Chez nos amis : colloques et propositions

Colloques et propositions relayés par La Bible en ses Traditions (pour accéder au site, cliquer ici) :

* Les 14 et 15 juin, à Lille : “When Gods Speak to Men”

Programme et bulletin d’inscription, cliquer ici.


* Le 22 juin, à Paris au Centre Sèvres : “Les apparitions du Christ Ressuscité dans l’exégèse patristique — Débats théologiques et enjeux pastoraux”

Le programme :  cliquer ici.

35 bis rue de Sèvres, 75006 Paris – de 9h à 18h aura lieu un colloque organisé par le Laboratoire d’études sur les monothéismes et le Centre Sèvres.


* Du 19 au 21 juin, à Strasbourg : colloque “Salomon dans la culture éthiopienne”

(cf. image ci-contre)


* Du 4 au 7 septembre, à Paris : colloque “Grégoire de Nysse”

14ème Colloque international « Grégoire de Nysse » : Les Homélies sur le Notre Père et Leur réception byzantine —  au Collège des Bernardins (Paris 5e)

Réunissant des spécialistes mondiaux des textes grecs, des historiens de l’Antiquité tardive et des théologiens, mais aussi des spécialistes de philosophie antique autour de cet auteur cappadocien, Grégoire de Nysse (335-394), éminente figure du monde hellénophone de l’Antiquité tardive.

Programme sur le site de La Bible en ses traditions, cliquer ici.


L’an prochain à Jérusalem : contrats post-doctoraux proposés par le Center for the Study of Christianity at the Hebrew University of Jerusalem

Programme sur le site de La Bible en ses traditions, cliquer ici.



Invitation colloque – Hommage au cardinal Tisserant

Ci-dessous, veuillez trouver l’invitation au colloque organisé à Paris, le 21 octobre prochain,

Hommage au cardinal Tisserant, un des plus illustres anciens élèves de l’École.
Colloque au cours duquel interviendra le fr. Olivier-Thomas Venard, op.

(Légende de la photographie : le futur cardinal en 1912, étudiant de l’École, devant les ruines de Qasr Al Mushatta,
au cours d’une expédition organisée par les fr. Jaussen et Savignac)
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Samedi 21 Octobre 2017

Église Sainte Élisabeth de Hongrie, Paris

Hommage au cardinal Eugène Tisserant,
Doyen du Sacré Collège
Secrétaire de la Congrégation pour les Églises Orientales

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16h00     Colloque

Le Cardinal Tisserant

Au service des Églises Orientales

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Comité d’honneur présidé par S.Ém. le Cardinal Jean-Louis Tauran

*Accueil : S.E. Jean-Pierre Mazery, Président de la Fondation Française de l’Ordre de Malte, ancien Grand Chancelier de l’Ordre Souverain de Malte

Introduction : Mgr Éric de Moulins Beaufort, Évêque Auxiliaire de Paris, Chapelain de l’Ordre de Malte

1)  Présentation des Églises Orientales R.P. Jean-Marie Mérigoux o.p. (Spécialiste des Églises Orientales)

2)  École biblique de Jérusalem et langues orientales par le R.P. Olivier Venard o.p. (École biblique de Jérusalem)

3)  L’œuvre du Cardinal Tisserant pour les Églises Orientales par M. Gianpaolo Rigotti (Archiviste de la Congrégation pour les Églises Orientales)

4)  Le Cardinal Tisserant par Mme Paule Hennequin, petite nièce et secrétaire du Cardinal5)  La vie spirituelle du Cardinal Tisserant par S.E. Fra’ Emmanuel Rousseau (Profès de l’Ordre de Malte, membre du Souverain Conseil de l’Ordre)

Conclusion : S.Ém. le Cardinal George Alencherry, Archevêque Majeur de l’Église Syro-Malabar

***

Modérateur : Abbé Xavier Snoëk, Chapelain de l’Ordre de Malte

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19h00   Messe en rite latin

présidée par S.Ém. le Cardinal George Alencherry

* Membres du Comité d’Honneur : S.Ém. le Cardinal Jean-Louis Tauran, Président – Cte Charles-Henri d’Aragon – R.P. Jean-Ariel Bauza-Salinas o.p.– Mgr Claude Bressolette – Mgr Philippe Brizard – M. Marc Fromager – Abbé Yves Genouville – Mgr Maurice de Germiny – Mgr Pascal Golnisch – Grand Rabbin Haïm Korsia– Mgr Alain Planet –Mgr Guy Thomazeau – P. Gilles Reithinger.



