites sur les sites bibliques de Terre sainte. Désormais, lorsque je lis la Bible, je me dis : « Ce lieu, je l’ai vu ! » — et cela transforme ma manière de lire les Écritures. Les remarques d’autres étudiants m’ont aussi permis de prendre conscience de ce qui me semble parfois naturel dans les écoles dominicaines. Ils sont impressionnés de voir les frères s’adonner à une critique scientifique rigoureuse des Écritures, puis se retrouver aussitôt à la chapelle pour prier la liturgie de ces mêmes textes. C’est une expérience qu’ils n’ont pas connue ailleurs. Pour moi, cela va de soi : c’est l’esprit des écoles dominicaines — tel que je l’ai connu aux États-Unis, à la Faculté pontificale de l’Immaculée Conception à Washington, et tel que je l’ai découvert ici, dans l’héritage du Père Lagrange.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Messe présidée par Fr. Leo dans le désert du Néguev.

 

Quels sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

Ce qui me frappe à l’ÉBAF, c’est l’engagement des frères dans la vie intellectuelle et leur volonté de cultiver une recherche de très haut niveau. L’école offre une certaine souplesse que l’on ne retrouve pas toujours dans les grandes institutions. À mon arrivée, j’avais un sujet de doctorat en tête, mais au fil du programme, j’ai découvert un thème bien plus adapté à mes intérêts. Dans une structure plus rigide, avec un parcours strictement balisé, je n’aurais peut-être pas eu cette liberté. Ici, grâce au dialogue avec les professeurs, j’ai pu réorienter mon travail vers une dissertation qui me convient parfaitement. J’ai une passion particulière pour les traditions latine et grecque des Écritures, ainsi que pour l’hébreu. Mon travail sur la Vetus Latina — l’ancienne traduction latine — consiste à comprendre comment ces textes latins interagissent avec les Écritures grecques. Il est impossible d’étudier sérieusement le vieux latin sans le confronter au grec. Tout ce que je fais consiste à explorer cette relation entre les deux traditions.

Comment articules-tu foi et raison ?

Comme beaucoup de dominicains, j’ai une grande confiance dans le fait que Dieu est l’auteur de toute vérité — qu’elle soit surnaturelle ou naturelle. Même si, à première vue, certaines vérités surnaturelles semblent difficilement conciliables avec les découvertes naturelles, je crois profondément qu’elles s’accordent au final. C’est cette certitude qui me donne une grande liberté : je n’ai aucune crainte à suivre les méthodes rigoureuses des sciences naturelles. Je suis convaincu qu’à terme, toutes les vérités, spirituelles et scientifiques, s’intègrent dans un même dessein harmonieux.

Que représente la Terre Sainte pour toi ?

Dans la tradition et la pensée de l’Église, il existe une notion de sacramentel qui dépasse les sept sacrements eux-mêmes. Il s’agit de réalités qui, par leur lien avec Dieu ou les choses saintes, deviennent des canaux de grâce. Par le simple fait que le Seigneur s’est incarné ici, qu’Il a vécu dans cette terre et qu’Il y a agi dans l’histoire de son peuple — dans l’arche vivante de son alliance — cette terre a été sanctifiée. C’est pourquoi nous l’appelons la Terre Sainte. Certes, dès les Pères de l’Église, certains ont raillé cette appellation en disant : « Elle sera sainte quand les gens arrêteront de s’y entretuer. » Pourtant, aucun péché, aucune violence ne peut empêcher la grâce de Dieu d’agir — en nous, sur nous, à travers nous. Même si les événements bibliques sont éloignés dans le temps, il demeure quelque chose de profondément sacré dans le fait de se trouver en ces lieux où ils se sont déroulés.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Cours de topographie au musée d’Israël, à Jérusalem.

 

Comment ton séjour à Jérusalem influence-t-il ta vie chrétienne ?