THE ÉCOLE BIBLIQUE HONOURED AT THE ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

On March 6th, a delegation from the École Biblique of Jerusalem was received at the Institut de France by the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (AIBL) as part of the celebration of the centenary of the École’s recognition as an École archéologique française. The theme of the day was “The Taste of the Orient” (originaly, in French : « Le goût de l’Orient »). The morning colloquium gave way to the Academy’s weekly session in the afternoon.

The day was introduced by Michel Zink, Permanent Secretary of the AIBL, Fr. Jean Jacques Pérennès OP, Director of EBAF, and Mrs. Odile Flichy, Vice-President of the Association of Friends of EBAF.

Mr. Dominique Trimbur, a researcher associated with the CRFJ, then presented the historical context of the creation and institutional recognition of the École biblique of Jerusalem as an École archéologique française in 1920, at the beginning of the British Mandate on Palestine.

A round-table discussion, moderated by Ms. Estelle Villeneuve, archaeologist from the Université de Nanterre, then brought together six former students of the EBAF, scholarship holders of the Academy: Ms. Claire Balandier, archaeologist, Mr. Philippe Abrahami, assyriologist, Mr. Guillaume Bady, patrologist, Mr. Kevin Tréhuedic, historian, Mr Matthieu Richelle, epigraphist, and Ms. Mathilde Boudier, doctoral student in medieval history. Each in turn presented the intellectual, human, and spiritual benefits that he or she derived from their time at the EBAF. The speakers particularly underscored both the richness of these years spent in contact with the land of the Bible and the Dominicans of Jerusalem and the intellectual and human mark that this left and which still bears them today.

Mr. Michael Langlois, a researcher associated with the CRFJ and an auxiliary of the Académie, closed this morning with a talk that underlined the link between Orientalism and biblical studies since the foundation of the École Biblique.

In the afternoon, Fr. Jean-Baptiste Humbert OP, archaeologist, professor emeritus at the EBAF and associate member of the AIBL, presented “some reflections on a century of collaboration”, before giving way to Fr. Jean Jacques Pérennès OP, whose talk was entitled, “The Biblical School in 2020: from the intuitions of Lagrange to the challenges of today” (originaly, in French : « L’École biblique en 2020 : des intuitions de Lagrange aux défis d’aujourd’hui »). Times have changed since its founding, but the EBAF remains convinced, like Lagrange, of the importance of studying the Bible in the land of the Bible. But it does so today in partnership with many universities and research centres throughout the world—and it is enriched by this collaboration. This is bearing fruit despite the vagaries of history, which, as in Lagrange’s time, sometimes fluctuate greatly.

The day ended with a presentation of Mélanges d’assyriologie to Fr. Marcel Sigrist OP, in homage to his scientific work and as a sign of gratitude for his selfless dedication to the service of the School for four decades.

Throughout the day, esteem and cordiality were palpable between the Dominicans of Jerusalem and the scholars who make up the Academy, as well as its former scholarship holders — a centenary celebration that had a taste of the future.

To read La Croix‘s article, click here.

To view the interview with Fr. Jean Jacques Pérennès OP in the KTO TV programme “À la source”, click here.

Introduction du colloque par M. Michel Zink

Vue d’ensemble lors du colloque, dans la mâtinée

Mot du Fr. Jean Jacques Pérennès o.p.

Intervention de M. Dominique Trimbur

Mme Estelle Villeneuve, elle-même ancienne boursière, préside la table-ronde

Intervention de Mme Claire Balandier

Intervention de M. Philippe Abrahami

Présence de l’un de nos éditeurs, M. Paul Peeters

M. Anwar Abu Eisheh, ancien ministre de la culture palestinien, nous a fait l’amitié d’assister au colloque

Intervention de M. Guillaume Bady

Intervention de M. Kevin Tréhuedic

Intervention de M. Matthieu Richelle

Intervention de Mme Mathilde Boudier

Intervention de M. Michael Langlois

Présence du Fr. Bruno Cadoré o.p. (à gauche), ancien Maitre de l’Ordre des dominicains (2010-2019), et du Fr. Joseph Almeida o.p. (à droite), directeur de la bibliothèque du Saulchoir

Une “photo de classe” de la journée avec quelques intervenants et présents

Ouverture de la séance de l’Académie en présence de M. René Troccaz (à droite), consul de France à Jérusalem

Intervention du Fr. Jean-Baptiste Humbert o.p.

Vue d’ensemble de la séance de l’après-midi

Une salle comble

Une salle comble

Intervention du Fr. Jean Jacques Pérennès o.p.

Remise officielle de Mélanges d’assyriologie au Fr. Marcel Sigrist o.p.

Discours de remerciements du Fr. Marcel Sigrist o.p.



Le pèlerinage au Proche-Orient : formes, impact et évolution d’une pratique religieuse, de l’Antiquité tardive à nos jours

L’ifpo (institut français du Proche-Orient) a organisé un colloque sur le thème du pélerinage au Proche-Orient à l’École biblique, le 13 juin dernier.

“Cette journée d’études avait pour vocation de rassembler différents spécialistes, toutes époques confondues depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, autour de la question du pèlerinage chrétien et musulman. Les mutations de ce phénomène ont été abordées sous divers angles de vues (archéologique, historique, topographique, anthropologique, etc.) afin de mieux comprendre son évolution et celui du statut des lieux saints dans des contextes sociaux, géopolitiques et économiques variés. Il s’agissait en outre de mieux saisir dans le temps le rapport des populations au sacré et d’étudier le degré d’influence du pèlerinage sur l’organisation spatiale des territoires concernés.” nous dit Bertrand Riba (Chercheur MEAE, Ifpo), l’organisateur de ce colloque.

Intervenants :

Estelle Cronnier (Univ. Lille 3)
Approcher, voir, toucher les reliques pendant l’Antiquité tardive : le témoignage des pèlerins au Proche-Orient

Frédéric Alpi (IFPO/UMIFRE 6 MEAÉ/CNRS)
Sites de pèlerinages chrétiens et pratiques de dévotion en Phénicie maritime à l’époque proto- byzantine

Vincent Michel (Univ. Poitiers/HeRMA)
Emmaüs et les tribulations d’une histoire biblique (St-Luc 24, 13-35). Vers une nouvelle compréhension historique, archéologique et textuelle d’un lieu saint !

Simon Dorso (Univ. Lyon 2/CIHAM)
Les pèlerinages chrétiens sur le territoire du second royaume latin de Jérusalem (XIIIe siècle) : mobilité contrainte, nouvelles traditions et conséquences matérielles

Jean-Michel de Tarragon (ÉBAF)
Le pèlerinage musulman et chrétien illustré par les photographies anciennes

Marc Dugas (EPHE)
Le Jourdain comme cadre rituel. Le lieu associé au baptême de Jésus et la liturgie

Sylvia Chiffoleau (CNRS/LARHRA)
Des identités pérégrines : assignation et usage des « nationalités » lors du pèlerinage à La Mecque (1850-1950)

Elsa Grugeon (EHESS-IIAC)
Baliser la route de Jérusalem : un pèlerinage sous conditions

Norig Neveu (CNRS/AMU/IREMAM)
Mausolées et pèlerinages : miroirs de hiérarchies sociales en tension dans le sud de la Transjordanie, 1890-1940