Dès mon arrivée, j’ai compris que Jérusalem est un lieu où les gens ont des conceptions très diverses de la manière dont Dieu doit être adoré. Même si les tensions peuvent parfois monter, ce que je remarque le plus souvent, c’est un profond respect entre ceux qui, même avec des pratiques différentes, cherchent sincèrement à honorer Dieu. Cela m’inspire énormément. Être témoin de cette ferveur me pousse à approfondir ma propre foi et à adorer Dieu avec encore plus de ferveur.

Que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite étudier à l’ÉBAF ?

C’est une opportunité exceptionnelle. Mais il faut bien se préparer ! Assurez-vous de maîtriser vos langues bibliques avant d’arriver, et commencez à apprendre le français dès que possible. Attendez-vous à apprendre énormément — non seulement en cours, mais aussi en dehors des salles de classe.

Que dirais-tu aux donateurs de l’ÉBAF ?

Un immense merci. Sans vous, nous ne pourrions pas accomplir notre mission. C’est cela, être un ordre mendiant : notre travail, c’est l’étude, et l’étude ne génère pas de revenus. Si vous croyez en l’importance de notre recherche et de notre prédication, continuez à nous soutenir. Nous prions pour vous.

 

Lire l’original en anglais en cliquant en haut à droite de votre écran sur English dans le menu des langues.

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CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : UN MISSIONNAIRE DES SAINTS APÔTRES

Peux-tu te présenter ?

« Je suis le Père Joseph Théophile NGOUO, m.s.a, c’est-à-dire Missionnaire des Saints Apôtres. Je suis originaire de la région montagneuse de l’Ouest du Cameroun. Après mon mandat au conseil général de notre congrégation, dont j’étais responsable général de la formation, j’ai effectué un bref séjour dans mon pays, avant de prendre une année sabbatique à l’ÉBAF en pensant me reposer, mais surtout pour entreprendre de nouveaux projets. »

 

Pourquoi as-tu choisi l’ÉBAF ? 

Je trouve que c’est un lieu approprié pour vivre cette période sabbatique dans tout ce que cela comporte. A la fin de mon mandat au conseil général, Mgr. FRANCO MARTÍNEZ, évêque du diocèse de Ségovie (Espagne), avec qui j’avais beaucoup d’amitié, de confiance et d’estime, me l’avait vivement conseillé. L’ÉBAF, est un lieu pleinement spirituel (qui favorise la rencontre avec le Christ dans la prière, l’oraison, le silence ; de plus, c’est un lieu académique et donc intellectuel qui me permet de se mettre à jour et de bien se préparer avant de se lancer dans un nouveau projet de formation. C’est aussi un lieu de vie fraternelle et communautaire, ce qui est important pour un membre comme moi d’une société de vie apostolique que je sois dans un cadre comme celui-ci. C’est une dimension essentielle de notre société.

 

Quel est ton projet académique ?

Je me prépare à être formateur dans une de nos maisons d’étude au Cameroun et aussi dans la mesure du possible à intégrer le corps professoral de l’École Théologique Saint Cyprien de Ngoya (Yaoundé), affiliée au Teresianum de Rome.

 

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

Cela fait moins de deux mois que je suis ici, mais j’ai beaucoup appris. J’ai découvert l’un des sites les plus merveilleux que nous ayons dans l’Église et qui est dédié à St Étienne, c’est la première fois que je vois un lieu associé à la mémoire du protomartyr de notre Église. Il me semble que dans cette maison, nous avons aussi ses reliques et c’est une grâce pour moi d’y passer un séjour. C’est donc d’abord un lieu saint qui est en même temps un lieu de culte, de prière et un lieu de vie. Tout est réuni pour que je passe un séjour formidable. J’ai découvert aussi des personnes très accueillantes, ouvertes et de plusieurs nationalités ; ce qui me donne envie d’en apprendre plus sur eux.