Conclusion : Dominique Pieri (IFPO)

Estelle Cronnier et Bertrand Riba


Bibliographie

Bibliographie

Ouvrages du P. Lagrange

-M.-J. Lagrange, La méthode historique. La critique biblique et l’Eglise, Introduction par R. de Vaux, O.P. , Paris, Lecoffre, 1903, réédition Gabalda 1907 et Cerf, Paris 1966

-M.-J. Lagrange, L’Evangile de Jésus Christ, avec la synopse évangélique traduite par le P. Ceslas Lavergne O.P., Préface de Jean-Michel Poffet, O.P., Présentation de Manuel Rivero, O.P., nouv. édition, Artège, Paris 2017

Le Père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels, Préface de P. Benoit, O.P., Cerf, Paris 1967

-M.-J. Lagrange, L’Écriture en Église. Choix de portraits et d’exégèse spirituelle (1890-1937), Présentation par M. Gilbert, sj, Cerf, Paris 1990

-M.-J. Lagrange, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de fr. Manuel Rivero, O.P. Cerf, Paris 2014

Synopse des quatre Évangiles en Français d’après la synopse grecque du R. P. C. Lavergne, o.p. (1926)

-Commentaires : Évangile selon saint Marc (1911), Évangile selon saint Luc (1921), Évangile selon saint Matthieu (1923), Évangile selon saint Jean (1925), Saint Paul. Épître aux Galates (1926), Saint Paul. Épître aux Romains (1931)

Ouvrages sur le P. Lagrange

-Bernard MONTAGNES, O.P., Le Père Lagrange (1855-1938). L’exégèse catholique dans la crise moderniste, Cerf, Paris 1995

-Bernard MONTAGNES, O.P., Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, Paris 2004

La Bible: Le livre et l’histoire. Actes des Colloques de l’Ecole biblique de Jérusalem et de l’Institut catholique de Toulouse (nov. 2005) pour le 150e anniversaire de la naissance du P. M.-J. Lagrange, O.P., sous la direction de J.-M. Poffet, O.P., directeur de l’Ecole biblique de Jérusalem, Cahiers de la Revue Biblique, 65, Gabalda, Paris 2006

-B. Montagnes, J. Guitton, Exégèse et obéissance. Correspondance Cormier – Lagrange (1904-1916) (1989)

-F. M. Braun, L’oeuvre du père Lagrange : Étude et bibliographie, Préface de S. E. le cardinal Tisserant – Président de la Commission biblique pontificale, Éditions de l’Imprimerie St-Paul, Fribourg, Suisse, (1943)

-J. Guitton, Portrait du père Lagrange, celui qui a réconcilié la science et la foi (1992)

-L.-H. Vincent, Le père Marie-Joseph Lagrange ; sa vie et son œuvre (2013)

-Manuel Rivero o.p., Prier 15 jours avec le père Lagrange fondateur de l’École biblique de Jérusalem, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, 2008

-Manuel Rivero, o.p., Le Père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire, Paris, Éd. du Cerf, 2012



Hommage au fr. Jean Luc Vesco, o.p.

Le fr. Jean Luc Vesco, o.p. directeur de l’École biblique de 1984 à 1990, est décédé le 9 mai 2018. Ses funérailles auront lieu le mercredi 16 mai à 10h00 au Couvent de l’Annonciation, 222 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 7e.

“Hommage de l’École biblique et du couvent Saint-Étienne de Jérusalem au fr. Jean Luc Vesco, o.p.

Parmi les nombreux services que le fr. Jean-Luc Vesco a rendu à l’Ordre et à l’Église, nous n’oublions pas les années passées à Jérusalem comme directeur de l’École biblique et archéologique française. Prenant la suite du fr. François Refoulé, il a été élu directeur de l’EBAF en novembre 1984 et a accompli deux mandats, qui furent marqués, en particulier, par la célébration du centenaire de l’École en 1990 pour lequel il se dévoua beaucoup.