 

Quelles sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

En premier lieu je dirais un projet très solide du fondateur de l’EBAF. Le père LAGRANGE était un homme de Dieu, qui avait une vision très profonde et moderne à la fois. Je crois que cette base est très importante et constitue, à mon avis, le roc ou le socle sur lequel l’École biblique est construite. Après cela, je peux dire que l’École a été prise en main par des personnes qui ont fait fructifier le projet initial à tous les niveaux : spirituellement, intellectuellement et humainement. Je crois que c’est cela qui fait la beauté de cette institution et sa renommée dans le monde après des décennies. Si l’EBAF continue à rayonner, particulièrement sur le plan de la formation intellectuelle, c’est parce qu’elle a des équipes de personnes très bien préparées pour assumer cette lourde responsabilité ; et des gens qui voient loin, qui continuent à incarner cette vision du père Lagrange. À l’EBAF, je passe beaucoup de temps dans un lieu assez unique au monde : la magnifique bibliothèque qui est pour moi la véritable carte postale de l’EBAF. Lorsqu’on entre dans cette bibliothèque, on comprend très vite pourquoi l’EBAF a un tel rayonnement. Je compte bien en profiter, tout comme la très belle basilique où je me rends chaque jour pour prier, adorer et demander l’intercession de saint Étienne, qui est vraiment présent dans cette institution.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. L’abbé Joseph-Théophile et ses camarades à Jérusalem.

 

Tu étudies sur un site archéologique et un lieu saint, que cela te fait-il ?

C’est très beau. J’ai appris grâce au projet du P. LAGRANGE, qu’il ne faut pas simplement avoir la tête dans les documents, et particulièrement la Bible qui est notre document de base dans les études théologiques et bibliques, mais qu’il faut aussi chercher à mieux la comprendre à partir d’une autre réalité qui est tout aussi importante : le monument. Il s’agit donc d’apprendre à s’ouvrir aux données du terrain que nous offrent les recherches archéologiques. Je constate aujourd’hui les lacunes de notre formation théologique effectuée sans ce support archéologique. Alors, je crois que je profite beaucoup sur ce site archéologique. Je solidifie mon socle avec les cours dont je bénéficie à l’École.

 

Comment concilies-tu foi et raison  ?

A la suite de saint Anselme de Canterbury, je professe Fides quaerens intellectum ; la foi en quête d’intelligence. Je suis dans ce cheminement car une foi qui n’est pas éclairée par l’intelligence peut devenir une foi aveugle et peut facilement tomber dans le fanatisme religieux qui a aujourd’hui de graves conséquences. C’est pourquoi, dans ma démarche de foi, j’essaie de mettre un peu de raison dans ce que je crois, sans pour autant tout mettre du côté de l’intelligence puisqu’elle est limitée. Mon intelligence est limitée, comme toute intelligence. Je suis donc conscient que je ne peux pas tout comprendre par l’intelligence. Et quand je ne comprends pas, je commence par un acte de foi. Mon intelligence éclaire ma foi et ma foi élève mon intelligence. Et comme disait aussi saint Augustin, je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire. C’est dans cette dynamique que je m’inscris.

 

Que signifie Terre sainte pour toi ?

Cela signifie beaucoup. La première chose, pour moi, c’est le lieu où tout a commencé, le berceau de la foi chrétienne. Tout ce qui est arrivé à Jésus à quelques pas d’ici est profond, émouvant. Toute sa vie publique s’est déroulée sur cette terre. Il est né à quelques kilomètres d’ici. Le mystère central de notre foi chrétienne, la passion, la mort et la résurrection du Christ, c’est dans cette ville que cela a eu lieu.
C’est émouvant de vivre tout cela. Mais, en même temps que je vis tout cela dans la joie et l’action de grâce, je le vis aussi dans une dramatique d’espérance : nous foulons la même terre que Jésus, nous pouvons marcher là où Il a marché, gravir les sentiers qu’il a lui-même parcourus. Pourtant, cette terre est malheureusement envahie et dévastée par une guerre absurde ; des gens qui souffrent au quotidien, des enfants qui n’ont plus de parents, des jeunes dont l’avenir est hypothéqué et des familles qui ne vivent que dans l’angoisse de la mort… alors quelle espérance pour la Terre sainte aujourd’hui ? Telle est ma prière parce que je suis tout de même conscient que c’est dans les moments les plus obscurs de la vie que Dieu est capable de faire jaillir un rayon de sa lumière. La guerre n’aura pas le dernier mot sur cette terre. Il y a des raisons d’espérer.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. L’abbé Joseph-Théophile et ses camarades à Jéricho.

 

Ton séjour à Jérusalem influence-t-il ta vision de la Terre sainte ?

J’inviterais les gens à venir à Jérusalem pour vivre la réalité. En effet, malgré les conflits, il y a une chose qu’on ne peut découvrir qu’ici, quelque chose qui demeure en ces murs. Et c’est très beau de découvrir cela ; c’est une sensation qui dépasse l’humain et c’est inexplicable. Au-delà de toutes nos sensibilités, au-delà de toutes nos différences et de tous ces bouleversements, la terre sainte a quelque chose de particulier. Les gens peuvent venir à Jérusalem et se laisser toucher par cela.

 

Que dirais-tu à quelqu’un intéressé à venir étudier à l’ÉBAF ?

Je dirais bienvenu ! En vérité j’encourage déjà des amis à faire un tour à l’ÉBAF dans le cadre de leur formation ou d’un séjour sabbatique. C’est un peu comme la rencontre de Jésus avec la samaritaine : quand vous avez vécu une expérience qui vous a marqué, vous allez la raconter autour de vous. À mon tour, je souhaite partager ce que je vis ici et encourager le plus de monde possible à étudier à l’école. 

 

Quel message adresserais-tu aux donateurs de l’ÉBAF ?

Je ne dirai qu’une chose : ils ne sont pas en train d’investir dans le vide. Ils investissent dans une mission concrète qui porte déjà du fruit aux bénéfices du monde entier. Ces gens des quatre coins du monde qui viennent à l’ÉBAF, c’est grâce à ces dons qu’ils peuvent se former pour le bénéfice de tous. Que Dieu multiplie au centuple leurs efforts et produise du fruit en abondance.

 

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CONFÉRENCE SUR LE RABBINISME À OXFORD LE 3 JUILLET 2025

Mercredi 3 juillet 2025 à 17h00, le frère Olivier CATEL, o.p., participera à une conférence au Chabad Center d’Oxford.

La présentation s’articule autour du thème “The Rabbis Performing Miracles: From Exceptional Characters to Sages: A Rabbinisation or Hasidisation Process? (y. Ta’an. 3:4)” à l’invitation de Rav Eli BRACKMAN.

Dans le cadre de la rédaction de sa thèse en Talmud sur la question du jeûne, le frère Olivier, chargé de cours en littérature rabbinique à l’ÉBAF, a effectué un séjour d’étude à Oxford l’an dernier.

C’est lors de cette année qu’il conçut l’idée de son livre Jérusalem Un cœur de paix, préfacé par le cardinal Timothy RADCLIFFE, o.p.

 

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CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : UNE MISSIONNAIRE D’ÉQUATEUR

Peux-tu te présenter ?

Je fais un doctorat sur la destruction de Jérusalem dans l’Évangile selon Saint Luc, en Autriche à l’université de Graz. Je suis missionnaire identes, communauté espagnole. Je suis à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem grâce à la bourse Gamberoni pour un semestre.

Pourquoi as-tu choisi l’ÉBAF ?

L’École est connue dans les lieux où j’ai fait mes précédentes études, dont l’Institut Biblique Pontifical à Rome. Nous avons beaucoup étudié les textes, mais ce qu’il me manquait complètement était toucher cette réalité qu’on ne connaissait qu’à travers les mots. S’ils sont certes une partie très importante, je vois aussi que chaque jour passé à Jérusalem enrichit ma perspective des textes bibliques. L’ÉBAF elle-même est un site archéologique qui nous rapproche de la réalité que nous étudions, qui permet de rendre l’abstrait concret. Mon but est d’approfondir mes sujets et de rencontrer des chercheurs du monde entier. Nous partageons beaucoup, non seulement en cours, mais aussi dans la vie de tous les jours. Cela change de mes études passées où j’étais assez seule.