Ce fut un évènement mémorable, célébré avec éclat, qui s’étala sur toute l’année 1990 : célébration d’action de grâces à Jérusalem en mai, colloque à l’Université catholique de Lyon en novembre et séance solennelle à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à Paris. Le fr. Jean-Luc sut déployer de nombreux talents pour que cet anniversaire de l’École biblique, 100 ans après sa fondation par le père Lagrange, soit une occasion de bilan et de relance vers l’avenir. Les frères de Jérusalem lui en sont reconnaissants.

Bibliste, ancien élève de l’École biblique, spécialiste de l’Ancien testament, le fr. Jean-Luc Vesco sut poursuivre son travail de chercheur et d’enseignant malgré les diverses responsabilités qu’il a assumées. On signalera, en particulier, plusieurs gros ouvrages sur les psaumes : deux gros volumes en 2006 et en 2012. Membre de la Commission biblique pontificale, il collabora aussi à un ouvrage sur l’interprétation de la Bible dans l’Église.

Les frères dominicains de Jérusalem s’unissent à la prière d’action de grâces de ses proches, de ses amis et de ses frères.”

Fr. Martin Staszak, o.p., prieur du couvent Saint-Étienne

Fr . Jean Jacques Pérennès, o.p., directeur de l’École biblique



Lumière sur le Cantique des Cantiques

Jean Emmanuel de Ena est frère de l’Ordre des Carmes déchaussés. De la Province du sud de la France, il enseigne à Toulouse et travaille pour la Bible en ses Traditions, une des raisons de ses fréquents séjours en Terre Sainte. Sa recherche, comme le cours qu’il donna ce semestre à l’École biblique, portent sur son sujet de doctorat : le Cantique des Cantiques.

Sur quoi portent vos recherches ?
Mon thème de recherche est le Cantique des Cantiques depuis le début de ma thèse de doctorat en 1994 ! Je travaille notamment sur l’herméneutique, en particulier le sens de l’écriture. Le mot « sens » peut vouloir dire « signification » (des mots et expressions) ou « direction » (comment lire ce texte). La question première des pères de l’Église est celle de la direction : quelle est la bonne manière de lire ce texte; nous modernes à l’inverse, sommes d’abord dans la signification, l’explication du texte. Cherchant à faire dialoguer ces deux dimensions du sens, le Cantique des Cantiques est un sujet parfait : texte le plus commenté théologiquement, et texte des plus travaillés d’un point de vue exégétique, avec une diversité d’interprétations extrêmement vaste, allant d’une interprétation purement humaine à une interprétation mystique, spirituelle.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Actuellement, je collabore à la Bible en ses Traditions, sur le Cantique des Cantiques, avec le professeur Auwers de l’Université de Louvain. Je travaille à la traduction, aux propositions de lectures, aux procédés littéraires. Il me revient de faire des propositions de lectures, ce qui s’avère particulièrement délicat, puisque pour certains il est uniquement une poésie profane, et pour d’autres il ne peut être qu’une allégorie où le Bien-aimé est identifié à Dieu.

Et d’après vous, qui sont les personnages du Cantique ? 
La réponse à cette question est extrêmement difficile. Mes dernières recherches m’invitent à lire, non pas une allégorie des relations amoureuses entre Dieu et son peuple, mais plutôt dans un premier temps un poème d’amour envers la terre d’Israël écrit au retour d’exil, à la lumière des chapitres 54-… d’Isaïe ; puis dans un second temps, une reprise de ce premier poème, autour de l’an 200, à l’époque de Ben Sirach le Sage, pour une lecture « salomonienne ». Le Bien-aimé est à la fois le Roi, le fils de David, le Grand-Prêtre et le Messie à venir ; la Bien-aimée est à la fois la terre d’Israël et son peuple, ainsi que Jérusalem.