Quel est ton projet académique ?

Je viens enrichir, au côté de spécialistes, mes connaissances topographiques et historiques en me confrontant aux réalités du terrain de Terre sainte. Cela me donne beaucoup de force pour avancer dans mon doctorat.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Marie-Thérèse et les étudiants en cours de topographie.

 

Selon toi, quelles sont les forces de l’ÉBAF ?

Sa localisation, avant tout ! On me répétait souvent « tu ne peux pas dire que tu étudies la bible si tu n’es jamais allée à Jérusalem ! » La diversité des cours, étudiants et chercheurs. Dans une faculté classique on va avoir un seul professeur d’ancien testament, un autre en nouveau testament et ça s’arrête là. Or, ici les perspectives sont vite décuplées. Habiter et étudier au même endroit permet de nombreux échanges. L’ÉBAF en elle-même est un lieu harmonieux qui offre un cadre d’étude idéal.

Comment articules-tu la raison et la foi ? 

Je crois que la foi ouvre la raison, parce que la raison est un instrument que j’utilise pour mes recherches. Je dois raisonner sur ce que j’ai vu, le rendre compréhensible. La foi est mon point de départ et d’arrivée, afin de voir plus clairement où Dieu se trouve.

Que signifie Terre sainte pour toi ?

La terre élue et ses lieux saints signifient pour des milliards d’individus une patrie.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum.
Les chercheurs pendant le voyage d’étude au Néguev.

 

Ton séjour à Jérusalem influence-t-il ta vision de la Terre sainte ?

Oui certainement ! On s’imagine tant de choses avant de venir. Une fois sur place, on se rend compte de la complexité mais aussi de la richesse de cette réalité. Nous biblistes sommes focalisés sur les époques néotestamentaires de Jérusalem, ainsi on dépasse rarement la période romaine. Ici, on expérimente une présence religieuse importante et diversifiée. Saint Étienne est le premier martyr de l’Église, vivre ici nous le rappelle chaque jour. Pour ce qui est de l’archéologie, ici comme ailleurs à Jérusalem, nous sommes sur les pas de tant de personnes avant nous. Des siècles d’histoire nous observent.

Que dirais-tu à quelqu’un désireux de venir étudier à l’ÉBAF ?

Il faut absolument venir ! Il est possible de candidater à la bourse Gamberoni -qui couvre toutes les dépenses- si on est enregistré dans une université allemande. C’est une occasion unique, incroyable de vivre à Jérusalem. Cela en vaut la peine, particulièrement pour les études bibliques mais aussi la théologie. Enfin, évoluer ici en tant que chrétien donne une vision plus profonde de notre foi : le christianisme s’est développé d’une façon tellement différente qu’en Occident, c’est une véritable prise de conscience pour moi. Cela m’aide aussi à construire davantage mon identité catholique. À Jérusalem, je suis venu avec l’espoir de retrouver le Christ d’une façon nouvelle et bien vivante.

Quel message adresserais-tu aux donateurs de l’ÉBAF ?

Avant tout, merci beaucoup à tous ceux qui le font déjà ! Vous soutenez une école unique dans la chrétienté et unique dans l’Église. La théologie et l’exégèse sont dans une période tendue, nous avons perdu de la beauté dans l’étude et la recherche de la foi. Or, ici, cet amour pour les Écritures est une occasion de propager les découvertes en matière biblique et archéologique pour instruire de nouvelles générations de chrétiens et de chercheurs. Cela peut changer la vie.

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CETTE ANNÉE À L’ÉBAF : LE FRÈRE DE PRAGUE

Premier volet d’une longue série cet été, (re)découvrez les profils des chercheurs venus étudier à l’ÉBAF en 2024-2025 : apprenez-en plus sur leurs parcours, leurs motivations et leurs recherches.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Hyacint ULLMAN, je viens de la République tchèque, je suis rentré chez les dominicains en 2008 avant d’être ordonné prêtre en 2016. J’ai fait mon noviciat à Olmutz, la suite de ma formation à Bordeaux et de 2009 à 2015 j’étais à la province de Toulouse. Je suis revenu au pays où j’ai fait aumônier au lycée archiépiscopal pendant huit ans, au bout desquels j’ai effectué un premier séjour à l’ÉBAF.

Pourquoi l’ÉBAF ?

Grâce à mes études en France j’ai eu une expérience de la culture et de la langue française. C’est exceptionnel d’être ici, de pouvoir visiter tous les lieux, les cours d’archéologie et de topographie, également la bibliothèque et le savoir partagé par les professeurs, c’est super. Mon provincial était d’accord pour que je puisse venir à à l’ÉBAF.

Quel est ton projet académique ?

Je vise un approfondissement de la parole de Dieu, des études plus poussées, je suis là pendant deux ans pour obtenir le diplôme de l’école, préparer le baccalauréat puis la licence en science biblique à Rome à la commission biblique pontificale. C’est une institution qui publie des textes sur la bible dont les auteurs sont nommés par le Pape. Nous sommes plusieurs à l’ÉBAF à préparer cet examen. 

Qu’as-tu découvert en venant à l’ÉBAF ?

La première fois était il y a cinq ans, j’étais alors venu avec un petit groupe d’amis qui fréquentait la messe de la basilique Saint Étienne. Ce qui m’a surpris est que tout est neuf ! Il y a eu de grands travaux de rénovation. Je suis très content d’être dans cette communauté fraternelle, qui se réunit plusieurs fois par jours pour prier ensemble. Ce qui est très bien est de pouvoir travailler avec ceux qui vivent à l’ÉBAF, non seulement les frères mais aussi les étudiants avec qui il y a une super ambiance.
Avant d’arriver je ne connaissais personne et je ne savais pas comment les choses iraient, alors je me réjouis de cette découverte. J’aime beaucoup les sorties topographiques, c’est inédit pour moi.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Fr. Hyacint explique le site de Mamshit, dans le Néguev.

 

Quelles sont les forces de l’ÉBAF selon toi ?

Assurément sa bibliothèque et son emplacement. Je passe beaucoup de temps à ma table d’étude, bien que chaque jour je veille à marcher une heure, je vais en ville visiter les lieux saints par exemple. C’est important de sortir suffisamment. Je prépare un travail pour la fin d’année académique à la bibliothèque. Je me suis lancé sur l’étude du Psaume 91, qui commence par « Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter ton nom, Dieu Très-haut » qui exprime la confiance en Dieu. À la bibliothèque j’étudie des amulettes qui auraient été utilisées pour combattre des démons par des juifs et ensuite des chrétiens. Je cherche à savoir si elles ont vraiment existé et quel était leur but.

Tu étudies sur un site archéologique et un lieu saint, que cela te fait-il ?

D’une certaine manière je suis habitué à vivre près de lieux saints. En effet nous sommes tout proches des débuts du christianisme, mais aussi du père LAGRANGE en cause de béatification. Nous cherchons la vérité par la bible et l’amour de Dieu. Cette communion vivante avec ceux qui habitent et ont habité le couvent dépasse tout ce qu’on peut voir avec les yeux : il y a aussi les yeux de la foi. Ici, à l’endroit du martyr de St Étienne,  nous avons célébré trois fois la Toussaint dans la même semaine.

Comment concilies-tu la raison et la foi ?

On fait confiance en Dieu et tout ce qu’il nous a révélé en Jésus. La prière, l’oraison et le chapelet chaque jour nourrissent l’esprit, encore plus à Jérusalem en visitant les lieux saints. Cela m’amène à vouloir en savoir plus sur Dieu et mieux le connaître. Les études et la connaissance intellectuelle alimentent l’amour que je porte à Dieu ; c’est tout l’objet de la Bible. On apprend aussi les langues anciennes. On est toujours contents avec une parole vivante de Dieu, qui nous transforme.
Je ne distingue pas raison et foi, au contraire, je les associe. Ce sont les deux jambes d’un seul corps, il n’y a pas l’un sans l’autre.