Cela signifie-t-il qu’il y a eu changement du texte ?
Oui, il y a eu une insertion de poésies nouvelles, en particulier Cantique 3, 6-11 : d’un chant d’amour dans un cadre bucolique, on passe à un épithalame royal, un chant de noces, concernant un roi et une princesse à l’image du Psaume 45. La première rédaction daterait du retour d’Exil, ce qui explique l’ambiance optimiste, idéalisée, de retour à l’Eden. La seconde strate, serait une reprise complétée, amplifiée, autour de l’an 200. Ces datations et l’identification de la femme à la Terre aimée sont des hypothèses de travail, assez originales ! Les réponses sont très diverses et controversées.

Et comment cela s’est-il déroulé ?
Un peu comme une marée montante : une première vague constitue le premier texte, puis arrive une seconde vague, qui amène ses propres éléments nouveaux, recouvre le texte précédent, puis va plus loin en augmentant le texte, et enfin reflue en relisant selon sa propre logique le texte précédent, ici le premier poème. On peut affirmer qu’il y a deux vagues distinctes, voire trois, mais les séparer est difficile, sinon impossible ou vain. Certains passages sans luxe, non royaux, dans lesquels Salomon est absent, sont purement bucoliques. Mais en même temps, tout est retravaillé : le cou de la Bien-aimée, comparé à une tour, est transformé en tour de David. Une réorientation du poème sans réécriture complète pour autant. Sans qu’il y ait incompatibilité, ce n’est plus la même image : elle est retravaillée. Ce ne sont pas des strates géologiques superposées mais des vagues distinctes fondues en une marée montante.

Quel était votre cours à l’École biblique cette année ?
Il portait évidemment sur le Cantique des Cantiques avec un accent sur son sens. Cette vision d’une marée montante est un modèle qui pourrait rendre compte de la croissance du texte biblique dans d’autres livres. Par exemple, le prophète Isaïe : tous s’accordent sur l’existence de plusieurs couches, mais se heurtent à les distinguer. En ce sens-là, ma recherche s’inscrit bien dans le projet Bible en ses Traditions, puisque cela signifie que le texte est un texte vivant et mouvant, même si à un moment donné il a été mis par écrit. Ce n’est donc pas écriture ou tradition : l’écriture elle-même est une tradition qui a progressé. D’où le titre de mon cours : Le Cantique des Cantiques, un sens à géométrie variable, clé des Écritures ? Il pourrait être un modèle explicatif.

J’ai fait travailler les étudiants dans la mesure du possible sur le site en construction de la Bible en ses Traditions, les étudiants ont y eu accès et ont été invités à participer à ce travail collectif, en rédigeant des notes en fonction de leurs centres d’intérêt : pour reprendre concrètement les étudiants que j’ai eu, il y a eu des notes exégétiques sur les liens entre le Cantique des Cantiques et le Nouveau Testament, mais également des notes philosophiques avec Rosenzweig, ou de peinture avec Chagall, ce qui finalement dit un peu ce qu’est la BEST et dit que le cours permet cette diversité.

Jean Emmanuel de Ena

Venez-vous ici régulièrement travailler pour la Bible en ses Traditions ?
Oui, le directeur de l’École de l’époque, Jean-Michel Poffet m’a impliqué dans ce projet dès l’élaboration. Il m’a fait participer au Colloque sur le sens littéral, l’un des colloques préparatoires sur la BEST, et dans lequel j’ai exposé quelques idées sur la question du sens à donner au Cantique des Cantiques. Depuis, je collabore à ce projet dans la mesure de mes nombreuses autres obligations.

Je viens ici pour des raisons assez évidentes : une bibliothèque spécialisée et une disponibilité totale que je n’ai pas lorsque je suis dans ma vie conventuelle courante. À cela s’ajoute l’avantage de pouvoir parler avec le comité éditorial de la BEST afin d’ajuster le travail. Par ailleurs rien ne remplace la géographie, d’autant plus que le Cantique des Cantiques chante une amoureuse géographie biblique : « Ton nez face à Damas. Ta tête se dresse comme le Carmel. » (Ct 7,5-6)

Propos recueillis par Aziliz Le Roux.