Que signifie Terre sainte pour toi ?

J’ai l’impression qu’il y a plusieurs niveaux de Terre sainte. Pour commencer j’ai envie de dire que la Terre entière est sainte par la venue de Jésus : tout homme, tout pays est touché par la grâce de Dieu qui est source d’existence. Je l’ai expérimenté dans ma vie dominicaine en ayant changé de couvent, en revenant dans ma petite ville en Tchéquie… Dieu est omniprésent. C’est une région marquée par la politique, les trois religions abrahamiques, chacune avec ses sous-divisions. Passer la ligne de tramway revient à changer de monde, les quartiers n’ont rien à voir les uns avec les autres. Jérusalem est une multiplicité de mondes. On pourrait aussi parler de Tel Aviv ou encore Jéricho qui sont complètement différents : de la Méditerranée au Jourdain ce n’est pas la même chose. Plus simplement, j’ai envie de découvrir la Terre sainte parce qu’il y a cinq ans je n’ai pas eu le temps de tout faire. Chaque visite est l’occasion de porter un regard nouveau.

 

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Le frère Hyacint prêche à la chapelle du Mont Nébo, en Jordanie.


Ton séjour à Jérusalem change-t-il ta vision de la Terre sainte ? 

Il y a cinq ans, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais une image des montagnes de Judée, de la dépression jordanienne, cependant en lisant la bible on se fait déjà une petite idée des lieux.


Que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait étudier à l’ÉBAF ?

C’est une très bonne idée, il ne faut pas avoir peur de l’inconnu, de la distance, de la situation – cela vaut la peine de venir. Il faut en faire l’expérience.

Quel message donnerais-tu à nos bienfaiteurs ?

Merci beaucoup ! C’est unique ce que l’École fait. L’école maintient son programme avec ses chercheurs, boursiers, prêtres… peu importe les raisons de leur venue. C’est une communauté unique où l’on confronte le texte biblique et son contexte, cela vaut le coup de soutenir les efforts de l’ÉBAF qui est comme une bulle en ces temps de guerre.

 

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CONFÉRENCE DE RENÉ ELTER SUR GAZA LE 14 JUIN 2025 À PARIS

Ce samedi 14 juin 2025 à Paris, venez assister à la conférence de René ELTER, archéologue-chercheur associé à l’ÉBAF et l’IFPO, à 15h00 au 222 Rue du faubourg Saint Honoré.

Cette conférence « Comment préserver et sauver le patrimoine culturel de Gaza : l’initiative Intiqal » tenue au Couvent des dominicains de Paris et en présence du directeur de l’ÉBAF le frère Olivier POQUILLON ,o.p., sera suivie de l’Assemblée Générale de l’association des Amis de l’ÉBAF en France.

Jusqu’au 2 novembre 2025, à l’Institut du Monde Arabe, il est toujours possible de découvrir l’exposition archéologique : Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d’histoire.

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FIN DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE 2024-2025

Le 31 mai à minuit, l’année académique 2024-2025 va s’achever. Rétrospective d’une année au cours de laquelle l’École biblique et archéologique française de Jérusalem aura connu une activité intense.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Cours de topographie, de la théorie à la pratique sur le terrain.

 

Malgré les épisodes violents survenus dans la région, les trois voyages d’étude, en Jordanie, au Néguev et en Galilée ont été de vrai succès. Particulièrement engagés dans leur projet académique, les étudiants venus des quatre coins du monde ont fait preuve d’un sérieux, d’une compétence et d’une rigueur remarquables. À l’équipe des étudiants résidants à l’année s’est ajouté au second semestre un nombre significatif de chercheurs indépendants, de bénéficiaires d’une allocation d’étude ou encore de professeurs invités : une ambiance de recherche très stimulante dans un environnement fraternel et bienveillant.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Conférences du jeudi, disponibles sur notre chaîne YouTube.

 

Marque de fabrique de l’ÉBAF, la diversité des origines, parcours et profils a contribué à l’enrichissement des échanges et des enseignements. Cerise sur le gateau, ce ne sont pas moins de trois soutenances de thèse qui ont rythmé cette année faste : belle récompense pour les doctorants comme pour l’institution. Si on y ajoute les publications des frères, nul doute que cette année, nonobstant toutes les épreuves causées par les conflits en cours, cette année académique aura vraiment porté du fruit.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Visite de la bibliothèque pour les Chevaliers du Saint Sépulcre.

 

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Être chercheur en résidence à l’EBAF, c’est bénéficier d’un accès 24/7 à la bibliothèque, vivre sur site avec des professeurs et des chercheurs de haut niveau.

La rentrée académique aura lieu le mercredi 1er octobre 2025.
D’ici-là, l’ÉBAF vous souhaite un bon été.

Si vous avez besoin de joindre l’administration pendant les vacances académiques, adressez-vous à secretariat.ebaf@gmail.com 

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NOUVELLE THÈSE SUR QUMRÂN À L’ÉCOLE BIBLIQUE

Le lundi 26 mai 2025, pour la quatrième soutenance de l’année, l’abbé Jang-Hyuk (Silvano) YIM a défendu avec succès sa thèse : “The Identity of Melchizedek in 11 Q Melchizedek”

Devant la communauté académique de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, ainsi que des participants venus d’autres institutions, l’abbé du diocèse de Daejon en Corée su Sud a présenté avec brio le fruit de ses années de recherche à l’ÉBAF et dialogué avec les membres du jury.

Le jury, présidé par le directeur de l’ÉBAF, le frère Olivier POQUILLON, o.p., était composé du frère Anthony GIAMBRONE, o.p., de l’abbé Émile PUECH, du frère Matteo MURANI, ofm, professeur au Studium Biblicum Franciscanum et enfin du père Nicolò RIZZOLO, r.c.i, directeur de thèse.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Questions du jury.

« La question centrale de cette étude porte sur l’identité de Melchisédek dans le manuscrit 11Q13 : qui est-il et pourquoi est-il choisi comme sauveur dans ce rouleau ? Son identité doit être comprise dans le contexte historique de la Communauté, car ce texte relève du genre littéraire du pesher. Pour l’identifier, une analyse synchronique inspirée de la narratologie a été utilisée, se concentrant sur les personnages et le cadre temporel. Toutefois, cela ne suffit pas : en tant que pesher, l’interprétation doit aussi s’appuyer sur les traditions herméneutiques attestées dans d’autres pesharim et écrits primitifs de Qumrân. Melchisédek apparaît comme un prêtre eschatologique proclamant la délivrance au début du dixième jubilé et accomplissant l’expiation à sa fin, libérant les membres de la Communauté des forces de Belial avec l’aide d’anges. Il est identifié à d’autres figures célestes positives (Prince de Lumière, Michel, Ange de la Vérité), mais son emploi spécifique s’explique par la symbolique du Jour des Expiations, marqué par une tentative d’assassinat contre le Maître de Justice (1QpHab XI), traumatisme fondateur pour la Communauté. Melchisédek, qualifié de “roi de justice” vient ainsi incarner la revanche eschatologique de ce Maître, en détruisant Belial lors d’un nouveau Jour des Expiations. » a expliqué le doctorant.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Le jury et le nouveau docteur en Saintes Écritures.

P. Silvano s’inscrit dans la continuité des thèses menées et soutenues à l’ÉBAF par P. Cristobal, L.C. et Fr. Dominic, o.p., aussi récompensées d’une Insigne cum laude. C’était aussi l’occasion pour les participants de rencontrer et d’échanger avec plusieurs membres de la communauté coréenne en Terre sainte, spécialement venue pour soutenir Silvano.

Photo : ÉBAF, Ordo Prædicatorum. Des membres de la communauté coréenne venue soutenir Silvano.

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